HUGOT René, Léon

Par Didier Bigorgne

Né le 6 février 1898 à Château-Regnault (Ardennes), mort le 15 octobre 1978 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; boulanger, commerçant, puis représentant ; militant socialiste et résistant ; maire de Braux (1945-1966), puis de Bogny-sur-Meuse (1967-1977) ; conseiller général (1949-1967)

René Hugot était le fils de Désiré Léon Hugot, ouvrier ferronnier, et de Julie Marie Élise Renard, journalière. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires en 1910, il entra dans la vie active, en qualité d’apprenti boulanger. Il exerça ensuite de nombreux métiers : chauffeur de camion, boulanger avec la responsabilité de chef de brigade aux moulins coopératifs de Château-Regnault en 1936, magasinier, débitant de boissons de 1945 à 1950, représentant en tôlerie. Le 26 avril 1946, à Braux, René Hugot épousa Joséphine Jeanne Lambert, sans profession ; de cette union naquirent deux garçons.

Sans doute influencé par le militantisme de son père contraint de partir à Nantes avant la Première Guerre mondiale en raison de son activité syndicale qui le privait de travail dans les Ardennes, René Hugot adhéra au Parti socialiste SFIO. Élu conseiller municipal de Braux sur la liste de son parti le 3 mai 1925, il ne retrouva pas son siège en 1929. Il poursuivit alors son apprentissage militant au côté d’hommes de qualité comme Émile Jevais, maire de Braux et conseiller général pour le canton de Monthermé, et Pierre Labéausse, membre de commission exécutive fédérale.

En mai 1940, René Hugot évacua avec sa famille. De retour à Braux, il entra dans la Résistance pour lutter contre l’occupant nazi, dans les rangs des FFI ; son engagement lui valut de recevoir la croix du combattant volontaire de la Résistance. Nommé conseiller municipal à la Libération, réélu le 29 avril 1945 sur une liste d’unité ouvrière composée de socialistes, communistes et cégétistes, René Hugot devint maire de Braux le 8 mai suivant. Il occupa ce poste jusqu’au 1er janvier 1977, date de la création de la ville de Bogny-sur-Meuse née de la fusion des communes de Braux, Château-Regnault et Levrézy. René Hugot fut alors élu maire de Bogny-sur-Meuse ; il conserva son mandat jusqu’aux élections municipales des 14 et 21 mars 1977 auxquelles il ne se représenta pas.

Après un échec aux élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945 en étant éliminé au premier tour avec 1 933 voix sur 8 373 inscrits et 6 387 votants, René Hugot fut conseiller général pour le canton de Monthermé de 1945 à 1967. Aux élections des 20 et 29 mars 1949, il obtint 2 448 voix sur 8 390 inscrits et 6 235 votants au premier tour ; avec le désistement en sa faveur du candidat MRP, il battit le conseiller sortant communiste Clément Pierlot au scrutin de ballottage en rassemblant 3 727 suffrages sur 6 729 votants. De 1955 à 1967, les élections cantonales se résumèrent à un duel à gauche au second tour entre René Hugot et le communiste André Compain toujours placé en tête au premier tour. Au scrutin des 17 et 24 avril 1955, René Hugot recueillit 1 740 voix sur 8 917 inscrits et 5 155 votants pour être réélu avec 92 voix d’avance au scrutin de ballottage. Aux élections des 4 et 11 juin 1961, il rassembla 1 809 voix sur 9 093 inscrits et 5 132 votants avant de l’emporter au second tour avec 2 921 suffrages sur 5 785 votants. Par contre, il perdit son siège de conseiller général le 1er octobre 1967. Avec 1 373 voix sur 8 795 inscrits et 5 500 votants, il arriva loin derrière André Compain (2 151 voix) au premier tour ; il réunit 2 717 suffrages sur 6 098 votants au scrutin de ballottage, mais il fut battu de 549 voix par son concurrent communiste.

Secrétaire du Conseil général des Ardennes de 1949 à 1955, René Hugot siégea à la troisième commission des Transports à partir de 1961 et devint membre de la commission départementale. Au sein de l’assemblée, il fut un défenseur acharné de l’école laïque. Lors de la préparation de la loi Debré en 1959, il réaffirma son attachement au principe de la laïcité de l’État inscrit dans la Constitution et affirma sa solidarité avec le Comité d’organisation du rassemblement laïque qui tint réunion le 29 novembre 1959 à Mézières.

Malgré son double mandat local et départemental, René Hugot fut un militant actif du Parti socialiste SFIO. En juin 1956, il fit partie de la commission de quinze membres chargée de la révision des statuts au Conseil national. Aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, il était le suppléant du député socialiste Camille Titeux qui fut battu dans la deuxième circonscription de Charleville-Rocroi. Il fut de nouveau le suppléant du socialiste Jean Delautre qui échoua dans la même circonscription le 18 novembre 1962. Auparavant, René Hugot avait représenté son parti, sans succès aux élections sénatoriales du 23 septembre 1962.

René Hugot mena aussi le combat pour la paix. En 1954, il mit son café à la disposition du comité local du Mouvement pour la paix qui rassembla cent cinquante personnes lors d’une réunion contre le réarmement allemand. Dans les années 1960, son engagement devint plus personnel. Avec les conseillers généraux socialistes Albert Gaillot, Georges Rennesson, Marcel Simon et Camille Titeux, René Hugot se désolidarisa de la Fédération socialiste SFIO des Ardennes en se prononçant, au côté de militants du Parti communiste et du PSU, en faveur de la journée nationale du 28 juin 1960 pour la paix en Algérie. Quelques années plus tard, il récidiva, avec Georges Rennesson, en signant l’appel en faveur des États généraux pour le désarmement général et la paix qui se tinrent le 19 mai 1963 à Paris.

René Hugot mourut subitement d’une congestion cérébrale. Il fut enterré civilement au cimetière de Braux. Il était chevalier de le Légion d’honneur, officier dans l’Ordre national du Mérite, officier des Palmes académiques, chevalier du Mérite social et titulaire de la médaille d’honneur départementale et communale. Une école de Bogny-sur-Meuse porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88024, notice HUGOT René, Léon par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 14 mai 2010, dernière modification le 9 septembre 2010.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 3 M 4,5,7,8 et 9. — Arch. de l’OURS. — Le Réveil Ardennais, 1945 à 1971. — L’Ardennais, 2 janvier 1967 et 16 octobre 1978. — Bulletin municipal de Bogny-sur-Meuse, 1er janvier 1977. — Presse locale. — Renseignements communiqués par André Patureaux. — État civil de Bogny-sur-Meuse.

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