INGUENAUD Claude, Françoise, Colette

Par Pierre Bonnaud, Jacques Girault

Née le 25 janvier 1936 à Aix-les-Bains (Savoie) ; professeure de lettres modernes ; militante syndicaliste du SNES ; militante communiste en Ardèche, adjointe au maire d’Annonay.

Claude Inguenaud, fille unique, vécut sa petite enfance à Aix-les-Bains où son père, Raoul Inguenaud, dit Lespérance, et son épouse (née Jeanne Robert) étaient employés dans le commerce hérité des grands-parents maternels Lévy. L’affaire périclita en 1935 et Raoul Inguenaud exerça différentes professions d’employé, dont aide-comptable. Les parents de Claude Inguenaud, sympathisants communistes, de conviction laïque, la tinrent à l’écart de toute éducation religieuse.

Son père, en partance pour l’Indochine alors que la Seconde Guerre mondiale venait d’éclater, fut immobilisé à Brazzaville, en Afrique équatoriale française ralliée à la France Libre en 1940. Il y demeura pendant toute la guerre comme agent contractuel des douanes. Sans nouvelles de son époux, la mère de Claude Inguenaud demeura à Aix-Les-Bains avec sa fille, effectuant des petits travaux (couture, tricot, garde d’enfants) pour gagner leur vie. Inquiète devant les mesures antisémites du gouvernement de Vichy, elle aida les propriétaires de sa résidence à cacher des familles juives. En 1945, lorsque les parents de Claude Inguenaud se retrouvèrent, ils s’installèrent à Paris : Raoul Inguenaud fut embauché comme aide-comptable par un membre de sa famille, dans une société d’assurances. Agée de dix-neuf ans, elle perdit à six mois d’intervalle ses parents.

Claude Inguenaud, élève de l’École normale d’institutrices des Batignolles à Paris, membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1954, fut nommée institutrice à Paris en 1956. Inscrite à la Sorbonne, elle fut reçue aux IPES et adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire en 1961. Elle obtint une licence, un diplôme d’études supérieures de lettres modernes et le CAPES. Nommée en 1964 à Saulieu (Côte-d’Or), elle adhéra au Parti communiste français dont l’un des principaux animateurs était un collègue agrégé d’Histoire, Jean-Claude Martinet*.

En 1967, Claude Inguenaud obtint sa mutation pour le lycée Boissy d’Anglas à Annonay (Ardèche) où elle se fixa définitivement. Elle participa au mouvement de mai-juin 1968 et à l’occupation de son établissement. Les responsabilités syndicales et politiques affluèrent. Elles ne l’empêchèrent pas de préparer et d’obtenir l’agrégation de lettres modernes en 1970.

Secrétaire de la section syndicale (S1) du Syndicat national des enseignements de second degré du début des années 1970 à 1976, Claude Inguenaud devint en 1971 membre de la commission administrative de la section départementale de la Fédération de l’Education nationale à majorité Unité et Action, puis participa au bureau départemental dans les années 1970. Membre de l’Association française des enseignants de Français, elle militait aussi à la Fédération des œuvres laïques et participa à son conseil d’administration départemental.

Secrétaire de la cellule communiste du quartier populaire de Ripaille dans lequel se trouvait son établissement, Claude Inguenaud devint membre du comité de la section communiste à la fin des années 1960. Elle entra au comité de la fédération communiste en 1968 et, à partir de 1971, fut chargée du travail parmi les femmes et du suivi des écoles des sections. Elle suivit l’école centrale d’un mois du PCF (juillet 1973). Elle fit partie du bureau fédéral en 1974, puis redevint simple membre du comité fédéral jusqu’en 1989. Elle resta membre du comité et du bureau de la section d’Annonay et l’était toujours en 2010. Membre de l’Union des femmes françaises, elle militait au Mouvement de paix.

Claude Inguenaud, chef de file des candidats communistes aux élections municipales d’Annonay en mars 1977, fut élue sur une liste d’union de la gauche à direction socialiste. Elle devint adjointe au maire socialiste Jean Parizet. Chargée des affaires scolaires et culturelles, elle impulsa l’action municipale pour les écoles publiques, fut à l’initiative des journées « Vendémiaire », festival interculturel où se retrouvaient les différentes communautés immigrées d’Annonay (maghrébine, turque, portugaise, cambodgienne). Elle agit pour la restauration du théâtre d’Annonay, et avec l’association du Fonds vivarois, œuvra pour commencer la restauration de la chapelle Sainte-Marie (devenue une salle d’expositions) et sauvegarder les ruines de l’église Saint-Clair. En 1983, elle fut réélue mais resta simple conseillère municipale, la nouvelle majorité étant de droite.

Claude Inguenaud fut candidate aux élections législatives dans la deuxième circonscription (Tournon) en 1978, traditionnellement détenue par la droite. Elle obtint 7 300 voix (troisième position) sur 67 370 inscrits et le candidat sortant fut réélu au premier tour. Elle fut à nouveau candidate en 1980 (élection partielle) et en 1981. Dans cette dernière élection, elle obtint au premier tour 4 369 voix (9,05 % des suffrages exprimés). Elle fut candidate au conseil général dans le canton d’Annonay-Sud en 1979 et en 1985.

Retraitée en 1996, Claude Inguenaud s’occupait activement du comité local du Secours Populaire Français. Célibataire, elle résidait toujours à Annonay, sa ville d’adoption.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87921, notice INGUENAUD Claude, Françoise, Colette par Pierre Bonnaud, Jacques Girault, version mise en ligne le 5 mai 2010, dernière modification le 3 juillet 2021.

Par Pierre Bonnaud, Jacques Girault

SOURCES : Archives du comité national du PCF. – Presse nationale. — Le Progrès, 1er mars 1978 et 22 juin 1981. – Renseignements apportés par Jaime Llovet, ancien trésorier de la section PCF d’Annonay. — Entretien avec Claude Inguenaud.

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