GUY Augusta [née JOLIN Augusta, Lucie]

Par Janine Olmi

Née le 4 août 1912 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), morte le 26 juillet 1993 à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; ouvrière aux chaussures André puis ménagère  ; militante communiste et syndicaliste de Meurthe-et-Moselle ; conseillère municipale de Nancy.

Augusta Guy
Augusta Guy
Cliché communiqué par Janine Olmi

Augusta Baillet était la fille naturelle de Jeanne Baillet, journalière. Elle fut reconnue lors du mariage de sa mère, alors couturière, avec Auguste Nicolas Jolin, menuisier en fauteuils, le 2 août 1916 à Nancy. Augusta Jolin se plaisait à rappeler une filiation uniquement nancéienne puisque son père, sa mère et ses grands-parents étaient nés à Nancy. Son père était sculpteur sur bois et avait œuvré sur certaines des boiseries qui ornent la villa Majorelle, l’un des fleurons de l’école de Nancy. Sa mère était ouvrière en confection à domicile. Lorsque le père fut tué, trois semaines avant l’armistice, la mère cessa de fréquenter l’église et plaça les deux filles qu’elle avait eues d’un premier mariage comme bonnes à tout faire. Augusta fut adoptée par la Nation en février 1921 et resta avec sa mère. Qualifiée de brillante élève, elle obtint le certificat d’études primaires avec un bon classement à l’âge de douze ans. Son rêve était de décrocher le brevet qui ouvrait la porte des postes, car elle enviait les « demoiselles de la poste » bien vêtues derrière leur guichet. La mère ignorait cette aspiration hors de portée de son foyer de veuve d’ouvrier.

Augusta Jolin entra « à la chaussure » à l’âge légal de treize ans. Sa mère la présenta au bureau d’embauche. Elle estima avoir eu la chance de rester aux Chaussures André, familièrement appelée « la godasse », où on était mieux payé parce que c’était une grosse entreprise où il y avait la CGT depuis 1909. « J’ai été sur la pente du licenciement au moins dix fois, rappelait l’ouvrière syndicaliste, mais je suis pourtant toujours restée car j’étais appréciée dans mon travail. La chaussure, çà me plaisait, alors je le faisais bien. Et il faut dire aussi qu’à chaque menace, je grimpais sur une table pour ameuter le personnel, alors, le patron préférait éviter. » De toute façon, « la Tata » était connue pour avoir du bagout, elle devint une animatrice syndicale.

Augusta Jolin se maria à Nancy en février 1932 avec Marcel Guy.

Lorsqu’on demandait à Augusta Guy ce qui l’avait le plus marquée en 1936, elle répondait : « la dignité qu’on a retrouvée, les chefs qui exerçaient le droit de cuissage, les affronts, les insultes, ils n’osaient plus. Ils avaient vus que les troupeaux étaient capables de se rebiffer, ils avaient rasé les murs. »

En 1940, elle fut d’abord évacuée en Gironde. Revenue à Nancy, elle travailla dans la chaussure mais pour les militaires puis pour les Allemands.

Adhérente du Parti communiste en 1936, elle avait fondé une cellule dans son usine. À la Libération, elle hésita à reprendre sa carte en raison du ralliement à ce dernier de personnes qui n’avaient pas eu, selon elle, un comportement digne pendant l’Occupation. Elle fut cependant candidate communiste, avec succès, aux élections municipales d’avril 1945. Dans son entreprise, elle fut un temps secrétaire syndicale à la suite de Charles Bleu.

Membre du comité fédéral communiste de Meurthe-et-Moselle, responsable de l’UFF et membre du bureau de section de Nancy dans les années 1950, elle était aussi, en 1959, présidente de l’amicale des élus. Elle quitta le comité fédéral en 1962.

Mère de trois enfants avec un mari poitrinaire fréquemment hospitalisé en sanatorium dans les Alpes, le militantisme était difficile mais elle n’en poursuivit pas moins ses activités. La fédération de Meurthe-et-Moselle l’envoya au congrès national du PCF en 1961, à Saint-Denis. Elle fit part de son émotion dix ans plus tard lors d’une conférence de la section de Nancy en 1972 : « Plus qu’une récompense, çà a été le plus beau jour de ma vie. Lorsque j’ai vu à la tribune tricolore not’Maurice (Thorez), not’ Jeannette et le Jacques Duclos, j’ai été comme transportée d’enthousiasme et j’ai crié avec la foule des militants : “Vive Thorez” parce que j’ai vu qu’on était un grand parti. » Jusqu’au début des années 1980, Augusta Guy continua de vendre l’Humanité, le muguet du 1er Mai et à se rendre à la fête de La Voix de l’Est à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87751, notice GUY Augusta [née JOLIN Augusta, Lucie] par Janine Olmi, version mise en ligne le 26 avril 2010, dernière modification le 21 octobre 2017.

Par Janine Olmi

Augusta Guy
Augusta Guy
Cliché communiqué par Janine Olmi

SOURCES : RGASPI 495 270 ?, 07/01/1938. — Arch. Mun. Nancy, 1K220 et 221, contribution Catherine Pederzoli. — Entretien réalisé le 14 août 1985 par Janine Olmi et Charles Dallavalle. — État civil.

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