TORREILLES Roger, Jacques, Olivier [écrit aussi « TOREILLES »], alias "commandant Marcel" pseudonyme des FTPF

Par André Balent, mis à jour par Marie-Cécile Bouju

Né le 7 octobre 1910 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort à Perpignan le 20 janvier 1992 ; lithographe puis typographe à L’Indépendant de Perpignan ; officier après la Seconde Guerre mondiale ; militant du Parti communiste dans les Pyrénées-Orientales ; résistant dans le Gard et la Lozère ; responsable de l’ARAC dans les Pyrénées-Orientales.

Roger Torreilles en juin 1977
Roger Torreilles en juin 1977
Archives Guy Torreilles (neveu de Roger Torreilles)

Son père, Achille Jules Émile Torreilles, né en 1879 à Baixas (Pyrénées-Orientales), était agriculteur (et / ou tailleur d’habits) à Perpignan ; il militait au PC, ancien officier de la Première Guerre mondiale, il était aussi un membre actif de l’ARAC. Sa mère, Eva Thérèse Claire Carles (27 ans en 1910) était native de Saint-Hippolyte (Pyrénées-Orientales), et était couturière.

Roger Torreilles suivit deux années d’études à Perpignan après son CEP. Il devint lithographe. Après son apprentissage, en novembre 1928, il monta à Paris. En 1934, il revint à Perpignan.

Roger Torreilles, devenu typographe, devint gérant du Travailleur catalan, lors de la création de cet hebdomadaire par la Région catalane du Parti communiste, en août 1936. Il devait le demeurer jusqu’en septembre 1939, date de dissolution du Parti communiste et de l’interruption (momentanée) de la parution du Travailleur catalan. En tant que directeur-gérant de cette publication, il dut, à diverses reprises, comparaître devant les tribunaux étant généralement défendu par Léon-Jean Grégory. Le 5 décembre 1937, Torreilles fut réélu au comité de la Région catalane du Parti communiste. Le 9 janvier, il fut élu au bureau du comité.

En 1936 il organisa une grève à l’Imprimerie du Midi et de l’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Le 30 novembre 1938, Roger Torreilles fut le seul salarié de L’Indépendant qui fit grève contre les décrets-lois d’Édouard Daladier et fut licencié pour ce motif et sur le fait qu’il fût par ailleurs le gérant du Travailleur catalan.

Roger Torreilles était en 1939 membre du bureau de la Région catalane du PC. Il fut arrêté le 27 novembre 1940 et interné à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Il fut le « responsable politique et militaire » de la baraque 4 de ce camp où il fit la connaissance d’Antonin Combarmond (capitaine « Mistral ») distillateur de Saint-Géniès de Malgoirès (Gard), dans les Cévennes, résistant intrépide de son département qui y avait séjourné huit mois. Ce dernier fit évader, le 25 juillet 1943, des anciens détenus de Saint-Sulpice, parmi lesquels Roger Torreilles, transférés dans un camp chantier de l’organisation Todt à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées). De là, Roger Torreilles (désormais : commandant « Marcel ») gagna les Cévennes gardoises et lozériennes. Dès le 27 juillet 1943, il était à Nîmes (Gard) où il assista à une réunion de responsables des FTPF et de la MOI. Il fut choisi pour devenir le responsable d’un camp —le premier maquis du Gard et de Basse Lozère— destiné accueillir des proscrits ou des réfractaires au STO, à établir à Figuerolles, dans la commune de Saint-Martin-de-Boubaux (Lozère), dans les Cévennes, sur la rive droite du Gardon. Il s’y rendit le même jour, dès la fin de cette réunion. Georges Putosch (le « Parisien ») fut nommé son adjoint, lors de la même réunion. Le 17 septembre 1943, il prit le commandement du camp n°2, près de Saint-Frézal-de-Ventalon (Lozère), dans le même secteur, sur la rive gauche du Gardon. De là Torreilles et son groupe allèrent au Crespin près du Tronc, ferme de Léon et Guillaume Guiu où se mit en place le premier maquis FTPF du Gard et de la Basse Lozère au Crespin, avec René Bibault (capitaine « Jean ») jeune instituteur de la Vienne réfractaire au STO dont la belle-mère de son frère résidait au Collet-de-Dèze (Lozère) dans le même secteur. Bibault fut un des proches collaborateurs de Roger Torreilles, ainsi que Jacques Baby, fils de Jean Baby, animateur d’un autre maquis FTPF du secteur, celui de la Serre, qui mourut dans les combats qui précédèrent le Libération du Gard. Le maquis de Torreilles et Bibault s’implanta ensuite aux Bouzèdes, au sud de la Lozère, près de la montagne du Bougès, pour passer l’hiver. Le maquis s’étoffa avec, en particulier, la participation de trois anciens interbrigadistes sarrois (Stephan Backes, Emmanuel Schwarz, Norbert Beisäcker). Fin octobre l’effectif des deux camps FTP de Saint-Frézal comprenait cinquante personnes. S’y rajoutèrent, sept Soviétiques et un Yougoslave (Croate), déserteurs de la Wehrmacht. Le 29 mars 1944, les Allemands, la Milice, des policiers et des GMR, firent une opération conjointe contre la ferme des Bouzèdes que les FTP avaient abandonnée. Les FTPF, en liaison avec les forces des MUR et de l’ORA, intensifièrent leurs actions au mois de juin 1944 lesquelles facilitèrent la Libération du secteur.

Dans ses ouvrages, en particulier ceux mentionnés dans les « Sources » de cette notice, écrits en partie après une collecte méthodique des témoignages des résistants et maquisards des Cévennes, Aimé Vielzeuf relate dans les détails l’histoire des formations résistantes cévenoles, FTPF et autres, à laquelle Roger Torreilles apporta une contribution décisive (Voir aussi : Chabrol Jean-Pierre).

Roger Torreilles participa au défilé de la victoire à Nîmes, le 4 septembre 1944. Il fut décoré de la croix de guerre et médaillé de la résistance.

Torreilles s’engagea alors dans l’armée régulière et passa par l’Ecole d’officiers supérieurs de Castres de mars à juillet 1945. Refusant de partir pour l’Indochine, il est rendu à la vie civile en 1951. Il termina sa carrière militaire avec le grade de capitaine.

Dans les années quatre-vingt, toujours militant du PCF, il vivait retiré à Saint-Hippolyte, le village d’origine de sa mère. Il cultivait une petite propriété agricole (vignes et maraîchage) et s’occupait du contentieux de l’ARAC : secrétaire technique de la section départementale de l’association, il traitait bénévolement les dossiers qui lui étaient soumis.

Dès 1953, il s’occupa aussi pendant de longues années du centre de vacances de l’UFF des Pyrénées-Orientales de Via (commune de Font-Romeu – Odeillo – Via) : il fut trésorier de cette colonie, il consacra aussi beaucoup de son temps à sa gestion matérielle. Cette activité explique les liens qu’il put entretenir avec Jean Catala, instituteur à Via dont la femme, militante de l’UFF était la cheville ouvrière de cette colonie. En 1984, il fut signataire de l’appel départemental « Pour la démocratie nous refusons la haine ».

Il était officier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87676, notice TORREILLES Roger, Jacques, Olivier [écrit aussi « TOREILLES »], alias "commandant Marcel" pseudonyme des FTPF par André Balent, mis à jour par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 5 juillet 2010, dernière modification le 20 février 2021.

Par André Balent, mis à jour par Marie-Cécile Bouju

Roger Torreilles en juin 1977
Roger Torreilles en juin 1977
Archives Guy Torreilles (neveu de Roger Torreilles)
Roger Torreilles commandant des FTPF (FFI)
Roger Torreilles commandant des FTPF (FFI)
Archives privées de Guy Torreilles, neveu de Roger
Roger Torreilles en 1965 dans sa vigne
Roger Torreilles en 1965 dans sa vigne
Archives de Guy Torreilles, neveu de Roger
Roger Torreilles à une réunion de l'ARAC
Roger Torreilles à une réunion de l’ARAC
Archives de Guy Torreilles, neveu de Roger

SOURCES : Arch. com. Perpignan, état civil. — SHD GR 16 P 573970.
Notice DBMOF par André Balent. — Ange Alvarez, PCF, OS, FN, FTPF. L’épopée patriotique des FTPF cévenols, Nîmes, Lacour, 2007, 121 p. — Gérard Bonet, L’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Un siècle d’histoire d’un quotidien 1846-1950, Perpignan, Publications de l’Olivier, Perpignan, 2004, p. 257. — H.R. Kedward, À la recherche du Maquis. La Résistance dans la France du Sud, Paris, Cerf, 1999, 474 p. [p. 65]. — Michel Cadé, Le parti des campagnes rouges. Histoire du Parti communiste dans les Pyrénées-Orientales, 1920-1939, Marcevol, Le Chiendent, 1988. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme/Régions, 1994, p. 116. — Aimé Vielzeuf, Épopée en Cévenne, Nîmes, Lacour, 1989, 210 p. ; Bloc-notes 44 (Dans le Gard, en attendant la liberté), Nîmes, Lacour, 1994, 150 + XXXII p. ; On les appelait « Les bandits », Nîmes, Lacour, 2002, 383 p. — Le Travailleur Catalan, 11 décembre 1937, 8 et 22 janvier 1938, 16 janvier 1992, 31 janvier 1992 (articles nécrologiques de Denise Galy et d’Andy). — L’Indépendant, Perpignan, 15 février 1984. — Entretiens avec Émile Dardenne et Fernand Cortale. - Paul Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 288-290.

ICONOGRAPHIE : Alvarez, p. 59 (portrait) ; pp. 114, 116, participation au défilé de la victoire à Nîmes. — Vielzeuf, 1989, 112 ; 1994, p. II, p. XXVIII ; 2002, p. 112, p. 225.

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