HUSSON Gaston, Charles, Henri

Par Didier Bigorgne

Né le 25 mai 1920 à Levrézy (Ardennes), mort le 21 novembre 1997 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; instituteur, puis professeur de collège ; syndicaliste, militant socialiste et associatif ; secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes des Ardennes (1946-1951) et dirigeant du Parti socialiste SFIO des Ardennes( 1950-1958) ; secrétaire général de la section des Ardennes de la FEN (1950-1973) et du SNI (1955-1973) ; maire adjoint de Bogny-sur-Meuse (1971-1989).

Gaston Husson et ses élèves
Gaston Husson et ses élèves

Fils de Paul Husson, forgeron à la main, et de Berthe Dominé, sans profession, Gaston Husson avait un frère jumeau. Après avoir fréquenté le cours complémentaire de Château-Regnault (Ardennes), il réussit le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Charleville en 1937. Chassé par la guerre, il évacua dans le département des Deux-Sèvres où il termina ses études à l’École normale de Parthenay. De retour au pays, il obtint son premier poste d’instituteur à Braux. Il l’occupa jusqu’en 1947, avec une interruption de mars 1943 à mai 1945 pour cause de déportation en Allemagne au titre du STO. Le 1er février 1947, à Château-Regnault, il épousa Yvette Hennart, sans profession, petite-fille du syndicaliste Théophile Sauvage fondateur de l’Union des syndicats des Ardennes en 1907 et de la Bourse du travail à Monthermé en 1911 ; de cette union naquirent deux filles. Gaston Husson enseigna ensuite dans les villages de Remilly-les-Pothées et d’Houldizy (en 1951 où il projeta des films pour les habitants), puis à Charleville-Mézières à l’école de garçons Bel Air où il termina sa carrière professionnelle en qualité de PEGC (professeur d’enseignement général de collège).

Gaston Husson était né dans une famille ouvrière de tradition socialiste. Son père, lieutenant volontaire du corps local des sapeurs-pompiers et membre du Parti socialiste SFIO avait été conseiller municipal de Braux de 1925 à 1940, puis maire du 29 janvier au 8 mai 1945. Sans doute influencé par les idées politiques et le sens du dévouement de son père, Gaston Husson avait adhéré aux Jeunesses socialistes en 1936. Après la Seconde Guerre mondiale, il devint secrétaire à la propagande des Jeunesses socialistes des Ardennes lors du congrès départemental qui se tint à Charleville le 16 décembre 1945. Au congrès du 22 décembre 1946, il fut élu secrétaire fédéral, fonction qu’il occupa jusqu’en 1951. Secrétaire de la section socialiste de Lonny depuis 1949, Gaston Husson fut membre de la commission exécutive du Parti socialiste SFIO des Ardennes de 1950 à 1958 ; il siégea au bureau fédéral en 1952. Pendant toutes ces années, il tint une rubrique régulière dans le journal fédéral Le Réveil Ardennais sous le pseudonyme de Poléon. Après avoir participé au 42e congrès national du 26 au 29 juin 1950, il représenta son parti (avec Guy Desson, Camille Titeux et Camille Lassaux) aux élections législatives du 17 juin 1951 : il obtint 27 690 voix (pour une moyenne de liste de 28 725 voix) sur 150 894 inscrits et 126 225 votants. Avec 114 203 suffrages, le Parti socialiste SFIO arriva en deuxième position derrière le Parti communiste, mais il eut deux élus (Desson et Titeux) en raison du système des listes apparentées. En désaccord avec la politique de Guy Mollet à partir du 13 mai 1958, Gaston Husson quitta le Parti socialiste SFIO après la tenue du congrès national d’Issy-les-Moulineaux (11 au 14 septembre 1958) qui se prononça pour le « oui » au référendum du 28 septembre suivant.

L’engagement politique de Gaston Husson le conduisit à s’investir dans le syndicalisme enseignant. Il y connut une ascension rapide et durable. Membre de la commission des Jeunes de la section ardennaise du Syndicat national des instituteurs, il fut élu au comité syndical le 7 octobre 1948 sur la liste de la majorité autonome. L’année suivante, il entra à la commission administrative de la section des Ardennes de la Fédération de l’Éducation nationale Après le départ de Jean Lépine, Gaston Husson lui succéda au poste de secrétaire général le 28 octobre 1950, pour occuper cette fonction jusqu’en 1973. Le 22 novembre 1951, il devint secrétaire général adjoint de la section des Ardennes du SNI, responsabilité qu’il exerça jusqu’à son élection au poste de secrétaire général en octobre 1955. Il conserva aussi ce mandat jusqu’en 1973. Il fit partie de la commission d’organisation des débats lors du congrès national du SNI en juillet 1957 et signa les motions d’orientation présentées par la majorité pour les congrès du SNI en 1961, en 1962, en 1964 et en 1965. Lors du congrès du SNI, le 14 juillet 1965, il fut assesseur lors de séance consacrée aux lois et textes antilaïques introduite par un rapport de René Dervout*. Il fut secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’éducation nationale de 1950 à 1973.

Homme de conviction, Gaston Husson, participa à toutes les grandes luttes menées par le SNI et la FEN : il fut membre du Comité départemental d’action laïque, il milita pour la paix en Algérie ce qui lui valut d’être condamné à mort par l’OAS, il prit position contre la guerre au Vietnam. Homme d’action, il fut avec les dirigeants ardennais de l’UD-CGT et de l’UD-CFDT à l’initiative de la manifestation du 13 mai 1968 « Pour que vivent les Ardennes » qui se transforma en grève générale pour condamner la répression policière contre les étudiants dans les rues de Paris et qui rassembla cinq mille personnes à Charleville-Mézières. Homme de consensus enfin, Gaston Husson s’efforça de maintenir de bonnes relations entre la majorité socialisante UID (Unité, Indépendance, Démocratie)à laquelle il appartenait et le courant minoritaire Unité et Action ; celles-ci se concrétisèrent avec la constitution d’une liste unitaire lors des élections du 11 mai 1967 pour le renouvellement de la commission administrative de la section départementale de la FEN.

Parallèlement à ses activités politiques et syndicales, Gaston Husson exerça de nombreuses responsabilités dans des associations laïques. Membre des Amis de l’Enfance ouvrière, organisme dépendant du Parti socialiste SFIO assisté par les Jeunesses socialistes, il dirigea, à partir de l’été 1946, la colonie de vacances de Pauvres (Ardennes) qui accueillait quelque trois cents enfants ardennais dans les bâtiments d’une ancienne base de radars construite par les Allemands en 1942. Délégué départemental de l’UFOVAL (Union française des organismes de vacances de l’action laïque) de 1958 à 1972, il assuma également le secrétariat des JPA (Jeunesse au Plein Air), des comités d’accueil des Pupilles de l’École publique et de l’OCCE (Organisme de coordination des coopératives scolaires). Enfin, il s’occupa des séjours de vacances pour les enfants au sein de la Ligue de l’enseignement. Dans le même temps, Gaston Husson se consacra au militantisme mutualiste. Il fut administrateur de la section des Ardennes de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale de 1956 à 1973.

À partir de 1971, Gaston Husson se retrouva dans une situation aussi difficile qu’inattendue. À la suite des élections pour le renouvellement de la commission administrative de la Fédération des œuvres laïques des Ardennes, une nouvelle équipe composée de militants issus des FJEP (Foyers des jeunes d’Éducation populaire) arriva à la direction de l’association laïque et reprocha rapidement à Gaston Husson une confusion, dans le fonctionnement et la gestion, entre l’UFOVAL et la FOL. Après des mois de querelles intestines, le conflit s’envenima et devint public ; les attaques et les soupçons eurent raison de Gaston Husson qui quitta son poste de délégué départemental de l’UFOVAL en 1972. Il ne tarda pas à abandonner ses responsabilités syndicales : au mois de février 1973, il démissionna de ses fonctions de secrétaire général des sections ardennaises du SNI et de la FEN.

Mis à la disposition de l’Inspection académique des Ardennes, Gaston Husson partit à la retraite en 1975. Il devint alors correspondant du journal L’Ardennais pour la rubrique locale de Bogny-sur-Meuse où il était installé depuis 1970. À cette date, il était de nouveau entré en politique. Fidèle militant du Parti socialiste, il fut élu sur sa liste aux élections municipales des 14 et 21 mars 1971 pour occuper le poste de troisième adjoint au maire René Hugot. Pendant sin mandat, Gaston Husson fut candidat aux élections des 23 et 30 septembre pour le Conseil général dans le canton de Monthermé : il échoua au premier tour en obtenant 1012 voix sur 8888 inscrits et 4394 votants. Réélu sur une liste d’Union de la gauche conduite par un communiste aux scrutins locaux de mars 1977 et 1983, il remplit la fonction de maire adjoint de Bogny-sur-Meuse jusqu’en mars 1989. À cette nouvelle élection municipale, il refusa de figurer sur la liste du Parti socialiste qui avait rompu l’union ; candidat sur la liste soutenue par le Parti communiste, il fut réélu conseiller municipal avec trois de ses colistiers.

Victime d’un malaise cardiaque, Gaston Husson fut hospitalisé à Charleville-Mézières où il mourut. Ses obsèques civiles se déroulèrent le 25 novembre 1997 au cimetière de Levrézy à Bogny-sur-Meuse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87999, notice HUSSON Gaston, Charles, Henri par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 13 mai 2010, dernière modification le 23 octobre 2018.

Par Didier Bigorgne

Gaston Husson et ses élèves
Gaston Husson et ses élèves

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 3 M 5,7,8 et 9. — Archives de l’OURS. — Archives de la section des Ardennes de la MGEN. — Le Réveil Ardennais, 1948 à 1958. — Bulletin de la section ardennaise du Syndicat national des instituteurs, 1948 à 1973. — L’Enseignant ardennais, n° 22, février 1998. — L’Ardennais, 22 novembre 1997. — Presse syndicale nationale. — Presse locale. — Témoignage de Gaston Husson. — État civil de Bogny-sur-Meuse (communes de Levrézy et de Braux).— Notes de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable