RIBOT Jean [Pyrénées-Orientales]

Par André Balent

Né le 21 février 1902 à Puigcerdà (province de Gérone, Espagne) ; mort le 25 novembre 1982 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; commis épicier, jardinier, employé des contributions indirectes ; militant socialiste SFIO en Cerdagne ; franc-maçon ; conseiller municipal d’Err (Pyrénées-Orientales).

Jean Ribot naquit à Puigcerdà, petite ville de Cerdagne espagnole, limitrophe de la France. Son père, Étienne Ribot, était originaire de Ger (province de Gérone), en Cerdagne espagnole. Jardinier à Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales), commune française qui forme une même agglomération avec Puigcerdà, il fut naturalisé français avec sa famille. Sa mère, Julie Cabanas était native de Montellà, en Cerdagne espagnole, mais dans la province de Lérida.
Domicilié à Bourg-Madame, il y fit des études primaires jusqu’à l’obtention du certificat d’études. Il travailla comme commis épicier à La Bourboule (Puy-de-Dôme), Lyon (Rhône), Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il revint en Cerdagne, à Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales) où il fut employé comme jardinier dans une grande demeure, « Le Pré catalan », propriété d’un enfant du village, Henri Ramonatxo, qui avait fait fortune à Marseille. Jean Ribot, embauché au moment de la construction, dessina et réalisa un splendide jardin « à la française ». Entre temps, en 1922-1923, il avait effectué son service militaire dans l’aviation à Pau (Basses-Pyrénées).

À partir des années 1930, il fit carrière dans les Contributions indirectes. Il débuta dans le Pas-de-Calais. Après un stage à Paris, il occupa divers postes à Besançon (Doubs), Montpellier (Hérault), Nîmes (Gard) et Béziers (Hérault) avant d’être muté à Bourg-Madame. De retour à Bourg-Madame, il fut un des animateurs de la sections socialiste SFIO avec Jean Salvat*. Il participa à la mise en place du Front populaire, à partir de 1935. De 1936 à 1939, son activité fut intense puisque Bourg-Madame se situait aux premières loges des événements qui se déroulèrent à Puigcerdà, pendant la Guerre Civile espagnole, surtout entre juillet 1936 et mai 1937. Ces événements vécus intensément en Cerdagne française, développa les tensions politiques à Bourg-Madame, dont le maire modéré, Thomas Casals évolua rapidement vers l’extrême droite. Les socialistes de Bourg-Madame firent reculer l’influence de Barthélemy Lledos*, maire d’Err et président du conseil d’arrondissement de Prades (1931-1937) : le congrès cantonal de la SFIO, réuni à Bourg-Madame le 13 septembre 1937, imposa la candidature de Jean Salvat et de Jean Ribot à la place de celle de Lledos. Ribot et son colistier affrontaient Thomas Casals et Michel Aris, officiellement « républicains URD » qui furent élus avec 712 et 731 voix. Ribot et Salvat obtinrent respectivement 358 et 352 voix, mais avaient la concurrence des communistes Sauveur Rougé* et François Vidal*. En 1938, Jean Ribot était le secrétaire de la section socialiste de Bourg-Madame, en majorité composée de sympathisants de la Gauche révolutionnaire qui, après le congrès de Royan, demeurèrent dans la SFIO. La section prit l’initiative de créer une union locale de sections en Cerdagne. Il essaya d’effectuer un travail d’implantation en Cerdagne, se rendant, avec Marianne Rauze [Marianne Comignan]*, propagandiste fédérale, une section dans un village reculé comme Valcebollère dont le maire, Iglesis, appuya la création d’une section de la SFIO. Dès cette époque, Jean Ribot était, selon le témoignage de son frère, un franc-maçon « actif », sans doute du Grand Orient.

Le 1er juillet 1939, il fut muté à Montpellier. Mobilisé en 1939-1940 à la base d’Istres (Bouches-du-Rhône), il fut licencié des Contributions indirectes, au double motif de franc-maçon et de naturalisé. À la Libération, sa carrière reprit à Montpellier (ou à Nîmes ?) jusqu’à ce qu’il obtint sa mutation à Bourg-Madame où il demeura jusqu’à sa retraite. En poste à Bourg-Madame, il habitait Err dont il fut conseiller municipal. À la retraite, il partagea son temps entre Err et Prades (Pyrénées-Orientales). Bien qu’il conserva ses convictions jusqu’au bout, il n’eut plus d’activités militantes après 1945, adhérant à unsyndicat et, pendant quelque temps à la SFIO.

Jean Ribot était marié avec Madeleine Bernard, fille d’un cheminot toulousain. Ils n’eurent pas d’enfants. Il fut enterré civilement à Prades.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87973, notice RIBOT Jean [Pyrénées-Orientales] par André Balent, version mise en ligne le 14 mai 2010, dernière modification le 20 juin 2011.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 3 M 382, élections aux conseils d’arrondissement, 1937. — Registres de l’état civil de Puigcerdà. — André Balent, « Frontière, négoce, contrebande, espionnage et politique : un notable cerdan de la première moitié du XXe siècle, Barthélemy Lledos (1884-1951) », Études roussillonnaises, XIV, Canet, 1996, pp. 129-150 [p. 141]. — Marthe Ramonatxo-Stokvis, « Le Pré catalan » in Bernadette Truno (dir.), La Tour-de-Carol anys enrera. Souvenirs retrouvés, Nice, Imprimerie toscane, 2e édition, 2004, pp. 80-81. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 16 septembre 1937, 8 septembre 1938. — Entretien avec Raymond Ribot, frère de l’intéressé, Bourg-Madame, 29 août 1984. — Entretien avec Jean Salvat, militant socialiste de Bourg-Madame, Bourg-Madame, 24 août 1984.

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