Par Jacques Girault
Né le 8 janvier 1907 à Jonzac (Charente), mort le 28 octobre 1968 à Paris (XVe arr.) ; professeur ; philosophe.
Fils d’un receveur de l’enregistrement, Jean Hyppolite, élève des lycées de Rochefort (Charente-Maritime) et de Poitiers (Vienne), bachelier en 1923, entra à l’Ecole normale supérieure (lettres) en 1925. Licencié en 1927, il obtint l’agrégation de Philosophie en 1929.
Hyppolite effectua son service militaire (1930-1931) dans un régiment d’infanterie à Tulle (Corrèze) avec le grade de brigadier-chef.
Hyppolite enseigna la philosophie successivement aux lycées de Limoges (Haute-Vienne) en 1929-1930, de Tulle (1931-1932), de Bourges (Cher) de 1932 à 1935, de Sens (Yonne) en 1935-1936, de Nancy (Meurthe-et-Moselle) en 1936-1937, puis fut nommé de 1937 à 1945 dans des lycées parisiens (Saint-Louis, Voltaire, Lakanal, Hoche à Versailles où il fut chargé de cours en mathématiques spéciales, et, en première supérieure à Henri IV à partir de 1941, chargé de cours à l’Ecole normale supérieure de Fontenay-aux-Roses et au lycée Louis le Grand à partir de 1944-1945).
Hyppolite se maria en décembre 1927 à Paris (Ve arr.) avec la fille d’une employée des postes née à Limoges. Le couple eut deux enfants. Il habitait après 1940 dans le XVe arrondissement de Paris.
Mobilisé en septembre 1939 comme maréchal des logis dans un régiment du Train des équipages, élève officier de réserve à l’école de Saumur (Maine-et-Loire), aspirant en mai 1940, Hyppolite fut démobilisé en juillet 1940 dans le Tarn-et-Garonne.
Chargé d’enseignement puis comme maître de conférences d’Histoire de la Philosophie à la Faculté de Strasbourg depuis novembre 1945, après avoir soutenu sa thèse de doctorat d’Etat (« Genèse et structure de la phénoménologie de l’esprit de Hegel ») en janvier 1947, professeur sans chaire à Strasbourg (avril 1948), il fut nommé maître de conférences de Philosophie et d’Histoire de la Philosophie à la Sorbonne en mars 1949, puis professeur sans chaire (janvier 1950), après avoir été mis à la disposition du secondaire comme professeur de première supérieure au lycée Louis le Grand d’octobre1948 à mars 1949.
L’inspecteur d’Académie du Cher, en janvier 1935, notait une activité politique « pas toujours bien appréciée » à Bourges. Après la guerre, sans avoir un engagement dans un mouvement de gauche, il signa, en 1952, un appel pour la libération d’Henri Martin à titre personnel. Selon le rapport des Renseignements généraux, cette signature n’était pas « la conséquence logique d’opinions politiques ouvertement exprimées, favorable au Parti communiste ».
Directeur adjoint (avril 1954) puis directeur (octobre 1954) de l’École normale supérieure (rue d’Ulm), Hyppolite entreprit sa modernisation et continua son orientation vers une ouverture des enseignements et de la vie quotidienne des élèves. L’habitude existait depuis la Libération d’une politique ouverte en direction des organisations étudiantes et syndicales. En 1954, son prédécesseur avait accordé la possibilité d’accueillir le bal organisé par le comité universitaire du Mouvement de la Paix et la revue Trygée. En mars 1955, une nouvelle demande arriva sur son bureau et il accorda l’autorisation. Toutefois, le député socialiste SFIO Jean Le Bail* protesta. Dans un premier temps le ministre de l’Education nationale maintint son autorisation. Le Bail écrivit un article titré « On croit rêver » dans Le Populaire du Centre, le 1er mars, accusant la revue Trygée, la présentant comme « communiste » où collaboraient des « jésuites du communisme ». Maurice Deixonne*, autre député socialiste SFIO, écrivit au ministère pour dénoncer cette autorisation. Le gouvernement, désavouant le directeur, interdit cette manifestation. Aussitôt Hyppolite annonça sa démission au nom de la défense des libertés universitaires. La presse commenta fortement cette décision qui ne fut pas accompagnée de changements. Le Conseil de l’Université, en octobre 1959, émit un « vœu spontané » pour l’adoption d’un nouveau mandat de cinq ans mais l’arrêté de nomination fut signé en février 1961. Il poursuivait parallèlement un enseignement à la Sorbonne. Il siégeait pendant ces années au Conseil supérieur de l’Éducation nationale et au Comité consultatif des Universités.
Hyppolite fut nommé au Collège de France en octobre 1963 sur la chaire d’histoire de la pensée philosophique. Il était depuis 1952 le secrétaire des Etudes des questions bibliophiliques.
Traducteur de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, Hyppolite apparaissait comme le meilleur spécialiste de la pensée de Hegel. Il engagea un dialogue permanent avec des philosophes comme Merleau-Ponty ou Sartre, s’intéressa à la philosophie des sciences et à la psychanalyse (séminaire de Lacan, 1953-1956). Il dirigeait aussi depuis 1953 la collection « Epiméthée » aux Presses universitaires de France qui publia des ouvrages de philosophes allemands.
Un colloque fut organisé à l’ENS en 2006, « Jean Hyppolite, entre structure et existence ». Son nom fut donné au lycée de Jonzac.
Par Jacques Girault
ŒUVRE : De nombreux articles d’Hyppolite ont été rassemblés en 1971, par Dyna Dreyfus, dans Figures de la pensée philosophique.
Parmi les ouvrages d’Hyppolite, citons :
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, traduction, 1939-1941.
Genèse et structure de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, Paris, Aubier-Montaigne, 1946, 1956.
Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel, Paris, Rivière, 1948, 1968, réédité au Seuk, 1983.
Logique et existence, Essai sur la logique de Hegel, Paris, PUF, 1953, 1991.
Etudes sur Marx et Hegel, Paris, Rivière 1955, 1965.
De nombreux articles d’Hyppolite ont été rassemblés en 1971, par Dyna Dreyfus, dans Figures de la pensée philosophique.
Parmi les ouvrages d’Hyppolite, citons :
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, traduction, 1939-1941.
Genèse et structure de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, Paris, Aubier-Montaigne, 1946, 1956.
Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel, Paris, Rivière, 1948, 1968, réédité au Seuk, 1983.
Logique et existence, Essai sur la logique de Hegel, Paris, PUF, 1953, 1991.
Études sur Marx et Hegel, Paris, Rivière 1955, 1965.
SOURCES : Arch. Nat., F7 15518 B, n° 6439, F17 29187. — Presse nationale. — Divers sites Internet.