VIEL Roland

Par Maurice Mandon

Né le 20 juillet 1918 à Argentan (Orne)), mort le 5 septembre 2002 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; militant du syndicalisme agricole proche de la SFIO puis du Parti socialiste ; fondateur de la FDSEA du Puy-de-Dôme et du Paysan d’Auvergne ; fondateur du Comité de Guéret en 1953 ; président de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme de 1952 à 1974 ; maire d’Aydat et conseiller général de Saint-Amant Tallende.

Roland Viel est né à Argentan dans l’Orne. Son père Eugène était un artisan installé derrière la porte Saint-Martin à Paris. Il était serrurier, il fabriquait des enseignes lumineuses et faisait de la ferronnerie d’art après avoir été dans l’aviation chez Blériot. Sa mère Germaine Berne, était originaire de Cherbourg d’une famille de marins, un oncle est officier de marine. La famille s’installa à Sarcelles. Le jeune Roland eut une enfance marquée par la maladie, il était hémophile. Il fit sa scolarité pour partie à Sarcelles et pour partie à Loudéac en Bretagne où vivaient ses cousins paysans, il découvrit la vie à la ferme. Il passa le certificat d’études et le brevet élémentaire. Il eut une sœur cadette née en 1925.

À quatorze ans, il entra en politique et s’inscrivit aux Jeunesses socialistes en Bretagne. De retour à Sarcelles il créa la première section des Jeunesses socialistes, devint secrétaire adjoint des Jeunesses socialistes de Seine-et-Oise et à dix-huit ans et demi entra au comité national, l’année du Front Populaire en 1936.

Grâce à son père qui avait gardé des contacts dans le milieu de l’aviation il entra au Conservatoire des Arts et Métiers et obtint un diplôme de dessinateur. En janvier 1936 il entra à la société Alkan, équipement et appareillage aéronautiques, comme dessinateur d’exécution. Pendant près de trois ans il travailla sur les pilotes automatiques.

En 1938 il fut mobilisé au 4e escadron de chasse de Reims, en 1939 après la déclaration de guerre, il fut affecté à la défense aérienne de Paris puis se replia sur Perpignan. Dans l’armée d’armistice il fut affecté à l’escadre de reconnaissance.

En 1940 il fut en permission chez Jean Batisse, un camarade de régiment qui habita dans la zone libre, à Madriat dans le Puy-de-Dôme. En mars 1941, il rencontra sa future femme, Germaine Chabasseul, la fille du maire de la commune voisine, Boudes. Il s’agissait d’un mutilé de guerre qui exploitait des vignes, il était socialiste. Il se maria après sa démobilisation qui intervint le 20 octobre 1941. Six enfants naquirent de cette union : Yvette en 1942, Josette en 1944, Bernard en 1947, Alain en 1950, Paul en 1953 et Pierrette en 1960. Il loua une maison avec sa femme et loua plusieurs petites propriétés et apprit le métier de paysan et de viticulteur. Il tenta, en vain, de travailler à Issoire dans la fonderie qui devint Cegedur. Sa femme fut à ses côtés comme conjoint d’agriculteur et assura l’éducation des enfants et la marche de l’exploitation en l’absence de son mari absorbé par ses nombreuses responsabilités.

En 1946, il loua une propriété de 120 ha à Aydat qui connut une histoire mouvementée. Il s’agissait de la propriété de l’industriel Conchon Quinette mort en 1942 qui revint à Pierre Laval lequel en fit don aux œuvres sociales de la police. En 1954, tout en gardant le bail d’Aydat, Roland Viel acheta une nouvelle propriété à Pradines où il vivait encore lors de l’entretien avec l’auteur.

Il renoua le contact avec ses amis socialistes parisiens comme Germaine Degrond, député de Seine-et-Oise, sa « seconde mère ». Il rencontra Jean Butez responsable du parti socialiste clandestin, diffusa Le populaire clandestin. Il prit contact avec Robert Huguet et Emile Coulaudon chefs de la résistance et des MUR (mouvements unis de la résistance). Roland Viel se cantonna dans une résistance passive, il eut un différend avec Emile Coulaudon qui lui reprochait de “trop faire de politique”.

À la Libération il s’attacha à créer des structures syndicales agricoles, il fut moins heureux en politique étant souvent en conflit avec les personnalités en place et ses amis socialistes.

Le 27 août 1944 se mit en place le Comité départemental d’action agricole (CDAA) qui relayait l’action du Comité National chargé de liquider la succession de la Corporation paysanne qui était remplacée par la Confédération générale de l’agriculture (CGA) le 12 octobre 1944. Roland Viel entra dans le CDAA aux côtés d’Abel Gauthier, vice-président du Comité national. Le 8 mars 1945 se tint l’assemblée constitutive de la FDSEA, la présidence revint à Abel Gauthier, le secrétariat général à Roland Viel, il l’emporta d’une voix sur le communiste Jean-Marie Fondras ; ce fut le début de sa carrière de leader syndical agricole. Il créa un journal dans le Puy-de-Dôme, Le Paysan d’Auvergne. En 1948 il était secrétaire national adjoint de la FNSEA.
En 1951, à trente-trois ans, il se jeta dans la bataille des législatives et constitua une liste professionnelle « contre » ses amis socialistes dont Abel Gauthier. Il échoua sur le terrain politique mais gagna la confiance du monde paysan. En 1956, année de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing nouvel échec aux législatives à la tête d’une liste de Défense Paysanne.

Son terrain de prédilection fut le secteur agricole dans lequel il va déployer ses talents d’orateur et d’organisateur. En 1949 il crée l’Avenir Coopératif d’Auvergne qui associa les coopératives laitières et aboutit au complexe laitier de Gerzat. L’ACA regroupa aussi l’union des coopératives fromagères. Le groupe s’étendit dans la Creuse et dans l’Aveyron. Suite à un conflit Roland Viel fut contraint de laisser la direction à Michel Debatisse qui créa la société des produits laitiers Riches Monts.

En 1952 Roland Viel fut président de la Chambre d’Agriculture du Puy-de-Dôme, il y restera vingt-deux ans. En 1959 il choisit Michel Debatisse comme secrétaire général de la Chambre. Tout les opposait, Michel Debatisse était de formation chrétienne venu de la JAC et devenu un des leaders du CNJA et de la FNSEA. Politiquement Debatisse s’inscrivait dans la tradition démocrate chrétienne.

En 1953, mécontent de l’action de la FNSEA qui ne défendit pas assez les petits exploitants et les éleveurs du Massif-Central, Roland Viel fonda le Comité de Guéret avec le directeur de la FDSEA de la Creuse entre autres à l’occasion de la crise de la viande. Le comité regroupa dix-sept FDSEA en rébellion contre la FNSEA. Le comité organise les premiers barrages sur la route, la grève des marchés de la viande, la marche sur les préfectures...

En 1965 à l’issue d’un long conflit entre l’équipe Viel et les jeunes regroupés autour de Michel Debatisse, un conflit entre deux fortes personnalités exacerbé par le clivage politique, se produisit une scission au sein de la FDSEA. Michel Debatisse crée l’UDSEA du Puy-de-Dôme et un journal L’Auvergne Agricole. Mais Roland Viel garda les rênes de la chambre d’agriculture encore une dizaine d’années.

En 1953 Roland Viel qui s’est installé sur une exploitation agricole à Aydat fut élu maire, un poste qu’il occupa pendant trente ans, il fut aussi conseiller général. Il échoua lors d’une nouvelle tentative aux législatives de 1968, il fut candidat de la FGDS avec Michel Charasse comme suppléant face à Valéry Giscard d’Estaing.
En 1970, il démissionna de tous ses mandats dans les organisations agricoles à l’exception de la chambre d’agriculture. Il s’installa sur une nouvelle exploitation à Pradines sur la commune de Nébouzat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87779, notice VIEL Roland par Maurice Mandon, version mise en ligne le 30 septembre 2013, dernière modification le 1er juillet 2015.

Par Maurice Mandon

SOURCES : Entretien avec Roland Viel le 17 juin 1998. — Jean Prévost, Le paysan déchaîné, éditions Créer, Nonette, 1997. — État civil.

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