HERMANGE Camille, Joseph, Marie

Par Jacques Cousin, Jacques Girault

Né le 14 juin 1921 à Soulgé-le-Bruant devenu Soulgé-sur-Ouette (Mayenne), mort le 9 mars 2007 à Clamart (Hauts-de-Seine) ; instituteur ; résistant ; militant de la section mayennaise du SNI ; militant de l’Association nationale des communautés d’enfants à Paris

Camille Hermange dans les années 1990
Camille Hermange dans les années 1990

Camille Hermange était fils d’un ouvrier menuisier-charpentier et d’une mère tenant une épicerie-mercerie, qui lui firent donner une instruction catholique. Il avait deux sœurs plus jeunes. Il fréquenta l’école primaire laïque puis l’école primaire supérieure d’Ernée de 1933 à 1938, et entra à l’École normale d’instituteurs de Laval (Mayenne) en 1938. Pendant l’année scolaire 1940-1941, les bâtiments étant occupés par l’armée allemande, les normaliens furent hébergés dans des familles. En février 1941, après avoir passé avec succès le brevet supérieur, il fut envoyé en stage dans de petites écoles rurales de la Mayenne. Enfin, pour terminer l’année scolaire, il effectua un stage à l’École nationale d’agriculture de Rennes.

Pendant la guerre, Camille Hermange fut nommé à Sainte-Suzanne (Mayenne) où il exerça successivement comme adjoint puis directeur en 1941. Dès 1942, sur sa proposition, toujours à Sainte-Suzanne, l’Office départemental des pupilles de la Nation ouvrit dans une partie des locaux des écoles un centre de repliement qui accueillit jusqu’à 60 enfants, dont des enfants juifs, réfugiés provenant notamment de Nantes et Saint-Nazaire.

En juillet 1943, participant dans une forêt bretonne à un stage clandestin d’animateurs de vacances en compagnie des responsables nationaux du mouvement, il échappa à une rafle organisée par les Allemands à la recherche des réfractaires du Service du travail obligatoire dont il était. Il appartint au groupe de résistance Evron-Sainte-Suzanne, à partir de décembre 1943 et participa, sous les ordres de Joseph Brochard, chef des « groupes mobiles franco-anglais de la Mayenne », aux différentes actions organisées (parachutages notamment). Le 7 août 1944, au moment de la libération de Sainte-Suzanne par l’armée américaine, il porta secours aux premiers soldats alliés blessés qui stationnaient sur la place du Champ de foire.

Après six mois de mobilisation dans un régiment du Train en Allemagne Camille Hermange, aspirant, fut détaché quelques temps au Ministère de la Guerre pour assurer la liaison avec la Jeunesse et les Sports. Revenu à la vie active, il fut nommé comme chargé d’école à Meslay-du-Maine (Mayenne). Il s’y maria religieusement à l’église en mars 1947 avec une employée des PTT. Le couple eut trois enfants.

Hermange fut élu au conseil syndical de la section mayennaise du Syndicat national des instituteurs le 28 novembre 1950, par 505 voix sur 576 suffrages exprimés.
Le ministère de l’Éducation nationale ayant débloqué 100 postes budgétaires pour doter les œuvres complémentaires de l’école publique, il fut affecté à Paris, le 1er décembre 1951, comme directeur administratif de l’Association nationale des communautés d’enfants. Il le resta jusqu’en 1982. Son rôle de conseiller technique au sein de l’association le conduisit par la suite à œuvrer à la création de nombreuses œuvres laïques et à l’ouverture de nouvelles maisons spécialisées dans l’accueil des enfants et adolescents présentant un handicap ou une inadaptation. En 1969, l’ANCE regroupait 507 établissements affiliés représentant 32 940 lits.

Camille Hermange collaborait avec la direction nationale du SNI en rédigeant notamment une étude historique critique de la législation dans un article de L’École libératrice, le 4 novembre 1960, sous le titre « La protection de l’enfance et de l’adolescence en danger » à la veille des journées d’études sur l’enfance inadaptée. A nouveau la revue du SNI, la 15 février 1963, publia son rapport aux dernières journées sur « la protection de l’enfance ».

Entre temps, il apporta également sa collaboration pour l’administration d’établissements accueillant des enfants victimes de la guerre et resta, depuis la fin des hostilités, conseiller du comité national des œuvres sociales de la Résistance. En tant que membre du Conseil national consultatif, il participa aux commissions qui travaillèrent à la mise au point des lois, décrets et circulaires de 1975 sur l’enfance handicapée. Militant au sein de nombreuses associations laïques, il fut notamment élu trésorier puis vice-président de la Fédération générale des associations départementales des pupilles des écoles publiques jusqu’en 1988, administrateur du centre technique national d’études et de recherches sur les handicaps et les inadaptations.

Au niveau international, Camille Hermange fut, dès 1952, un militant actif de la Fédération internationale des communautés d’enfants créée par l’UNESCO, quatre ans plus tôt à Troguen (Suisse). Entre 1961 et 1969, chargé de mission auprès du gouvernement tunisien, il participa à l’élaboration de la réglementation des maisons d’enfants ainsi qu’à l’animation de stages d’éducateurs près de Tunis. Il rédigea un guide des personnes handicapées dans le cadre de l’ANCE, ouvrage repris avec la collaboration de plusieurs associations laïques regroupées au sein du Comité de coordination des œuvres mutualistes et coopératives de l’Education nationale et diffusé par les éditions SUDEL. Il dirigea la revue Communautés éducatives de 1972 à 1982 et participa, en compagnie de deux inspecteurs généraux de l’éducation nationale Jean Petit et Jean Lhéritier à la rédaction du livre Les enfants et adolescents inadaptés et l’Éducation nationale aux éditions Armand Colin. Il fut chargé de cours et de conférences sur l’enfance inadaptée (législation, réglementation, structures) aux centres de formation des inspecteurs primaires à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, des instituteurs spécialisés, des directeurs d’établissements spécialisés pour l’enfance handicapée ainsi qu’à l’École nationale de la santé publique. Il fut le trésorier de l’œuvre des Pupilles de l’Ecole Publique, du Centre Technique National pour les Handicapés. Membre du Comité national consultatif des personnes handicapées jusqu’en 1990, il participa à la rédaction de la première loi fondamentale sur le handicap en 1975. Il dirigea l’étude sur la reconversion des établissements du secteur social et médico-social dans le cadre du Centre technique national d’études et de recherches sur le handicap et les inadaptations en 1982. Pour le CTNERHI, il publia, avec Annie Triomphe, à partir de 1992 un guide Personnes handicapées : droits et démarches régulièrement mis à jour qui se prolongea par la publication Droits des personnes handicapées.

En 1999, retraité, Camille Hermange, qui habitait Le Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) depuis 1954, y militait, dans des associations d’anciens combattants et d’anciens résistants. Il présida de 1999 à 2007 l’amicale locale des Anciens combattants, Résistance et FFI. Il était aussi le vice-président du Syndicat d’initiative et un administrateur de la Caisse des écoles. Il publia aussi des articles sur l’histoire et la mémoire de la commune. Lors de ses obsèques religieuses, le 14 mars au Plessis-Robinson, un hommage lui fut rendu, entre autres, par le responsable du Groupe de recherche et d’action médicale, éducative et sociale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87894, notice HERMANGE Camille, Joseph, Marie par Jacques Cousin, Jacques Girault, version mise en ligne le 4 mai 2010, dernière modification le 31 octobre 2021.

Par Jacques Cousin, Jacques Girault

Camille Hermange dans les années 1990
Camille Hermange dans les années 1990

SOURCES - Arch. Dép. Mayenne, La Voix Syndicale. — Archives de l’École normale d’instituteurs de Laval (Mayenne). — Bulletin départemental de l’éducation nationale, tableau de classement, 1951. — SHD, Vincennes GR 16 P 291463. — Témoignage et archives privées de Camille Hermange. – Note de Jean Deygout.

ICONOGRAPHIE : Photographie de Camille Hermange dans les années 1990.

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