GOS Aimé, Louis

Par André Balent

Né le 15 septembre 1912 au moulin d’Embayourt (commune d’Engraviès, Ariège), mort le 19 décembre 1997 à Pamiers (Ariège) ; meunier, militaire puis ouvrier métallurgiste ; militant communiste ; résistant dans l’Ariège, commandant puis commandant adjoint du camp du Vernet-d’Ariège (Ariège).

Le père d’Aimé Gos naquit en 1866. C’était un meunier du Pays de Foix, fils de meunier dont les parents, d’abord propriétaires d’un moulin à vent près de Pamiers (Ariège) acquirent ensuite le moulin à eau d’Embayourt en 1882 ou 1883, dans la commune d’Engraviès rattachée à celle de Dun en 1972. Les villages de la vallée du Douctouyre comme Dun et d’Embayourt, dans, le Pays d’Olmes, étaient déjà acquis à la gauche qui était devenue influente dans le milieu paysan. Sa mère, Rosalie Ormière, âgée de trente-six ans en 1912, était la fille de métayers. Ils se marièrent en 1904 et n’eurent qu’un seul fils, Aimé Gos. Son enfance fut heureuse et sans histoire. Son père, atteint par l’asthme des meuniers mourut lorsqu’il eut vingt ans, l’obligeant à prendre en main la gestion du moulin.

Aimé Gos fut appelé pour effectuer son service militaire à partir d’octobre 1933 à Agen (Lot-et-Garonne) dans un régiment d’artillerie coloniale. Il n’y resta que quinze jours, étant temporairement réformé. Il fut rappelé en octobre 1934 et libéré de ses obligations militaires en octobre 1935. Il estima plus tard que cette expérience militaire l’avait rendu antimilitariste et qu’il l’est demeuré en dépit de son passage dans les rangs des FTP. Lorsqu’il quitta le régiment, il fut de ceux qui arborèrent ostensiblement une cravate rouge. Déjà très à gauche, il fut très sensible à la dynamique du Front populaire, et de retour à la vie civile, il participa à la création d’un cellule communiste paysanne d’environ douze adhérents.

Aimé Gos se maria à Dun (Ariège), le 12 août 1939 avec Marguerite Marie Louise Bonnefont, fille d’un facteur rural née le 21 avril 1920 à Dun. Ils eurent trois enfants : Paul (1941), Michèle (1943) et Daniel (1946).

Mobilisé, en septembre 1939, il gagna tout d’abord son régiment à Agen puis vécut sans enthousiasme la « drôle de guerre ». Démobilisé, il regagna son moulin. Avec sa femme, il hébergea un couple de Juifs, à la fin de 1940 et, lorsqu’il fut brièvement secrétaire de la mairie d’Engraviès, à la fin de 1943 au début de 1944, il fit bénéficier la tante de ces derniers, réfugiée à Dun de septembre 1943 à septembre 1944 de tickets d’alimentation. Il s’est opposé à l’enlèvement du buste de Marianne de la mairie d’Engraviès et convainquit le maire de le laisser en place : il y resta jusqu’à la Libération.

Aimé Gos fut un actif résistant. Dès le début du printemps de 1943, il participait, selon son témoignage écrit, à la réception d’armes parachutées près de Rieucros (Ariège).Par la suite d’autres parachutages eurent lieu, mais, le plus souvent, les FTP et les guerrilleros espagnols (de l’AGE) n’en profitaient pas, ce que déplorait Aimé Gos qui ne manqua pas de souligner l’ostracisme dont était victimes les résistants de la mouvance communiste. Le moulin des époux Gos devint un centre de ralliement pour les résistants fugitifs venant de Lavelanet (Ariège) ou de Laroque d’Olmes (Ariège)et ce malgré le contrôle économique tatillon des autorités françaises qui, en effectuant des réquisitions de farine, aurait pu aussi dévoiler le rôle du moulin dans la mise en place d’un embryon de maquis. FTP légal, Aimé Gos était en contact avec Amilcar Calvetti* alias « Louis », un communiste héraultais d’origine italienne, cadre des FTP qui avait transité par la Haute-Savoie, le Gard et les Pyrénées-Orientales avant d’être affecté en Ariège. Il était aussi en liaison avec le Catalan André Lacoste* cadre du PC clandestin et des FTP, affecté lui aussi en Ariège. Au début de juin 1944, il participa à une action de sabotage de l’usine métallurgique de Pamiers qui contribuait à l’effort de guerre du Reich.

Le 6 juin 1944, peu après le débarquement, Calvetti, commandant de la 1e compagnie des FTPF de l’Ariège installa son état major au moulin d’Embayourt, avec l’appui des FTP « légaux », et lança un appel à l’insurrection. Cent cinquante hommes avaient, au soir du 7 juin, rejoint le maquis qu’il avait été décidé d’établir près de Vira (Ariège), à proximité du moulin des époux Gos. Dès le lendemain commençaient des coups de main contre la ligne de chemin de fer Toulouse - Latour-de-Carol (7 juin), à Varilhes, contre l’école de gendarmerie, caserne Sarrut, à Pamiers (8 juin), puis contre les gendarmeries de Rieucros et de Mirepoix (9 juin)(. Ce même jour commença l’attaque du maquis de Vira, le moulin d’Embayourt étant l’un des principaux objectifs. De violents combats opposèrent les FTP (dont Aimé Gos, désormais l’un des chefs du maquis) aux Allemands et à la Milice ; ils se poursuivirent jusqu’au 11 juin. Le moulin d’Embayourt fut détruit. Marguerite Gos put échapper aux assaillants. Dans les villages voisins (Vira, Merviel, Rieucros) il y eut des victimes des combats et des représailles (assassinats, tortures). Aimé Gos et quelques maquisards se réfugièrent dans des forêts, étant ravitaillés par des paysans. Avec des guerrilleros, ils firent des coups de main contre les forces d’occupation et leurs amis du crû. Un violent combat eut également lieu à Roquefixade, près de Foix les 6 et 7 juillet 1944 pendant lequel 16 maquisards FTP ou guerrilleros furent tués. Au début du mois d’août, Amilcare Calvetti le nomma « inspecteur des maquis », poste occupé un moment par André Lacoste*. Le 12 août 1944, il participa à la Libération de Pamiers. Le 21 août 1944, il commandait quinze FTP qui, dans les derniers combats de la Libération de l’Ariège à Castelnau-Durban, obtinrent la capitulation du chef de la colonne allemande. Le 24 août 124, Calvetti le nommait commandant du camp du Vernet-d’Ariège qui avait abrité depuis 1939 de nombreux « indésirables » mais qui, depuis la Libération, abritait des prisonniers allemands, de miliciens et des collaborateurs. En novembre 1944, un commandant non issu des FFI fut nommé, Gos devenant son adjoint et le restant jusqu’en avril 1946.

Il quitta l’armée au début de 1947. Embauché à l’usine métallurgique de Pamiers, il y travailla jusqu’à sa retraite, en 1974.

Paul Gos, fils aîné d’Aimé fut à l’origine, en 2007, de la création d’un sentier des maquis ariégeois, long de 50 km qui permet, entre autres, de parcourir les lieux où se déroulèrent les combats de Vira et de Roquefixade.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87955, notice GOS Aimé, Louis par André Balent, version mise en ligne le 9 mai 2010, dernière modification le 13 avril 2020.

Par André Balent

ŒUVRE : a écrit des Mémoires inédites, abondamment utilisées par Olivier Nadouce, qui en a publié des extraits in : op. cit., 2008, dans les sources.

SOURCES : Olivier Nadouce, L’Ariège, terre de résistance. La bataille de Vira, Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2008, 157 p. [Outre le témoignage écrit d’Aimé Gos, publié partiellement, de nombreux témoignages oraux d’acteurs et de témoins des événements de juin-août 1944 dans le Pays d’Olmes (dont celui de Marguerite Gos) figurent dans cet ouvrage]. — État civil d’Engraviès, acte de naissance d’Aimé Gos et mentions marginales.

ICONOGRAPHIE : in Nadouce, op. cit., 2008, nombreuses photographies d’Aimé Gos et de sa femme Marguerite : p. 17, p. 36, p. 42, p. 44, p. 138.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable