HANUS Raymond, Auguste

Par Didier Bigorgne

Né le 12 juillet 1888 à Mézières (Ardennes), mort le 3 septembre 1969 à Charleville-Mézières ; comptable, puis chef comptable à l’Est électrique puis à EDF ; combattant de la guerre 1914-1918 ; résistant pendant la Seconde Guerre mondiale ; militant socialiste et associatif ; maire de Mézières (1944-1959) ; président de la section des Ardennes de la FNDIRP (1946-1948).

Raymond Hanus était le fils d’Ernest Mathurin Hanus, maître pêcheur, et de Marie Marthe Saingery, débitante. Il exerçait la profession de comptable quand il épousa Marie Blanche Martin, modiste, le 15 janvier 1910 à Mézières. Mobilisé en 1914 avec le grade de sous-lieutenant au 91e régiment d’infanterie de Mézières, Raymond Hanus entra à sa demande dans l’aviation. Il fut affecté, avec son grade, à l’escadrille VB 113, une unité de bombardement de nuit. Sa conduite exemplaire pendant le conflit lui valut de nombreuses distinctions : il fut nommé lieutenant-colonel d’aviation, il reçut la croix de guerre 1914-1918, il fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

Rendu à la vie civile, Raymond Hanus devint chef comptable à l’Est Électrique. Il entra aussi en politique en adhérant au Parti socialiste SFIO. Élu sur la liste du cartel des Gauches qui remporta la victoire à Mézières aux élections municipales des 3 et 10 mai 1925, il occupa le poste de deuxième adjoint pour le conserver jusqu’au 5 mai 1935. Il fut réélu à ce scrutin sur une liste des Gauches, mais il ne retrouva pas sa fonction d’adjoint au maire. Pendant toutes ces années, Raymond Hanus effectua des périodes volontaires dans l’aviation ; il fut successivement promu au grade de capitaine et devint officier de la Légion d’honneur. Il fonda les Ailes populaires ardennaises avant d’être décoré de la médaille de l’Aéronautique.

Mobilisé en 1939, avec le grade de commandant, Raymond Hanus fut affecté à l’état-major d’un secteur de l’armée de l’Air. Rentré à Mézières en août 1940, il s’engagea dans la Résistance pour devenir responsable régional du réseau Mithridate du BCRA ( Bureau central de renseignements et d’action) spécialisé dans le renseignement concernant les mouvements et les cantonnements des troupes allemandes, les passages d’avions, les postes d’écoute, les fortifications, les lignes électriques e téléphoniques. Arrêté par la Gestapo le 29 juin 1944, Raymond Hanus fut mis au secret à la prison de Charleville. Accusé d’espionnage, il fut transféré à Fresnes le 7 juillet suivant ; il y subit les interrogatoires, les mauvais traitements et les privations jusqu’au 12 août, date à laquelle il fut incarcéré à la prison Saint-Gilles de Bruxelles. Le 21 août, il fut enfermé dans la forteresse de Brendonck où un conseil de guerre le condamna à mort. Reconduit à Bruxelles le 2 septembre, il fut alors jeté dans un wagon du train de la mort ; il réussit à s’échapper le lendemain grâce à l’action des cheminots belges qui avaient empêché le départ du convoi pour l’Allemagne.

Après la Seconde Guerre mondiale, Raymond Hanus reçut les plus hautes distinctions : titulaire de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Résistance, il fut élevé au grade de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur et dans l’ordre de Léopold de Belgique. Dans les années qui suivirent, il s’investit dans de nombreuses associations. Il fut membre du comité d’honneur de l’Association nationale des victimes du nazisme pour les Ardennes qui se constitua le 7 avril 1945. Il participa au premier congrès départemental des internés et déportées politiques des Ardennes le 20 septembre 1945, il présida le comité directeur avant d’être élu président de la section ardennaise de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes) le 14 décembre 1946 ; il occupa cette nouvelle responsabilité jusqu’en 1948. Raymond Hanus remplit la fonction de vice-président départemental des anciens de la France combattante. Il était aussi président d’honneur de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants).

À son retour à Mézières en octobre 1944, Raymond Hanus fut réinstallé au conseil municipal avant d’être nommé maire du chef-lieu des Ardennes. Réélu le 13 mai 1945 sur une liste d’Union patriotique républicaine antifasciste, il fut reconduit à son poste de maire. Le 5 août suivant, il devint président de la Fédération des élus socialistes des Ardennes, fonction qu’il exerça jusqu’en 1950. Par contre, Raymond Hanus échoua au premier tour des élections des 23 et 30 septembre pour le Conseil général dans le canton de Mézières en recueillant 4111 suffrages sur 15 750 inscrits et 11 479 votants. Réélu avec sept de ses colistiers socialistes au scrutin municipal du 19 octobre 1947, puis avec six candidats socialistes le 26 avril 1953, il fut maire de Mézières jusqu’en 1959.

Raymond Hanus, qui avait été membre de la commission exécutive fédérale du Parti socialiste des Ardennes de 1948 à 1950, n’appréciait pas la politique d’alliance avec le MRP menée par son parti. Il la refusa à l’occasion des élections municipales des 8 et 15 mars 1959, préférant conduire une liste d’Union des Gauches sur laquelle figuraient les élus socialistes et communistes qui l’accompagnaient depuis 1945 ; celle-ci fut alors battu par la liste d’alliance SFIO-MRP. Profondément affecté par l’attitude des socialistes macériens soutenus par leur fédération, Raymond Hanus quitta le parti. Fidèle à ses convictions et à ses amitiés, il fut candidat, en deuxième position derrière son ancien adjoint communiste Robert Ninitte, sur la liste présentée par le Parti communiste qui échoua aux élections municipales des 14 et 21 mars 1965.

Retraité de l’EDF depuis 1953, Raymond Hanus était veuf quand il mourut. Il fut inhumé dans l’intimité familiale le 5 septembre 1969 au cimetière de Mézières.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88025, notice HANUS Raymond, Auguste par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 14 mai 2010, dernière modification le 12 septembre 2013.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 3 M 7, 8 et 9 . — Le Socialiste Ardennais, 1925 à 1935. — Le Réveil Ardennais, 1945 à 1959. — L’Ardennais, 20 octobre 1947 ; 19 février 1949 ; 28 avril 1953 ; 9 mars 1959 ; 6-7 septembre 1969. — État civil de Charleville-Mézières.

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