JACQUEY Albert

Né le 9 avril 1874 à Saint-Loup-sur-Semouse (Haute-Saône), mort le 30 mai 1951 à Saint-Loup-sur-Semouse ; sculpteur sur bois ; syndicaliste et militant socialiste ; maire de Saint-Loup-sur-Semouse (1928-1945, 1947-1950).

De 1902 à 1909, Albert Jacquey, sculpteur sur bois à Saint-Loup-sur-Sémouse, fut secrétaire de la puissante chambre syndicale de l’Ameublement de Saint-Loup et Magnoncourt dont il fut, en 1895, un des fondateurs — elle comptait 450 adhérents en 1903, 500 en 1907 — et un des administrateurs de la coopérative de consommation « l’Humanitaire » créée en 1901.

Animateur ardent de ce syndicat, auquel il donna force et cohésion, il dirigea les grèves de 1903 et mena une lutte de tous les instants, comme l’attestent entre autres ses articles dans le Socialiste comtois et le Réveil syndical contre la direction des Usines Réunies, avec laquelle il traitait de puissance à puissance.

Parallèlement à cette action, venu au socialisme grâce à Cotin qu’il rencontra la première fois en 1902, il créa avec son frère Léon, en 1907, la section socialiste de Saint-Loup, de loin la plus nombreuse des neuf sections qui devaient former en 1908 la fédération socialiste de la Haute-Saône.

La bourgeoisie lupéenne, effrayée par cet essor du syndicalisme et du socialisme, décida de frapper et de faire d’une pierre deux coups ; de briser ce syndicat dont elle subissait la constante pression, et d’enrayer les progrès des socialistes qui se permettaient d’entraîner dans leur sillage une partie de l’électorat traditionnellement radical — en juillet 1907, à l’élection du conseil d’arr., Léon Jacquey, candidat des socialistes, obtint 1 171 voix, Guy, radical, directeur des Usines Réunies : 1807. La ville de Saint-Loup avait donné la majorité à L. Jacquey : 346 contre 335. Aussi le directeur des Usines Réunies renvoya sept militants syndicalistes, dont Albert Jacquey. Les ouvriers répondirent par la grève, une grève mémorable qui devait durer quatre mois (du 19 octobre 1908 au 15 février 1909). C’est Albert Jacquey qui assura la direction de ce mouvement dont l’intransigeance patronale eut raison et qui se solda, outre le renvoi des sept, par un nouveau règlement d’atelier imposé et une diminution de salaire. Jacquey avait assisté, du 5 au 12 octobre 1908, au XVIe congrès national corporatif — 10e de la CGT — tenu à Marseille.

Le syndicat, décapité de ses meilleurs éléments dont Albert Jacquey, qui s’établit marchand de vin, ne survécut que quelques mois et cessa d’exister en 1910. La section socialiste de Saint-Loup perdit la plus grande partie de ses adhérents, celle d’Aillevillers composée en partie d’ouvriers du bois travaillant à Saint-Loup disparut et la fédération socialiste de la Haute-Saône cessa d’exister en 1912. Elle se reconstitua d’ailleurs peu après et Jacquey en était le secrétaire en 1914 ; il le fut jusqu’en 1924. Par ailleurs, une coopérative ouvrière de production de meubles et de sièges : « l’Avenir », s’était constituée en janvier 1909.

Élu conseiller municipal et premier adjoint en 1927, après une élection complémentaire — une coalition radicale et socialiste avait fait se retrouver sur une même liste Jacquey et Guy, directeur des Usines Réunies, député de la Haute-Saône en 1928 — il fut maire de Saint-Loup de 1928 à 1950 (sauf interruption de 1945 à 1947) et conseiller d’arr. à partir de 1937. Il était aussi membre (secrétaire avant 1914) du groupe lupéen de la Libre Pensée, de la Ligue des droits de l’Homme et de la Franc-Maçonnerie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87701, notice JACQUEY Albert, version mise en ligne le 23 avril 2010, dernière modification le 22 mars 2018.

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Saône 112 M 1, M 6 et M 7, 115 M 1 et M 2. — Presse socialiste et syndicale : Le Doubs socialiste, La Franche-Comté, L’Ouvrier en Meubles, organe de la Fédération nationale de l’Ameublement, Le Réveil syndical, Le Socialiste comtois.

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