Par Jacques Girault
Né le 30 août 1905 à Saint-Chef (Isère), mort le 13 octobre 1995 à Meylan (Isère) ; instituteur ; syndicaliste de l’Isère, militant pédagogique, collaborateur de l’École moderne (Célestin Freinet).
Fils d’instituteurs, Henri Guillard reçut les premiers sacrements catholiques. Elève de l’école primaire supérieure de La Côte-Saint-André (Isère), il entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Grenoble en 1922. Il effectua son service militaire dans les Chasseurs alpins.
Instituteur dans diverses communes de l’Isère (dont Chavanoz) où il fut secrétaire de mairie, il enseignait, dans les années 1930, et pendant la guerre, à L’Isle d’Abeau. Membre du Syndicat départemental affilié a Fédération unitaire de l’enseignement depuis 1928, puis de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, il faisait partie aussi du Groupe de Jeunes. Il pratiquait les méthodes de l’Ecole moderne et figurait parmi les proches de Freinet.
Henri Guillard se maria en août 1933 à Grenoble (Isère) uniquement civilement avec une institutrice. ils ne firent pas baptiser leur fils. Il fut pendant quelques années membre de la Libre Pensée à Lancey.
Sympathisant communiste, participa aux grèves du 12 février 1934 et du 30 novembre 1938. Pacifiste « intégral », proche de Léon Émery, il modifia son attitude lors des accords de Munich.
Mobilisé en août 1939, démobilisé en 1940, Guillard, ayant été dénoncé comme « communiste » avec son épouse, fut l’objet d’une enquête préfectorale en 1941. Il participa très vite aux activités de Résistance dans les FTPF. Il fit partie du comité local de Libération de Bourgoin.
De 1945 à 1958, Henri Guillard fut l’école de garçons à Lancey, puis du groupe scolaire Lesdiguières à Grenoble, où il termina sa carrière en 1961.
Membre du Syndicat national des instituteurs, il militait dans le courant « Unité et Action ». Adhérent du Parti communiste français depuis la Libération, il le quitta lors des critiques contre Freinet, tout en restant un sympathisant communiste actif.
Le militantisme pédagogique de Guillard se traduisait par des nombreux voyages à Cannes chez Freinet, par la création de l’Institut dauphinois de l’École moderne dont il fut le responsable, par l’aide à la création de l’Ecole des Parents à Grenoble, par la mise en place des techniques Freinet dans les écoles où il travailla. Retraité, il collabora avec le Centre régional de documentation pédagogique de Grenoble, où il mit en place de nombreuses expositions itinérantes. Botaniste passionné, il confectionna un herbier cédé par la suite au Muséum d’histoire naturelle.
A la fin des années 1970, Henri Guillard habitait Meylan où il avait fait construire une maison et adhérait à l’Association républicaine des anciens combattants et à l’Association nationale des anciens combattants résistants. Il avait créé un comité de l’association France-URSS à L’Isle d’Abeau en 1945 et devint le vice-président de l’association départementale dans les années 1970. Il effectua deux voyages en URSS, intéressé notamment par la pédagogie soviétique.
A partir de la Libération, Guillard écrivit de nombreux contributions sur le Dauphiné, sur ses activités, son patrimoine, son histoire. Avec son ancien élève Jean Billet, et la collaboration de R. Besson, il écrivit en 1987 une monographie de 183 pages sur la commune de Meylan sous le titre Meylan. Tradition et modernité. Avec l’association pour la connaissance et la valorisation du patrimoine meylanais, il œuvra pour la réalisation d’un musée rural qui resta inachevé.
Collaborateur des éditions de l’Ecole moderne française pour des brochures d’éducation populaire, plus tard du fonctionnement de l’Institut coopératif de l’école moderne, Guillard fut l’auteur, ou un des auteurs, de plusieurs numéros de la revue pédagogique fondée par Freinet Bibliothèque du Travail (voir oeuvre), il collabora à plusieurs publications du Centre régional de la documentation pédagogique sur le Grésivaudan ou la présentation du Musée de la Résistance et de la déportation en 1974.
Ses obsèques furent civiles. Il fut incinéré.
Par Jacques Girault
ŒUVRE : Le fichier de la Bibliothèque nationale comporte 44 titres. Dans la Bibliothèque du Travail :
« Les anciennes mesures » en 1934, « La houille blanche » en 1947, « Aristide Bergès et la houille blanche » en 1948, « L’Aluminium » en 1951, « L’énergie nucléaire » en 1952, « Histoire de la lame de rasoir » en 1952, « Le sang et la transfusion sanguine » en 1956 , « Irène Joliot-Curie » en 1957, « Le château qui roule » en 1958, « Les satellites artificiels » en 1958, « Frédéric Joliot-Curie » en 1959, « Sur les voies de l’univers » en 1959, « Pérouges, cité médiévale » en 1960, « La vision » en 1960, « Le papier » en 1962, « La radiologie » en 1962, « Génia écolier soviétique » en 1963, « La lumière » en 1963, « Les cadres solaires » en 1965, « Les sources de l’histoire. La Vie rurale au XVIIIe siècle au travers des mentions marginales dans le département de l’Isère » en 1965, « Jean Moulin » en 1966, « La bataille du Vercors » en 1966, « Le rayon laser » en 1966, « Paul Langevin et la physique moderne » en 1966, « Les Jeux olympiques d’hiver. Grenoble 1968 » en 1967, « L’homme dans l’espace » en 1967, « Pierre et Marie Curie » en 1968) ; il collabora à plusieurs numéros des Cahiers EDSCO (« Les animaux domestiques » en 1956, « Le pétrole » en 1956, « La morale » avec Lucien Sève* en 1966)
SOURCES : Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé en 1975, par le fils de l’intéressé et par Jean Billet.