AUDINET Eugène

Audinet fut d’abord ouvrier aiguiseur à la Manufacture d’armes de Châtellerault ; retraité, il tint un café-restaurant à Châtellerault, avant de venir à Poitiers (Vienne) vers 1900, où il fut employé aux PTT.

Audinet fut un des membres fondateurs du Groupe d’études sociales de Châtellerault en 1880 ; ce groupe adhéra à la FTSF en 1882 et lui demeura fidèle en 1890 lors de la scission allemaniste.

Il fut un militant actif jusqu’à la Première Guerre mondiale. En 1888, un des cinq candidats socialistes aux élections municipales de Châtellerault, il recueillit personnellement 769 voix. En 1892, il en obtint 2 013 et fut un des neuf élus socialistes à l’Hôtel de Ville où il fut maintenu en 1896 par 1 840 électeurs. En 1900, il ne se représenta pas : il avait dû aller s’installer à Poitiers où il devint, en 1908, secrétaire de la Bourse du Travail. Il conserva cette fonction jusqu’en 1932. Au congrès de Paris, salle Wagram (1900), auquel il assista, il portait les mandats des Chambres syndicales de l’Alimentation et des Cuirs et Peaux de Châtellerault. En 1911, il représenta la Fédération socialiste SFIO de la Vienne au congrès national de Saint-Quentin. À l’issue du congrès constitutif de l’Union départementale des syndicats ouvriers de la Vienne — 9 novembre 1913 — il fut élu secrétaire général.

Après la Première Guerre mondiale, Eugène Audinet fut secrétaire de l’Union départementale CGT de la Vienne et membre du Comité confédéral. Il dirigea les grèves de juin 1919 mais s’opposa à la grève générale du 21 juillet. Favorable à la majorité confédérale, Audinet garda son influence dans l’UD : au congrès du 10 juillet 1921, la motion majoritaire groupa quarante-huit voix, celle des minoritaires vingt-cinq (selon Le Prolétaire de la Vienne ou dix-sept selon Le Peuple). Le congrès du 12 février 1922 dut tirer les conséquences de la scission nationale : sur vingt-cinq syndicats, dix-sept votèrent pour le maintien à la CGT, six pour la CGTU (Chauvigny, Manufacture d’armes de Châtellerault, syndicats cheminots de Loudun et Poitiers, syndicat de l’Enseignement) les deux autres s’abstinrent. Audinet resta secrétaire de l’UD-CGT jusqu’en 1929 au moins. À cette dernière date, son organisation groupait trente syndicats.

Audinet fut toujours hostile à la CGTU et sa disparition coïncida avec les premiers essais de rapprochement entre les deux Confédérations.

Thierry Thomas nous signale à propos de la date de naissance du 23 décembre 1852.à Châtellerault : "Il n’y a pas de naissance d’Audinet à cette date. Entre 1843 et 1862 je n’ai trouvé à Châtellerault qu’un seul Eugène Audinet fils de Jean baptiste, maçon, et né le 14 février 1843"