GAUDILLAT Jean, Léon [pseudonyme dans la Résistance : Louis, Boivin, Pivolo, Dartois et Yves Pelletier]

Par Jean-Pierre Besse, Jean-Marie Guillon

Né le 10 novembre 1903 à Saint-Martin-en-Bresse (Saône-et-Loire), mort le 15 janvier 1978 à Montpellier (Hérault) ; ouvrier mécanicien dans un garage de Saint-Girons (Ariège) ; commissaire technique régional, puis interrégional des FTP (Francs-tireurs et partisans) en Ariège, à Toulouse, Lyon et Marseille, chargé en particulier des services de renseignement.

Fils de cultivateurs, Jean Gaudillat, ajusteur de profession, était ouvrier mécanicien dans le garage Citroën de Saint-Girons en 1939. Il avait travaillé auparavant dans plusieurs entreprises, notamment chez Renault.
Il s’était marié le 15 juin 1937 (2e mariage) avec Paulette Massat à Bordes-sur-Arize (Ariège), où celle-ci était née le 22 juillet 1899. Elle était employée des Postes.
Militant communiste, non repéré par la police, il était trésorier de sa cellule et secrétaire du syndicat des métaux.
Il fut mobilisé en 1939 dans la région Douai (Nord) et démobilisé au camp de Carlux (Dordogne), le 19 juillet 1940
De retour à Saint-Girons, il travailla comme ouvrier à la papeterie de la Moulasse. Il fut le reconstructeur du parti communiste clandestin dans le Couserans (Saint-Girons) et canton de Lavelanet (Ariège). En contact avec la direction à Toulouse, il put se procurer un duplicateur à alcool et diffusa les tracts ainsi tirés avec deux jeunes qui composaient avec lui le premier triangle clandestin du PC. L’installation à Saint-Girons de René Plaisant* (futur chef de la 3102e compagnie FTP, tué à la libération de la ville le 20 août 1944) lui permit d’être épaulé dans cette reconstruction. Il noua aussi des contacts avec contacts avec Gaston Massat, poète surréaliste, libraire, ami d’Éluard, Aragon, Picasso, etc. Interpellé par la police à trois reprises, il fut à chaque fois rapidement libéré. Il aurait organisé le passage en Espagne de résistants voulant rejoindre la France libre.
L’arrivée d’Albert Busa comme responsable politique en Ariège permit de mettre en place les FTP. Ayant effectué seul le premier attentat antiallemand en Ariège contre le bureau de l’Office de placement allemand de Saint-Girons, le 6 décembre 1942, Gaudillat fut chargé de d’organiser les FTP dans le département. Tandis que Busa en était le commissaire aux opérations, Gaudillat en devint, en février 1943, le commissaire technique départemental (CTR), chargé du Service B. Il fit du recrutement en liaison avec Léon Balussou, typographe à Toulouse, ex-secrétaire du PC en Ariège et en Haute-Garonne, ex-membre du comité central du PC, qui était venu s’installer en Ariège. Balussou créa avec Lucien Virac, socialiste de Marseille résidant aux Cabannes, la société Carborex pour produire du charbon de bois. Albert Busa en était le gérant à Rimont (Ariège) sous le nom de Jules Leclair. Requis pour travail en Allemagne le 1er janvier 1943, Gaudillat entra en clandestinité et s’installa à Garrac, aux environs de Foix, entre février et avril 1943. Il participa là à diverses actions avec des maquisards et des guérilleros espagnols.
Il partit d’Ariège, où il fut remplacé par Rémi Fertier, en avril 1943. Il y avait alors trente sept FTP clandestins dans le département. Il fut affecté comme CTR et service B dans les Hautes-Pyrénées jusqu’en juin. Il dut quitter ce département à la suite de l’arrestation du responsable de l’armement qui parla sous la torture. Il rejoignit en juin l’interrégion à Toulouse (Haute-Garonne), où, à partir d’octobre, il fut responsable du service B. Il organisa les parachutages d’Oloron-Sainte-Marie et Vic-de-Bigorre ainsi que l’attaque du siège de la police allemande à Tarbes. Alors qu’il était à Toulouse, il lui arrivait de retourner en Ariège. C’est ainsi qu’il dirigea en août 1943 quatre jeunes Toulousains vers le communiste Jean Farras de Rimont, ce qui fut à l’origine de la création du maquis du Pla del Lac à Balès. Il aurait contribué à l’évasion de cinquante quatre résistants liés aux services britanniques de la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) le 3 janvier 1944, or le témoignage recueilli par Claude Delpla semble évoquer aussi la préparation de l’évasion de centrale d’Eysses, organisée par les communistes et conclue par la révolte du 19 février. Il aurait reçu trop tard l’ordre de tout arrêter car les armes étaient déjà dans la centrale. Il fut muté à Lyon (Rhône) le 2 février 1944 et nommé commissaire zone sud du service B. Il fut envoyé le 6 mai 1944 à Marseille comme commissaire technique interrégional pour la Provence (interrégion EF) pour remplacer l’ancienne équipe qui venait d’être dispersée à la suite d’arrestations. Il venait épauler le commissaire interrégional aux opérations, Louis Blésy*, qui venait d’y arriver. Son nouveau pseudonyme était Pelletier. Cette région comprenait six départements : Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Basses-Alpes, Vaucluse et Drôme. Arrêté le 6 juin 1944, il réussit à s’évader deux jours plus tard. Aux côtés de Louis Blésy, de Paul Bouy*, commissaire aux effectifs interrégional et de Gaston Beau*, commissaire aux opérations régional, l’état-major départemental FTP, il fut l’un des organisateurs de la libération de Marseille.
Fin septembre 1944, il fut affecté par l’état-major FFI aux Forces républicaines de sécurité (FRS) des Bouches-du-Rhône. Il fut nommé adjoint de leur chef d’état-major, Jean Garcin, puis lui succéda lorsque celui-ci démissionna. Homologué comme lieutenant-colonel et conservant son pseudonyme de Pelletier, devenu l’adjoint du général Guillot, commandant en chef des FRS, il commandait la demi-brigade FRS de la caserne Audéoud de Marseille. En janvier 1945, lors de la réorganisation des FRS, le général Guillot proposa sa candidature au commandement régional face à celle d’un officier d’active gaulliste qui avait lui aussi de beaux brevets de Résistance. Ils furent finalement désignés tous deux comme commandants régionaux adjoints. Il se fit réprimander par le commissaire régional de la République, Paul Haag, pour avoir participé en uniforme au défilé du 1er mai 1945 à Marseille. Il était un maillon important de la hiérarchie communiste au sein des FRS. Inquiet d’une fouille ordonnée dans un camp de travailleurs indochinois près de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) après un meurtre, il s’y rendit, en sus des officiers concernés par l’enquête, de crainte que l’on cherche à inquiéter les militants communistes. Début 1947, chargé de protéger la préfecture alors que les dockers avaient prévu de venir y manifester, il obtint de Lucien Molino*, secrétaire de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône, que la manifestation modifia son trajet.
Il fut muté à sa demande à l’état-major régional des FRS de Toulouse fin mars 1947 en dépit des oppositions du préfet Berteaux et du président socialiste du Conseil général de Haute-Garonne. Dix jours après les incidents du 12 novembre 1947 à Marseille et bien qu’il y fut étranger, il fut suspendu et renvoyé devant un conseil de discipline (qui ne fut pas réuni), puis placé en disponibilité sans traitement. Il retrouva du travail en 1948 comme directeur du centre de rééducation professionnelle à la caserne Joffre de Montpellier et s’établit dans la région.
Il avait reçu la Médaille de la Résistance le 19 octobre 1945. Une rue Jean Gaudillat fut inaugurée à Saint-Girons en 2002, le conseil municipal ayant ainsi voulu honorer la mémoire de celui qui avait « mené dans la nuit du 3 au 4 décembre 1942 le premier attentat à l’explosif ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88246, notice GAUDILLAT Jean, Léon [pseudonyme dans la Résistance : Louis, Boivin, Pivolo, Dartois et Yves Pelletier] par Jean-Pierre Besse, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 12 juin 2010, dernière modification le 2 novembre 2018.

Par Jean-Pierre Besse, Jean-Marie Guillon

SOURCES : SGA, DIMI, Bureau Résistance, 16 P 246305.— Maurice Agulhon et Fernand Barrat, ⎨C.R.S. à Marseille 1944-1947⎬, Paris, Armand Colin-FNSP, 1971.— Claude Delpla, ⎨La fin tragique du maquis de Camarade⎬, Ariège, Camarade, 1993, 16 p.— Témoignage recueilli par Claude Delpla en juillet 1965.— témoignage Louis Blésy.— État civil.

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