GRUPPO Roger, Candide

Par Gérard Réquigny

Né le 2 avril 1916 à Chambéry (Savoie), mort le 3 mars 1986 à Nice (Alpes-Maritimes) ; professeur ; militant syndicaliste ; résistant ; militant communiste.

Roger Gruppo
Roger Gruppo

Roger Gruppo, était le sixième et avant-dernier enfant d’Alaric Gruppo, maçon avant de devenir entrepreneur, et de Marie Agnisola, ancienne tisseuse (voir aussi Angel Gruppo, Louis Gruppo, Robert Gruppo et Simone Gruppo. Originaires de la région de Biella dans le Piémont, Alaric et Marie donnèrent à leurs enfants le goût du travail, de l’honnêteté, de la tolérance. Attaché à la laïcité, Roger, comme ses frères et sœurs, fut inscrit à l’école communale puis au cours complémentaire. Il obtint son brevet supérieur et entra à l’école normale d’instituteurs d’Oran (Algérie), où son frère Robert occupait un poste de surveillant, en octobre 1935. Adhérent au Parti communiste depuis 1933, il commença son activité syndicale au Syndicat national des instituteurs.

Sursitaire, Roger Gruppo débuta sa carrière comme instituteur stagiaire à Thiersville (Algérie) jusqu’à sa mobilisation en septembre 1939. Affecté alors à l’école des officiers de réserve de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) jusqu’au début de l’année 1940, il en sortit avec le grade d’aspirant. Il fut d’abord envoyé au dépôt de tirailleurs de Blida (Algérie) puis au centre de transmissions de l’armée à Douira (Algérie).

Ses frères et sœurs furent pourchassés et frappés par la répression du gouvernement de Vichy à cause de leur militantisme communiste. Louis*, mobilisé en 1939, prisonnier en juin 1940, évadé en septembre, menacé d’arrestation par la police, entra dans la clandestinité et la Résistance en décembre 1940. Angel fut lui, arrêté en décembre 1940, interné à Fort Barreaux (Isère), puis à Djelfa (Algérie) et au camp de séjour de Bossuet (Algérie) avant d’être ramené à Saint Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) ; en 1943, en résidence surveillée à Annecy, il échappa à une deuxième arrestation, prit le maquis et devint commandant des Francs tireurs partisans en Haute-Savoie, puis dans l’Ain et la région lyonnaise. Sa sœur Sylvie fut arrêtée en Savoie et internée à Fort Barreaux (Isère). Robert prit, par l’intermédiaire de sa jeune sœur Simone, contact avec la Résistance fin 1941, adhéra au Front National Universitaire où il fut responsable de plusieurs sections dans les collèges modernes de la Seine et participa le 20 août 1944 à l’occupation du Ministère de l’Éducation nationale et à l’installation d’Henri Wallon comme ministre.

Démobilisé en octobre 1940, Roger occupa alors un poste de directeur d’école à Hennaya (Algérie) avant d’être à nouveau mobilisé en novembre 1942 et rappelé au 6e régiment de tirailleurs à Tlemcen (Algérie). Il participa à la campagne de Tunisie et, en 1943, sa participation à la bataille de Pont-du-Fahs entre les Alliés et les troupes italo-allemandes lui valut la croix de guerre et une promotion au grade de sous-lieutenant. Affecté aux services extérieurs de l’armée, il entra au Bureau central de renseignements et d’action à Londres auprès du général de Gaulle sous le nom de « Capitaine Georges Revard ». Il fut engagé volontaire dans les Forces Françaises Libres pour servir avec « Honnêteté-Fidélité-Discipline » pour la liberté et contre le nazisme. Après un entraînement intensif en Grande-Bretagne au cours duquel il obtint en mai 1944 son brevet de parachutisme, il participa à l’opération Jedburgh qui avait pour objectif de coordonner l’action des maquis avec les plans généraux du Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force et d’équiper les résistants en France, en Belgique et au Pays-Bas par le parachutage d’équipes de 3. Ainsi l’équipe, portant pour nom de code « Scion », composée du major britannique Osborne Grenfield, nom de code « Scintillating », comme chef d’équipe, du capitaine français Roger Gruppo, nom de code « Vif », comme second et du sergent britannique Thomas Cain, nom de code « Vibrant », comme radio, partit en mission le 29 août 1944 et fut parachutée le 30 août en Ardèche, près de Saint-Agrève.

Roger Gruppo participa à la libération de Lyon au début de septembre 1944, ce qui lui valut une citation du général Koenig. Il fut ensuite placé à la disposition du ministère de la Guerre pour organiser et diriger la préparation militaire dans le département du Rhône. Cité dans l’ordre du Régiment n° 51 et n° 247, il fut ensuite mis à disposition de la Direction générale des études et recherches, organe de renseignements créé en 1944 et rattaché au Bureau central de renseignements et d’action. Roger obtint également deux décorations anglaises dont la croix de guerre avec étoile de bronze comme capitaine Jedburgh.

Lieutenant de réserve (avant d’être lieutenant honoraire en 1968), Roger Gruppo fut démobilisé le 21 janvier 1946 et reprit un poste de directeur d’école à Bedeau (Algérie) puis, détaché comme professeur à Tlemcen (Algérie), il poursuivit son activité syndicale au sein du syndicat des centres d’apprentissage. Il passa le concours d’entrée à l’École normale nationale d’apprentissage de Lyon, ce qui le ramena en métropole et fut nommé en 1948 comme professeur d’enseignement général au collège de Sassenage (Isère) où il resta jusqu’en 1969.

Après son stage à l’ENNA et sa nomination à Sassenage, Roger Gruppo fréquenta la faculté de lettres de l’Université de Grenoble où il obtint le certificat d’Études littéraires générales modernes en 1950, une licence de lettres, puis des certificats de psychologie, morale, sociologie ainsi que de théâtre et de cinéma les années suivantes. Sportif il obtint également son certificat d’aptitude à l’éducation physique et passa son brevet de guide de haute montagne.

Le 22 septembre 1956, Roger Gruppo épousa Zoée, Marie Odette Bailly, professeure d’Histoire-Géographie, militante au Syndicat national de l’enseignement secondaire.

Devenu adjoint d’enseignement, nommé à Chambéry, Roger Gruppo occupa un poste de conseiller principal d’éducation au lycée technique Vaucansson de Grenoble de 1970 à 1974 et poursuivit son investissement syndical dans le SNES comme secrétaire de la section de l’établissement (S1).

Roger Gruppo termina sa carrière comme principal au collège de Chateauneuf-sur-Sarthe (Maine-et-Loire) de 1974 à 1976 puis à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) de 1976 à 1978, militant alors au Syndicat des chefs d’établissement. C’est comme prinicipal honoraire qu’il prit sa retraite

Ayant effectué, avec son épouse, des voyages en Chine (1959) et à Cuba (1965), Roger Gruppo poursuivit son activité militante au sein de l’Association France-Cuba et des Amitiés Franco-chinoise. Il rédigea quelques notes de réflexions littéraires sur divers auteurs et œuvres mais la maladie ne lui laissa pas le temps de travailler à une publication.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88224, notice GRUPPO Roger, Candide par Gérard Réquigny, version mise en ligne le 5 juin 2010, dernière modification le 23 octobre 2020.

Par Gérard Réquigny

Roger Gruppo
Roger Gruppo

SOURCES : Renseignements fournis par son épouse — DBMOF (biographie de Louis Gruppo). — Notices sur Robert et Angel Gruppo.

ICONOGRAPHIE : Roger Gruppo à la Libération.

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