JÉROSME Pierre, Marcel

Par Jacques Girault

Né le 5 janvier 1925 à Mer (Loir-et-Cher) ; instituteur ; résistant ; militant communiste dans le Loiret, conseiller municipal d’Orléans.

Fils d’un marchand de charbon devenu ouvrier maçon, Pierre Jérosme, après avoir réussi au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs, fut élève-maître à Orléans (1942-1946). Il s’engagea au printemps 1943 dans la Résistance dans le mouvement « Libération Nord », puis dans les maquis de Chambon et de Lorris avec le groupe de lycéens qu’il avait formé. Il évoqua cet engagement dans son ouvrage De l’engagement de la nation française dans la triste aventure du gouvernement de Vichy et dans la troisième partie de son ouvrage Le Paria, sous le titre « Quarantième anniversaire ». Il fut le secrétaire départemental du Front national étudiant. A la Libération, il publia sous le titre Jeunesse ardente, un recueil de ses poèmes dédiés aux morts de son groupe franc, préfacé par le Commissaire de la République. Il fut homologué FFI, pseudonyme Pierre.

Après la guerre, instituteur à Orléans, il participa à la création dans le Loiret les Combattants de la Paix et de la Liberté. L’École libératrice, le 30 avril 1947, publia son article rendant compte du voyage en Tchécoslovaquie, qu’il avait animé avec neuf instituteurs du Loiret.

Pierre Jérosme se maria en juillet 1947 à Orléans avec Cécile Toison, professeur de musique et de chant choral dans les deux écoles normales d’Orléans. Le couple eut quatre enfants et divorça.

Militant d’éducation populaire par le chant choral, il avait créé à Orléans, à la Libération, « Les compagnons de l’école », nonetto vocal, la « Maîtrise des écoles publiques d’Orléans », chorale d’enfants, puis, avec son épouse, la « Chorale populaire d’Orléans » devenue « Chorale Francis Poulenc ».

Pierre Jérosme adhéra au Parti communiste français en 1949. Élu au comité de la fédération communiste en 1949, il fut membre du bureau fédéral de 1950 à 1956. Responsable dans la fédération du PCF de la contribution des communistes aux luttes pour la Paix organisées dans le département, il fut poursuivi en justice en 1952 comme organisateur de manifestations contre la guerre d’Indochine. Élu membre du seul comité fédéral en 1957, puis à nouveau élu comme membre du bureau fédéral en 1959, il le resta jusqu’en 1966. En 1961, il reçut des menaces écrites de l’OAS.

Les événements de 1956 le marquèrent particulièrement. Premier secrétaire de la section communiste d’Orléans, il fit voter une résolution mettant en doute le bien-fondé de l‘intervention soviétique en Hongrie. Lors de son éviction du bureau fédéral en 1957, les responsables aux cadres notaient "depuis plusieurs années manifeste des incompréhensions ou des désaccords avec la politique du parti". S’ajoutaient aussi d’autres motifs de méfiance d’ordre personnel de la part de certains dirigeants fédéraux. Notamment il n’accepta pas de cesser toute relation familiale avec son frère, exclu du PCF pour « gauchisme », dont il n’approuvait pourtant pas les positions politiques. Secrétaire également de sa cellule, il ne fut renouvelé par la suite que comme membre du bureau de la section communiste d’Orléans.

Secrétaire départemental du Mouvement de la Paix (1949), dans les différentes réunions des organisations dirigeantes et des conférences fédérales, ses interventions sur la question de la lutte pour la paix étaient fort appréciées. À partir de 1957, il devint membre du conseil national du Mouvement de la Paix. Il fut délégué au congrès mondial pour la Paix à Moscou et La République du Centre en janvier 1963 publia son article en rendant compte.

Pierre Jérosme fut élu conseiller municipal d’Orléans en 1953 et en 1959.Durant son premier mandat, il fut membre des commissions des finances, de l’enseignement, de l’hygiène, du théâtre et des Beaux-Arts. Président du groupe communiste, il fut poursuivi au moment de l’arrestation de Jacques Duclos. Le 27 avril 1954, lors de l’élection du septième adjoint, il obtint 7 voix sur 31 suffrages exprimés et fut battu au troisième tour après avoir bénéficié du report de six voix supplémentaires à la suite du retrait du candidat socialiste SFIO. Lors de cette séance, il fut désigné comme membre de la commission administrative du bureau de Bienfaisance. Le 1er juillet 1955, il devint un des quatre édiles, membres du bureau d’aide sociale. Pourtant dans la préparation des élections municipales de 1965, la décision fut prise de ne pas le représenter pour des raisons reprenant les divers motifs déjà évoqués, propos que l’intéressé jugea diffamatoires dans une lettre envoyée à tous les membres du comité fédéral. En fait il s’agissait d’une application de la décision du comité central de ne pas représenter les responsables du Mouvement de la Paix aux élections. Il ne fut pas pour cette raison présenté aux élections législatives de 1962 alors qu’il avait été le candidat du PCF aux élections cantonales et législatives de 1958. En 1965, dans une nouvelle mise au point par lettre aux membres du comité fédéral, il s’en prenait aux responsables du Comité central qui s’étaient succédé pour suivre la fédération. Il rappelait notamment qu’en 1961, qu’il avait participé en tant que membre du Mouvement de la Paix aux discussions pour un large rapprochement intersyndical à volonté antifasciste en imposant, notamment aux sections départementales du SNI et de la Fédération de l’Éducation nationale, qu’elles renoncent à écarter le PCF. Ainsi s’était formé dans le Loiret un large comité antifasciste mais son action fut réduite à cause de la méfiance des dirigeants communistes qui préféraient suivre la CGT plutôt que travailler avec les autres organisations.

Devenu professeur au lycée Benjamin Franklin d’Orléans puis dans un établissement parisien, Jérosme quitta le Loiret pour Paris. Il se remaria en février 1968 à Paris (XIIIe arr.) avec une professeur agrégée. Le couple eut une fille.

En 1975, Jérosme présenta dans le cadre du Centre d’études et de recherches marxistes une étude sous le titre « Bilan scolaire, réponse à René Haby ». Secrétaire d’une cellule du treizième arrondissement, il refusa d’exclure Paul Noirot*, directeur de Politique aujourd’hui, position suivie par la majorité de ses camarades. Avec l’accord de sa cellule, il envoya pour la tribune de discussion avant le congrès, une contribution critiquant la stratégie proposée par la direction du PCF. Il s’ensuivit la dissolution de la cellule. La plupart de ses membres, dont Jérosme, ne reprirent pas leur carte, s’« autoexcluant » comme il en rapportait le récit à clef dans la dernière partie, « Le centralisme démocratique » de son livre Le Paria.
Jérosme, chaque année, faisait partie des personnalités appelant aux cérémonies commémoratives des 36 fusillés des Groues. Auteur d’un recueil de poèmes en 1945 en hommage aux morts de la Résistance, il écrivit en 1959 un recueil de contes sous le titre Des nouvelles du pays. Il écrivit aussi d’autres recueils de poèmes dont, en 1946 Ode à l’Espagne, et Coquelicots, recueil de nouvelles sur les maquis de Sologne et de la Forêt d’Orléans.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88077, notice JÉROSME Pierre, Marcel par Jacques Girault, version mise en ligne le 16 mai 2010, dernière modification le 24 septembre 2022.

Par Jacques Girault

ŒUVRE :
Ouvrages publiés aux éditions de l’Harmattan :
-  - Le Paria, 1989,
-  - Champ-Bord, 1991,
-  - Histoires de Sologne et du Val de Loire, 1992,
-  - De l’engagement de la nation française dans la triste aventure du gouvernement de Vichy, 1994,
-  - La clé des songes : trois fables pour notre temps, 1996.

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 309336. — Arch. mun. Orléans (Véronique Morand). — Archives du comité national du PCF. — Presse syndicale. – Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes de François Printanier.

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