HEUZÉ Maurice

Par René Gaudy

Né le 25 mai 1902 à Paris (Ier arr.) ; syndicaliste CGT de l’Électricité, militant communiste ; conseiller municipal d’Arnay-sous-Vitteaux (Côte-d’Or).

Son père, chef électricien au Moulin rouge, à l’Olympia, puis au Nouveau Cirque, ne fut pas mobilisé lors de la guerre de 1914, car il souffrait d’une fracture au bras gauche à la suite d’un accident du travail. De nombreux théâtres ayant fermé, il vint habiter Rueil-Malmaison où il effectua des installations électriques, avec l’aide de son fils Maurice, jusqu’à sa mort début 1923. Celui-ci continua alors le métier dans d’autres entreprises. En août 1923, il épousa la fille d’un artisan maçon de Nanterre, une dentellière qui interrompit son travail pour élever leurs quatre filles. Maurice Heuzé avait passé son Certificat d’études primaires à douze ans et suivi deux ans un cours complémentaire où il avait acquis des connaissances de géométrie, dessin, anglais et travail sur fer. En février 1925, il entra à la Lyonnaise des Eaux et de l’Éclairage (Rueil-Nanterre) comme électricien, au service électrique, pour le montage de postes haute et basse tension, de câbles souterrains, etc. Par la suite, il passa au laboratoire, dans le même service, pour le réglage, la réparation et l’installation de divers appareils électriques.

Après les événements de février 1934, il fut parmi ceux qui formèrent une section syndicale CGTU dans l’entreprise. Lors de la réunification, il devint secrétaire du syndicat qui groupait la grande masse du personnel ; il devint également secrétaire de l’intersyndicale de la Lyonnaise des Eaux, société qui rayonnait sur l’ensemble de la France. Avec l’appui de la Fédération CGT de l’Éclairage, le personnel obtint en 1936, après vingt et un jours de grève, de fortes augmentations de salaires et un statut favorable. Début 1938, Maurice Heuzé, fut élu par le personnel du service électrique délégué CGT à l’assemblée générale de la nouvelle société de secours mutuels de l’exploitation de Rueil-Nanterre. Le syndicat comptait alors 800 adhérents environ et était l’un des treize plus gros de la Fédération de l’Éclairage. En décembre 1939, il fut dissous par le gouvernement, comme plusieurs autres syndicats d’électriciens et gaziers de la région parisienne, ses dirigeants n’ayant pas condamné le Pacte germano-soviétique. Maurice Heuzé était alors mobilisé dans les chars d’assaut, 503e régiment ; après l’armistice, il reprit son travail à la Lyonnaise dans le même poste. Dans cette entreprise, il lutta clandestinement : distribution de tracts, notamment lors des fusillades du Mont-Valérien, actions contre le STO, solidarité, etc. Il intervint à la conférence nationale de la Fédération « légale » de l’Éclairage, réunie les 18 et 19 décembre 1943 rue Lafayette ; au nom de son syndicat clandestin, il déclara : « Nous sommes tombés sur un directeur intelligent qui, dès le début de nos contacts, a “admis de discuter avec des rouges » — ce sont ses propres paroles. » En ce qui concerne la Charte du Travail, il se prononça pour que la Fédération démissionne en bloc de tous les organismes : « c’est la seule solution pour empêcher la formation de cet édifice branlant » (PV. de séance du 18 décembre après-midi).

À la Libération, il resta secrétaire du syndicat et, début 1947, devint secrétaire permanent du syndicat EDF-GDF de la région parisienne, poste qu’il occupa jusqu’à sa maladie en 1954. Il fut membre de la commission exécutive (1944-1946), du bureau (1946-1948) et du secrétariat (1948-1956) de la Fédération CGT de l’Éclairage. À la direction fédérale, il fut gérant du journal Force (1946-1953) et archiviste (1953-1956).

Au sein d’EDF-GDF, il siégea dans de nombreuses commissions du personnel.

En 1957, mis à la retraite, il vint habiter avec sa femme à la campagne en Côte-d’Or. Durant dix-huit ans, il fut conseiller municipal communiste d’Arnay-sous-Vitteaux (il avait adhéré au Parti communiste en 1947). Début 1984, il vivait avec sa femme dans une maison de retraite à Vitteaux, toujours syndiqué CGT et communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87661, notice HEUZÉ Maurice par René Gaudy, version mise en ligne le 22 avril 2010, dernière modification le 12 septembre 2013.

Par René Gaudy

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé. — Arch. Fédé CGT de l’Énergie.

ICONOGRAPHIE : R. Gaudy, Les porteurs d’énergie, Paris, Temps actuels, 1982, p. 169, tribune du haut, premier à gauche.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable