GUITTON Robert, Georges, Clément

Par Gérard Réquigny

Né le 5 octobre 1914 à Clavé (Deux-Sèvres), mort le 18 décembre 1990 à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) ; professeur agrégé de mathématiques ; militant syndicaliste, secrétaire général du SNES (1946-1949).

Robert Guitton commença sa carrière syndicale en Corrèze dans les années 1930, fut admis à l’agrégation de mathématiques en 1939, au titre du classement spécial (ouvert pour les candidats ayant été rappelés ou maintenus sous les drapeaux). Il enseigna d’abord au lycée de garçons de Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme) puis, à partir de la rentrée 1946, au lycée Jacques Decour de Paris et enfin au lycée Saint-Louis à partir de 1947. Cette dernière nomination fut l’objet de négociations avec le ministère car il fut maintenu en poste après avoir été, pendant l’année 1946-1947, délégué sur un poste en classe préparatoire à l’École supérieure d’électricité alors qu’il n’occupait qu’une deuxième chaire de mathématiques au lycée Decour.

Au premier congrès du SNES, en 1945, Robert Guitton fut élu comme suppléant à la commission exécutive au titre des agrégés des départements et travailla aussitôt sur les questions du reclassement de la fonction enseignante pour lequel il prépara un projet dont il fut le rapporteur devant le conseil national (avec René Collignon et Albert-Claude Bay). Au congrès de Pâques 1946, il fut à nouveau rapporteur sur le même sujet, au moment où était constituée la commission interministérielle sur le reclassement des fonctionnaires et fut élu secrétaire général du syndicat à l’unanimité, succédant à Maurice Janets. Membre de la commission des affaires corporatives de la Fédération de l’Éducation nationale dirigée par Janets, il eut à cœur de défendre la situation des professeurs du secondaire, en particulier des agrégés, ce qui le conduisit à s’opposer au Syndicat national des instituteurs dans la FEN et à la Fédération des Finances dans l’Union générale des fédérations de fonctionnaires de la CGT. La proposition de compromis établie par l’UGFF ayant été adoptée par le bureau de la FEN, il annonça sa démission du poste de secrétaire général lors de la CE du 17 septembre 1946 et s’en expliqua auprès des syndiqués dans L’Université syndicaliste. Janets, redevenu secrétaire général provisoire, convoqua une nouvelle réunion de la CE, le 31 octobre, où Robert Guitton fut réélu secrétaire général à l’unanimité en lui adjoignant une secrétaire générale adjointe, Marthe Fauré, tandem qui fut reconduit en 1947.

En tant que secrétaire général du SNES, Guitton était membre de droit de l’Union des syndicats du second degré dont la perspective était l’unification des syndicats du second degré de la FEN. Avec Gustave Pacquez (Syndicat national des collèges modernes) et Philippe Rabier (Syndicat national de l’enseignement technique), il appela au rapprochement à la base entre les militants des trois syndicats, notamment en organisant des réunions communes au niveau départemental et local. Il fut secrétaire général adjoint de la CE de l’Union syndicale du second degré née au congrès de 1947.

Malade, Guitton ne put être présent à la CE du 22 décembre où fut décidé le principe d’un référendum auprès des syndiqués pour définir la position du syndicat face à la décision de militants de la CGT de faire scission et de créer une nouvelle confédération la CGT-FO. Le 25 février 1948, il appela à « faire bloc dans un ensemble d’enseignants dont toute politique serait effectivement bannie » et conclut son rapport d’activité pour le congrès de Pâques 1948 par : « nous avons le sentiment d’être toujours restés dans la tradition du véritable syndicalisme universitaire, complètement indépendant de toute attache politique, et essentiellement soucieux de la défense des intérêts vitaux de ses adhérents. » Il suivit ainsi le choix de l’autonomie exprimé par les adhérents du SNES lors de la consultation sur l’orientation syndicale.

Robert Guitton fut réélu secrétaire général au congrès de 1948 avec deux adjoints (Albert-Claude Bay et Antonia Potier), et fut ainsi un des trois représentants du SNES à la CA de la FEN, élu secrétaire de la commission pédagogique, membre de la commission des affaires internationales et de celle des affaires corporatives. Secrétaire de la catégorie des agrégés au niveau de l’Union syndicale du second degré, il fit également partie de la commission chargée de préparer les statuts du syndicat unifié. Membre du comité technique paritaire provisoire, il fut élu aux premières élections aux Commissions administratives paritaires du 17 février 1948 au titre des professeurs agrégés (scientifiques, hommes) et désigné membre du CTP définitif.

Le congrès de Pâques 1949 vit la fusion du SNES et du SNCM, mais Guitton, se déclarant incompétent « pour présider à des discussions politiques », remit son mandat de secrétaire général au congrès, de sorte que Bay fut élu secrétaire général du nouveau SNES (classique et moderne). Il resta cependant membre de la nouvelle CA, élu sur la liste A « autonome d’indépendance et d’action syndicale » et membre du bureau national comme secrétaire de catégorie des agrégés. Il était également membre de la commission pédagogique et de ses trois sous-commissions (bibliothèques scolaires, répartition des chaires d’agrégés, propédeutique) et de celle des relations internationales. Membre du comité directeur de la Fédération internationale des professeurs de l’enseignement secondaire officiel, il y défendit la position du SNES de refuser l’adhésion à une confédération internationale.

Guitton fut réélu en 1950 sur la liste A, comme représentant de la catégorie des agrégés et continua ses contributions à l’étude du problème de la revalorisation des traitements publics. Il conserva la double responsabilité de membre du BN et d’élu à la CAPN jusqu’en 1954, et fut chargé de l’ensemble des questions relatives aux commissions administratives paritaires. Ainsi il prépara les listes pour les élections professionnelles de 1952 où il fut à nouveau candidat en tête de liste des agrégés et élu. Il était également membre de la commission interministérielle d’étude des programmes scientifiques, dans l’optique de la préparation de la réforme du second degré.

En 1955, Guitton fut candidat à la CAPN des agrégés mais dans une lettre du 31 mars, publiée dans l’US du 30 avril, il annonça sa démission de toutes ses responsabilités. Par esprit de responsabilité, il resta sur la liste comme candidat aux élections à la CAPN (sinon la liste du SNES aurait été invalidée) et annonça sa démission aussitôt élu.

Sa décision était motivée par un appel du bureau national du 13 mars à une grève pour la défense de la laïcité, contre la loi Saint-Cyr. Alors qu’il était absent de cette réunion, son opposition à la grève avait pourtant été prise en compte par le BN qui s’était prononcé par 15 pour, 3 contre, 1 abstention. Guitton rappela qu’il avait « toujours été opposé à ce qui pouvait apparaître de près ou de loin comme une décision autoritaire du sommet ou une action plus ou moins teintée de politique. » Regrettant cette attitude, Bay précisa que le succès de la grève avait « montré que les enseignants de second degré [s’étaient] ralliés dans leur ensemble à cette opinion ».

Guitton ne fut plus candidat comme secrétaire de catégorie pour le congrès de 1955. Émile Hombourger le remplaça à la CAPN et Henri Pochard* comme secrétaire de catégorie. Il disparut alors du paysage syndical.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88039, notice GUITTON Robert, Georges, Clément par Gérard Réquigny, version mise en ligne le 15 mai 2010, dernière modification le 10 juillet 2021.

Par Gérard Réquigny

SOURCES : Arch. Nat., F1a 3358, F17/ 17820, 29196. — Arch. IRHSES (congrès SNES, CA, L’Université syndicaliste). — Notes de Laurent Frajerman et de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable