HATSTATT Fernand [HATSTATT Hubert, dit]

Par Jean-François Lassagne

Né le 11 janvier 1939 à Thionville (Moselle), mort le 31 décembre 1995 à Metz (Moselle) ; ajusteur, sidérurgiste ; syndicaliste à la CGT ; secrétaire général de l’Union départementale de Moselle (1964-1971) ; responsable d’INDECOSA en Moselle ; militant communiste ; membre du comité puis du bureau fédéral de Moselle.

Fernand Hatstatt au micro, en 1970
Fernand Hatstatt au micro, en 1970
Coll. privée Denise Hatstatt

Le père de Fernand Hatstatt, Joseph, était né à Dannemarie (Haut-Rhin annexé), le 1er septembre 1890. Veuf d’Anne Meltretter, il avait épousé le 21 novembre 1929 en secondes noces à Thionville, Elise Marie Thèves, née le 14 juin 1903 à Thionville. Cheminot, militant à la CGT, conseiller municipal communiste à Yutz (Moselle), il mourut au combat le 15 mai 1940 à Richemont (Moselle). Dès lors son épouse éleva seule leurs quatre fils Gérard, Raymond, Arsène et Fernand. Elle décéda le 29 mars 1987 à Thionville.

À quatorze ans, Pupille de la Nation, Fernand Hatstatt entra au centre d’apprentissage de Lorraine-Escaut à Thionville pour y apprendre le métier d’ajusteur. Il adhéra rapidement à la CGT et devint l’un des dirigeants du syndicat d’USINOR à Thionville. Il était également membre du Parti Communiste. Le 1er septembre 1961 il épousa Denise Marguerite Jappelle, née le 14 juin 1937 à Thionville. Denise fut employée de maison puis agent de service à l’hôpital Saint André à Metz jusqu’à sa retraite en 2002. Ils eurent deux enfants Isabelle et Patrick. Jeune ouvrier chaleureux, Fernand Hatstatt fut repéré par le secrétaire général de l’UD, Arthur Buchmann*, puis coopté dans un premier temps à la Commission Administrative, avant d’intégrer le bureau de l’UD de Moselle en 1963. Au départ d’Arthur Buchmann lors d’un comité général de l’UD tenu en avril 1964 à Moyeuvre, il devint à 25 ans, secrétaire général de l’UD de Moselle, le plus jeune de l’époque en France à cette responsabilité. Il quitta donc son emploi de sidérurgiste pour devenir permanent de l’organisation, et la famille vint habiter à Metz. C’est alors qu’après l’école centrale d’un mois, il intégra le Comité fédéral de Moselle du PCF, puis le bureau en 1966. À partir de la fin de l’année 1964 il fut épaulé par l’arrivée au secrétariat de l’UD de Lionel Fauveau*, également ouvrier de la sidérurgie, qui devint son adjoint. Il se trouva alors au cœur des conflits sociaux qui marquèrent les années soixante en Moselle, notamment autour de la défense des industries de base dont les effectifs connaissaient les premiers signes de recul. Durant les années 1966 et 1967 mineurs de fer, de charbon et sidérurgistes développèrent des luttes particulièrement dures, souvent avec occupation des usines, et parfois barricades. Dès avril 1968, par la voix de Fernand Hatstatt, l’UD avait soutenu la double exigence « du développement de l’enseignement supérieur à Metz, et d’une meilleure scolarisation des enfants de travailleurs à tous les niveaux ». Par la suite, lors du mouvement de grève générale de mai 1968, qui rassembla plus de 110 000 grévistes en Moselle, Fernand Hatstatt vécut le mouvement au plus près des travailleurs, n’hésitant pas à se rendre, des jours durant, sur les lieux de conflits. Cultivant l’unité d’action avec notamment la CFDT, la FEN, le SNI, FO et les étudiants (UNEF), il concourut à l’organisation et au succès de manifestations d’ampleur comme celles du 13 ou encore du 29 mai à Metz. Partisan de « l’union des forces démocratiques », il fut également un fervent militant du « programme commun ». C’est à l’automne 1968 qu’il relança le journal de l’UD, le Travailleur Mosellan, tiré à l’Imprimerie Commerciale à Nancy.
Il est probable cependant que, lié à son jeune âge, et aux côtés de militants aguerris des fortes organisations professionnelles telles les mineurs de fer et de charbon, les sidérurgistes, les métallurgistes ou encore les cheminots, son manque d’expérience lui rendit difficile le développement de l’activité interprofessionnelle de l’UD. Selon Arthur Buchmann « C’était un garçon intelligent, un battant, un bon militant, le malheur c’est qu’il est devenu secrétaire général sans être suffisamment préparé ». C’est ainsi que Fernand Hatstatt adressa sa démission à la Commission administrative de l’UD en mai 1971.
Commença pour lui une période pour le moins difficile. Ainsi fut-il amené à occuper divers emplois : réparateur de chaudières puis de laveries, chauffeur-livreur de meubles, ajusteur sur des chantiers en Moselle Est, emplois entrecoupés de deux périodes de chômage, avant de trouver un poste de concierge à la CAF à Metz (Caisse d’Allocations Familiales de la Moselle), poste qu’il occupa jusqu’au début de sa maladie en 1992. Il fut réélu à la commission exécutive de l’UD au congrès de Metz en 1990.

Homme dévoué, généreux, entier, révolté souvent, entêté lorsqu’il le fallait, il demeura fidèle à ses engagements syndicaux et politiques, si bien qu’il constitua et anima tout d’abord un Comité de Chômeurs de la CGT à l’Union Locale de Metz, puis il s’investit dans INDECOSA (Association pour l’Information et Défense des Consommateurs Salariés de la CGT), à l’Union départementale de Moselle. Il s’attacha à développer l’activité de l’association, dont il assuma la présidence, assurant avec d’autres la défense des dossiers, la représentant dans de nombreux organismes, la popularisant dans les initiatives publiques, notamment lors de la fête du 1er mai à Metz, où il ne manquait jamais de se fournir en muguet pour offrir à son épouse Denise.
Membre du comité de section de Metz du PCF il fut secrétaire de la cellule Lucien Sampaix. Frappé par la maladie, il lutta pied à pied, mais perdit le dernier combat et mourut le 31 décembre 1995 à Metz.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87785, notice HATSTATT Fernand [HATSTATT Hubert, dit] par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 27 avril 2010, dernière modification le 15 janvier 2022.

Par Jean-François Lassagne

Fernand Hatstatt au micro, en 1970
Fernand Hatstatt au micro, en 1970
Coll. privée Denise Hatstatt

SOURCES : Entretiens : avec Arsène Hatstatt en janvier 1995 et Denise Hatstatt le 7 août 2008 ; Dominique Andolfatto, Le syndicalisme en France depuis 1945, l’Union Départementale de Moselle (de la Libération à nos jours), novembre 1995 (CERAT).

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