HEUZÉ Olivier, Auguste, Julien

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 3 octobre 1881 à Pont-de-Gennes (Sarthe), mort le 18 novembre 1925 à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier typographe ; secrétaire de la fédération socialiste de la Sarthe ; député de la Sarthe (1924-1925).

Petit-fils d’un proscrit de 1851, Olivier Heuzé fut élevé dans un milieu paysan. Après avoir fait de bonnes études primaires, il entra comme apprenti dans une imprimerie du Mans (Sarthe). Il devint typographe et put succéder en 1919 à son beau-père, Armand Pons, comme directeur de l’Imprimerie coopérative ouvrière du Mans.

Olivier Heuzé adhéra au groupe socialiste du Mans en 1898, à l’âge de dix-sept ans. Il en devint quelques années plus tard le secrétaire. Le 2 mars 1902, Le Réveil sarthois annonça la constitution de la Fédération socialiste de Basse-Normandie et Sarthe qui, dès mai 1905, rejoignit officiellement le Parti SFIO. L’année suivante, l’augmentation des effectifs permit à la Sarthe de se séparer des départements voisins. Olivier Heuzé fut désigné comme secrétaire de la nouvelle Fédération qu’il représenta dans les congrès nationaux : en novembre 1906 au congrès de Limoges, en octobre 1908 à Toulouse, en juillet 1910 à Paris, en mars 1913 à Brest. Le jeune typographe se présenta sans succès aux élections municipales de 1908 et 1912, mena campagne pour le docteur Clausse lors des élections législatives de 1910 puis se présenta lui-même à celles de 1914 dans la circonscription de Saint-Calais, où il obtint environ mille quatre cents voix.

Lors de la déclaration de guerre, Olivier Heuzé participa activement à la création d’œuvres d’assistance. Mobilisé en 1915 dans l’armée auxiliaire, puis réformé au bout d’un an en raison de son état de santé, il reprit la propagande socialiste dans son département, puis à Paris au service de l’Humanité. Revenu en 1918, il créa la République sociale de l’Ouest dont le premier numéro parut le 18 mai 1919.

Le secrétaire de la Fédération socialiste jouissait d’une grande autorité dans son département. Un de ses amis le décrivait alors ainsi : « Tempérament énergique sous une apparence frêle, nature généreuse et dévouée, travailleur obstiné et toujours sur la brèche [...] admirable exemple d’autodidacte [...] éloquence ardente mais toujours logique, incisive parfois jusqu’à l’âpreté » (La RSO, 9 novembre 1919). Candidat aux élections législatives du 16 novembre 1919, il groupa sur son nom 12 286 voix. Quinze jours après, il entrait au conseil municipal du Mans.

Olivier Heuzé combattit énergiquement l’adhésion du Parti socialiste à la IIIe Internationale. La République sociale de l’Ouest, diffusée à 2 600 exemplaires en mai 1920 (dont 600 abonnements), refusait d’insérer la plupart des textes émanant de la gauche du parti. Heuzé écrivit lui-même dans le numéro du 5 septembre 1920 : « À la suite de mon dernier article, j’ai reçu quelques réponses. Je me fais et me ferai un devoir et un plaisir d’insérer celles qui sont insérables, courtoises et rentrent dans le cadre d’une polémique entre militants d’un même parti. Je mets les autres au panier. » Il s’associa à la protestation de la Vie socialiste contre le télégramme Cachin-Frossard en août 1920, puis se prononça en faveur de la motion Blum. Les prises de position en faveur de la motion Cachin étaient rejetées dans la rubrique « Tribune libre » et accompagnées de commentaires sarcastiques : « En vous lisant, je croyais relire l’Hervé d’avant la guerre [...] vous commencez comme lui, espérons que vous ne finirez pas de même » (19 décembre 1920). Le congrès fédéral du 22 février 1920 avait donné une confortable majorité à la motion de Heuzé en faveur de la reconstitution de la IIe Internationale : Heuzé 32 mandats, Longuet 15, Loriot 6, abstentions 4. Celui de décembre 1920 marqua un net retournement de tendance. La motion Cachin obtenait 8 mandats, la motion Blum 7 et la motion Longuet 2. Olivier Heuzé remit immédiatement sa démission du secrétariat fédéral et de la direction du journal.

Au lendemain de la scission, il reprit son poste de secrétaire de la Fédération socialiste SFIO (30 janvier 1921) dont l’organe restait La République sociale de l’Ouest. Un congrès fédéral, convoqué le 30 janvier 1921, réunit des militants du Mans, dont le groupe avait voté le maintien à la SFIO à la quasi-unanimité des présents, de Sablé, de Château-du-Loir, de Parigné-l’Évêque. Le nouveau bureau comprenait Olivier Heuzé (secrétaire), Charles Barbier (secrétaire adjoint), Chénel (trésorier), Eug. Carré (trésorier adjoint).

Militant syndical actif, il présenta la thèse majoritaire au congrès de l’Union départementale CGT tenu le 10 juillet 1920 et siégea à la commission administrative de l’Union départementale CGT en 1922 et 1923.

La division entre communistes et socialistes n’affaiblit pas l’audience électorale du Parti SFIO. Candidat au conseil général dans le premier canton du Mans le 14 mai 1922, Olivier Heuzé recueillit 1 998 voix (9 014 inscrits, 4 860 votants) mais ne put empêcher l’élection du représentant du Bloc national (2 700 voix). Pour protester contre la politique de la majorité du conseil municipal du Mans, Heuzé démissionna avec les autres conseillers socialistes provoquant une crise municipale. Les électeurs donnèrent raison à Heuzé en élisant sa liste le 29 mars 1924. Il devint maire du Mans et fut réélu le 3 mai 1925.

Entre temps, Olivier Heuzé était entré à la Chambre des députés en compagnie de ses six colistiers du Cartel des gauches. Le 11 mai 1924, il avait recueilli 50 679 voix soit 45,5 % des suffrages des 111 275 électeurs inscrits. Bouteloup lui succéda au secrétariat fédéral le 25 mai 1924. Lors de son court séjour au Palais Bourbon, Heuzé assura la vice-présidence de la commission d’administration générale et intervint à plusieurs reprises contre la hausse du prix du pain.

Olivier Heuzé mourut subitement le 18 novembre 1925 à l’âge de quarante-quatre ans. La population du Mans lui fit d’imposantes funérailles. En avril 1935 fut inauguré dans cette ville un monument Olivier Heuzé. À cette occasion, La République sociale de l’Ouest évoqua le « masque de tribun auréolé de foi sur son corps petit, mais mobile et nerveux, ce masque aux traits fortement accusés qu’on n’oublie pas et sous lequel était gravée la volonté de vaincre ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87638, notice HEUZÉ Olivier, Auguste, Julien par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 22 avril 2010, dernière modification le 25 octobre 2022.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

ŒUVRE : Olivier Heuzé a dirigé La République sociale de l’Ouest, a collaboré au Réveil social de la Sarthe dont il fut le directeur et rédigé une brochure intitulée La doctrine et l’action socialiste.

SOURCES : Arch. Ass. Nat. dossier biographique. — La République sociale de l’Ouest, 1919-1935. — Le Peuple, 1922-1923. — Jean Jolly, dictionnaire des parlementaires, t. VI. — Notes de R. Collet. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 550 à 554, passim). — Comptes rendus des congrès socialistes. — Renseignements fournis par M. Collet, professeur honoraire au Mans.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, II, op. cit., p. 546.

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