TANTOT Charles

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 25 octobre 1884 à Montluçon (Allier), mort en 1934  ; ouvrier verrier ; syndicaliste verrier du Nord, puis d’Albi (Tarn), militant confédéré ; militant socialiste du Tarn.

Fils d’un verrier, Charles Tantot (écrit parfois Tantôt), fut élu ou réélu secrétaire du syndicat des verriers de Dorignies (Nord) le 18 août 1909. En mars 1910, il était membre du Comité fédéral de la fédération nationale du verre. Il signa dans La Voix des Verriers, un article sur le projet de loi sur les retraites, intitulé « Contre la retraite pour les morts ».

En 1912 il travaillait à la verrerie ouvrière d’Albi (Tarn), et milita dans une commission intitulée « Commission de réorganisation du travail à tendance communiste » pour « 1- la substitution du travail aux pièces par le paiement à la journée ; 2- l’égalisation des salaires par catégories ; 3-L’abaissement des hauts salaires pour les reporter sur les petits, 4- la nomination d’une commission de neuf membres pour étudier le nouveau programme » ce qui fut à l’origine d’un premier conflit avec la direction. Il fut secrétaire du syndicat de la Verrerie ouvrière d’Albi depuis au moins 1916, mais sans doute aussi avant guerre.

Charles Tantot participa au Congrès de 1919 de la fédération nationale des travailleurs du verre, tenu du 3 au 6 septembre 1919 à la Grange-aux-Belles à Paris. Il fut de nouveau délégué à celui de 1920, tenu à Montluçon du 23 au 26 septembre. Dans la première journée de ce congrès c’est lui qui proposa le vote d’un ordre du jour de solidarité avec toutes les victimes de la répression gouvernementale et patronale, demandant notamment l’amnistie pour les mutins de la mer noire, et condamnant l’aide pécuniaire à la Pologne pour écraser la jeune révolution russe. Il fut voté à l’unanimité par le congrès. Pendant toute cette période il était membre du Comité nationale. Lors de celui réuni à Paris les 28 février, 1er et 2 mars 1921, et bien qu’il ait déclaré qu’il était pour la liberté d’opinion individuelle et que la question de l’exclusion de la CGT n’avait rien à faire dans cette réunion, il vota « l’ordre du jour » proposé par Delzant de soutien à la Confédération, et d’exclusion des syndicats qui donneraient leur adhésion à l’internationale syndicale, section de l’internationale communiste.

Charles Tantot et son syndicat entrèrent de nouveau en conflit avec son conseil d’administration de la verrerie ouvrière, du 7 mars au 20 juin 1921, puis de 1923 à 1925. A l’origine de ce deuxième conflit il y avait la question de la caisse de retraite et de son financement. La direction et le conseil d’administration, soutenus par le syndicat unitaire, avaient décidé de créer une caisse de retraite en partie financée par les bénéfices de la verrerie. Le syndicat confédéré, au contraire, revendiquait que ces sommes continuent à être reversée aux salariés, comme le stipulait un article des statuts de l’entreprise. En 1923, lors du congrès Paris de la fédération, qui se tint du 5 au 9 avril 1923, au 211 rue Lafayette, il mit en cause le secrétariat fédéral, ainsi que la Confédération pour leur absence de soutient dans le conflit qui opposait son syndicat à la direction de la verrerie ouvrière et à son conseil d’administration. Une commission fut instituée au sein du congrès, pour dépasser le malaise créé par conflit dans le congrès même. Celui-ci affirma son soutien au syndicat par le vote unanime de la résolution proposée par Ernest Laroche qui présida la commission. Charles Tantot fut élu ou réélu membre de la Commission exécutive fédérale.

Le conflit se poursuivant, sous la direction conjointe de Tantot et de Spinetta, les grévistes prirent possession de l’usine le 4 février 1924, puis furent licenciés. A la suite de cette occupation, le 16 février, Charles Tantot fut arrêté par la police avec Clermont*, Vinay Jean*, Biscons Marcel*, Rouvet Jules*, et Albert Rieunaud*, membres du Comité d’usine constitué entre le syndicat confédéré et le syndicat autonome, puis tous furent libérés. Dans la nuit du 25 au 26 février, avec 5 ou 6 membres du syndicat confédéré, il mit le feu volontairement à un hangar de la verrerie ouvrière d’Albi, qui d’après lui était destiné à être démoli. Ils furent poursuivis, aux assises, pour cet acte que Charles Tantot et le syndicat assumèrent publiquement. Les mis en cause furent acquittés. Le 10 avril, la verrerie ouvrière fut finalement évacuée par les forces de l’ordre, mais les ouvriers confédérés poursuivirent la grève. Le 24 octobre 1924, lors d’une assemblée générale, le syndicat des verriers et similaires de la Verrerie ouvrière décidèrent de quitter la CGT. Dans les jours qui suivirent le syndicat autonome intégrait la CGT.

En juin 1925, 184 grévistes avaient été réintégrés, 6 étaient retraités, 9 étaient morts, 40 environ avaient quitté Albi, 190 restaient à réintégrer (tous avaient trouvé du travail : 50 à la Verrerie de Carmaux, les autres sur divers chantiers d’Albi). L’assemblée des actionnaires, tenue à Paris le 14 juin 1925, aurait repoussé l’amnistie complète mais accepté les réintégrations sous certaines conditions : accord sur les mesures de sécurité, renonciation aux actions judiciaires, pas de renvoi des nouveaux embauchés pour laisser place aux anciens, acceptation de la caisse de retraite. Le 21 juin, Charles Tantot réunit une cinquantaine d’anciens ouvriers qui acceptèrent les conditions.

Militant socialiste dès 1916, Charles Tantot était demeuré au Parti socialiste SFIO après le congrès de Tours (décembre 1920). Au congrès fédéral du 16 mai 1926, il se déclara hostile à la participation socialiste à un gouvernement radical mais sa motion ne recueillit que quatre mandats contre cinquante-six à celle de Henri Sizaire, favorable à la participation.

Il s’était marié le 4 mai 1906 à Montluçon avec Marie-Rose Moreau, dont il divorça le 9 décembre 1920 à Albi.

Sa fille Alice Tantot fut la compagne de Paul Boy, professeur communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87788, notice TANTOT Charles par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 28 avril 2010, dernière modification le 15 juillet 2019.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F7/13020. — Le Peuple, 7 février 1924. — Le Cri des travailleurs, 14 avril 1923. — La Voix des Verriers, 1er septembre 1909 ; 15 avril 1910, 1er novembre 1912, 1er décembre 1912 ; septembre 1919 ; novembre 1920 ; mars, septembre 1921 ; mars 1922, 1er mai 1923, octobre 1923, 1er mars 1924 (BNF) — L’Humanité, 6 février 1924, 27 février 1924, 7 avril 1924, 8 avril 1924, 9 avril 1924, 10 avril 1924, 11 avril 1924, 28 octobre 1924 (Gallica.fr). — Notes de Gilles Pichavant.

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