BOISSEAU Georges, René, pseudonyme RENÉ

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 12 novembre 1910 à Plailly (Oise), mort le 15 février 1971 à Cadillac-sur-Garonne (Gironde) ; cuisinier ; résistant communiste de Paris ; déporté à Mauthausen (Autriche), puis Buchenwald (Allemagne).

Le père de Georges Boisseau, Victor Boisseau, était, lors de la naissance de son fils, champignonniste et domicilié à L’Isle-Adam (Seine-et-Oise, Val d’Oise). Georges Boisseau fut adopté par la Nation le 30 novembre 1922 par décision du tribunal de Saint-Claude. Il se maria une première fois à Besançon (Doubs) en août 1933 avec Suzanne Bas puis à Paris XVIIIe avec Georgette Cumin en décembre 1938 enfin à Aubervilliers le 4 avril 1946 avec Élisabeth Corteny.
Le 23 août 1942, à 22 h 30, deux officiers allemands qui passaient rue de Calais virent trois hommes qui s’approchaient d’un camion en stationnement rue de Calais en face du numéro 2. L’un d’eux jeta un engin incendiaire sous le camion, les trois hommes s’enfuirent rue Blanche en direction de la place Blanche où ils se séparèrent. Boisseau fut arrêté place Blanche. Il avait sur lui plusieurs documents dont des rapports et des brochures, des armes et des clés furent trouvées à son domicile. Lors de son arrestation, il avait un enfant ; il était sans emploi et domicilié 6 rue Stephenson à Paris XVIIIe.
La Brigade spéciale 2 se saisit de « l’affaire Boisseau ». Ce dernier déclara être rétribué par l’OS depuis le 11 juin 1942, il reconnut avoir participé à trois attentats et être l’auteur de l’attentat commis contre un garage allemand, 24 avenue de Saint-Mandé, le 13 août enfin il déclara être le responsable du matériel sur la région P2 (moitié Nord de Paris), Vidal et Henri étant les deux autres membres du triangle Information confirmée par les documents saisis sur Brossard (Philibert).
Dans un rapport d’un interrégional adressé à la direction nationale, il était signalé comme cadres ayant été arrêtés dans la région P2 : Vander, politique, il s’agit de Adrien van Der Heyden, Henri, militaire, il s’agit de Robert Hamel, Boisseau (technique).
Boisseau, dit également "Benoît", avait participé aux attentats de la rue David d’Angers (c’est lui qui amena la bouteille explosive) le 25 juillet 1942, vers 22 heures 50 dans la cour du laboratoire occupé par les allemands. Cette action ne fit ni victime ni dégât.
Plusieurs arrestations eurent lieu dans les jours qui suivirent dont celle de Paul Tillard et des armes, des explosifs et du matériel médical furent découverts dans les différentes planques.
Georges Boisseau fut déporté le 1er avril 1943 au départ de la gare de l’Est vers Mauthausen (Autriche). La plupart des résistants arrêtés dans la même affaire (Gustave Bonnet, Jean Buffet, Danton Gauthier, Emile Le Guillou, Maxime Matras, Pierre Prigent et Paul Tillard) étaient dans le même convoi, tous classé « NN ».
Georges Boisseau fut transféré par la suite à Auschwitz (Autriche) puis à Buchenwald (Allemagne).
Sa mère Marceline, cinquante-quatre ans, concierge au 80 boulevard de Courcelles à Paris (XVIIe arr.) témoigna le 16 mars 1945 devant les membres de la commission rogatoire qui examinait l’activité de l’inspecteur B. de la BS2. Elle déclara : « Mon fils a été arrêté le 23 août 1942 dans des circonstances que j’ignore. Une perquisition a été effectuée à son domicile 6 rue Stephenson à Paris (XVIIIe arr.) ».
« Les policiers ont alors arrêté ma bru, Boisseau Georgette, née Cumin le 3 février 1901 à Paris (XVIIIe arr.), employée de banque. Elle a été détenue pendant une quinzaine de jours à la Préfecture de police ».
« Lorsqu’elle a été relaxée, elle nous a dit qu’elle n’oublierait jamais ce qu’elle avait entendu au cours de sa détention. Je sais qu’elle s’est trouvée en présence de son époux. Ce dernier avait été frappé par les inspecteurs qui l’interrogeaient. C’est monsieur Jacquemin, arrêté en même temps que mon fils, qui m’a dit que ses tortionnaires se nommaient B., S. et B. »
« À l’issue de sa détention dans les locaux de la Préfecture, mon fils aurait été transféré au dépôt, puis à la prison de la Santé, à Compiègne et à Romainville ».
« De là, il a été déporté en Allemagne. Je n’ai jamais reçu de ses nouvelles ».
Elle informa que sa bru Georgette était morte « des suites morales que la déportation de son époux a eue sur son état de santé. Je m’occupe actuellement de leur jeune garçon, âgé de onze ans ».
Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88221, notice BOISSEAU Georges, René, pseudonyme RENÉ par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 25 décembre 2021, dernière modification le 25 décembre 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 14, GB 106, activités communistes pendant l’Occupation, carton 3, BA 1752, 77 W3113-293378. – Note de Jean-Sébastien Chorin. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. –État civil de Plailly.

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