KEYSER Albert (véritable orthographe Kaiser Albert)

Par Claude Pennetier

Né le 28 décembre 1900 à Paris (IXe arr.), mort en déportation le 2 septembre 1942 à Auschwitz ; ouvrier pelletier ; secrétaire général de la 27e région de la CGTU.

Fils d’Auguste Kaiser et de Valérie Rosier, pupille de l’Assistance publique de la Seine, Albert Keyser fut placé dans le Cher, à Morlac puis à Vesdun. Il se maria le 7 octobre 1922 à Saint-Amand-Montrond (Cher) avec Marie-Louise Burlot.
Il fut engagé volontaire pour la durée de la guerre.

Devenu ouvrier pelletier à Saint-Amand-Montrond, il anima le syndicat local unitaire des Cuirs et Peaux. Keyser adhéra au Parti communiste en 1924 et fut trésorier du rayon communiste de Saint-Amand de 1925 à 1929. Il s’installa à Bourges en 1930.
Il entra cette même année au bureau régional du Parti communiste. L’essentiel de son activité était consacré au syndicalisme. Quand P. Hervier demanda à être dégagé de ses responsabilités en raison de son âge, Keyser le remplaça en mars 1930, comme secrétaire général de la XXVIIe Union régionale unitaire. P. Hervier, protagoniste du syndicalisme dans le Cher, était jugé trop modéré par les jeunes militants du Parti communiste (voir sa biographie), Keyser au contraire appliqua la tactique « classe contre classe ».La grande grève de la céramique qui éclata en mai 1930 fut sa première expérience ; avec J. Picot et Charles Tillon*, secrétaire de la Fédération unitaire de la céramique, il tenta de politiser la grève et de dénoncer la collusion « flagrante entre les confédérés et l’aristocratie vierzonnaise ». Mais, malgré quatre mois de lutte, la grève fut un échec et les confédérés en sortirent renforcés. Keyser mena la lutte contre la minorité de la CGTU ; les dirigeants exclus les uns après les autres créèrent un syndicat autonome à Vierzon ou rejoignirent la CGT. Au meeting du 12 février 1934 à Bourges, Keyser demanda aux manifestants de siffler le représentant du Parti radical qui dut renoncer à prendre la parole (La Dépêche, 13 février 1934).

La CGT, très faible dans le Cher jusqu’en 1930, se renforça. Le congrès du 8 décembre 1935 permit de mesurer les progrès réalisés par les confédérés (congrès de réunification des Unions départementales). Les « unitaires » furent mis en minorité sur les trois principaux points de l’ordre du jour. La Bourse du Travail confédérée devint le siège de l’Union départementale. L’Union départementale n’eut pas de secrétaire permanent, l’UD confédérée n’en avait pas et Keyser, permanent unitaire, aurait pu obtenir ce poste. Un militant investi « d’un mandat politique rétribué ne pourra faire partie de la commission administrative », Keyser était là encore visé. Le bureau de l’UD comprit huit ex-confédérés pour quatre ex-unitaires. Philippe Pichon, instituteur et militant du groupe « Jeune République » était secrétaire, Amichot, de la SFIO, secrétaire adjoint, Keyser n’était que secrétaire à la propagande. Sous le gouvernement du Front populaire, l’influence du Parti communiste se renforçant, l’UD eut une direction collective avec trois secrétaires : Pichon, Amichot et Keyser, qui redevint permanent. Keyser fut candidat aux élections législatives de 1936, dans la circonscription d’Issoudun dans l’Indre, il obtint 14,7 % des suffrages des électeurs inscrits.Dans son « journal » à la date du 29 novembre 1934, Claude Jamet*, professeur à Bourges, présentait Keyser comme le représentant de la « nouvelle génération » communiste, « tout d’une pièce, le regard franc, la conscience en paix, presque un scout, mais aussi peu « éloquent » que possible » (p. 30).
Keyser fut, en 1939-1940, un des dirigeants du PCF du Cher. Au début de la guerre, il fut mobilisé le 20 août 1939 à Cosne, affecté comme brigadier au Dépôt d’artillerie 421 d’où il fut libéré fin mai 1940 en raison de sa situation familiale. Il fut embauché en qualité de chauffeur au service de nettoiement de la Société Berruya. Un rapport de police de décrit alors ainsi : "Taille 1 m 65, cheveux bruns, sourcils bruns, rasé, front haut, nez aquilin, bouche assez grande, menton bas, visage allongé, teint ordinaire, corpulence moyenne.
Perquisitionné à Bourges avec une dizaine d’autres militants le 15 décembre 1940, Keyser fut arrêté par la police allemande lors de la grande rafle des communistes du Cher les 21 et 22 juin 1941, incarcéré à la Maison d’arrêt de Bourges puis transféré à Compiègne. Sa femme écrivit le 11 mai 1942 au Préfet du Cher, pour dire que son mari "ne milite plus depuis 4 ans", "pour souligner ses problèmes de santé" : "J’ai en chargé deux enfants de 5 et 13 ans et de ce fait je suis dans l’impossibilité de travailler. L’absence de mon mari nous réduit à la misère".
Il fut déporté le 6 juillet 1942 vers Auschwitz dans le convoi dit des 45 000.

Keyser avait semble-t-il trois fils, dont ? né en 1937, Robert (né en 1929) et Jacques. Ce dernier, né en 1923, mort en avril 1975, fut déporté en Allemagne ; après la guerre, il travailla comme employé à la SNIAS de Bourges et milita au Parti communiste. Un rapport préfectoral du 18 mai 1942 affirme que son fils aîné, "seul soutien de famille" a "été fusillé", en fait il a donc été déporté.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88149, notice KEYSER Albert (véritable orthographe Kaiser Albert) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 mai 2010, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 25 M 127-128, 25 M 95-96, et série W. — Arch. Dép. Indre, 3 M 1424-1431. — L’Émancipateur. — Le Syndiqué du Cher. — Claude Jamet, Notre Front populaire, journal d’un militant 1934-1939, op. cit. — S. Courtois, Thèse, op. cit., annexe n° 18. — RGASPI, 495 270 4724 4, dossier du Komintern à son nom. — Notes de Jean-Pierre Besse.

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