GOUYET Guy, René

Par André Caudron, Jean Limonet

Né le 9 août 1935 à Paris (XXe arr.) ; ajusteur électro mécanicien ; scout de France ; adhérent CGT, CFTC puis CFDT, permanent CFTC chargé de la région parisienne (1961), puis secrétaire général de la CFDT pour l’Île-de-France (1971) et membre du bureau national ; militant UGS, PSU, PS ; secrétaire national du CCFD (2001-2006).

Fils de Maurice Gouyet, ouvrier en galvanoplastie, croyant sans pratique religieuse, et de Geneviève Laroque, ouvrière métallurgiste, Guy Gouyet fut le sixième de sept enfants. Entré à l’école communale à Paris, rue Eugène-Reisz en 1941, rue Vitruve en 1948, puis au collège technique rue Sorbier, il obtint en 1951 le CAP d’ajusteur et l’équivalence du CAP d’électricien. Il suivit ensuite des cours de mathématiques, d’électricité et d’électronique au CNAM durant neuf ans (1952-1961) en plus de ses activités professionnelles. Il fréquenta pendant son enfance le patronage, les louveteaux puis les scouts. Devenu routier à l’âge de seize ans, il rencontra de nombreux adultes, laïcs et religieux qui lui inculquèrent des valeurs d’humanisme.

Il obtint son premier emploi chez Citroën à Paris, quai de Javel, en 1951, en qualité de pyromètreur puis d’agent d’entretien sur machine outils. Le travail posté, très pénible, le conduisit à démissionner. Il retrouva un emploi plus équilibré en 1954 au laboratoire central des industries électriques comme agent d’essai. Les jeunes de cette équipe demandèrent la reconnaissance de leur statut de diplômés et décidèrent collectivement d’adhérer à la CGT. Guy Gouyet fut l’un d’eux jusqu’à son départ au service militaire. Il fut appelé en mai 1956, à Fontainebleau puis à Épinal, dans les transmissions. Le jour du départ de sa compagnie en Algérie, il fut retenu en raison de sa qualification de spécialiste des lignes souterraines de longues distances et fut muté à Margival (Aisne) dans un centre de transmissions de l’OTAN.

Rendu à la vie civile en octobre 1958, il fut embauché à la Compagnie des machines Bull comme agent technique électronicien. Accueilli par une section CFTC dynamique, animée par André Caurou*, André Strepho* et Raymond Pichon*, Guy Gouyet y adhéra immédiatement et participa au congrès de l’UPSM du 21 novembre 1959. Robert Duvivier, secrétaire général de l’URP-CFTC de la région parisienne, lui demanda d’être permanent syndical en 1961 avec pour charge principale le secteur Est, qui allait devenir la Seine-Saint-Denis. D’autres militants furent appelés aux mêmes responsabilités sur d’autres secteurs : Claude Le Pennec, Michel Razievski*, Louis Moulinet, puis Jean Boussemart*, Raymond Darcel et enfin Maurice Maillard*, Daniel Magal*, Jean Ruels*. Guy Gouyet devint ensuite secrétaire général de l’URP-CFTC de la Seine-Saint-Denis jusqu’en 1971.

Chacun des nouveaux permanents fut membre du bureau de l’URP avec deux axes de travail prioritaires : le développement des adhérents dans les entreprises et la formation. À ce titre, Guy Gouyet prit part à de nombreuses réunions dans les Unions locales et les entreprises, ainsi qu’au centre national de formation à Bierville. Au nom de la région parisienne, il fut présent au congrès confédéral des 6 et 7 novembre 1964 qui décida de créer la CFDT et adopta les nouveaux statuts. Il participa à bien des conflits menés par les sections CFTC-CFDT dans la métallurgie, l’agro alimentaire, le nettoyage, l’habillement, et fut très impliqué dans les luttes de travailleurs immigrés contre les marchands de sommeil (Aubervilliers).

Le 8 février 1962, lors de la manifestation contre les attentats de l’OAS, il était avec Claude Bouret à la tête du cortège. Il fit partie des manifestants qui se retrouvèrent allongés sur les marches du métro, à la station Charonne, et en sortit notamment grâce à l’intervention d’André Acquier. En Mai 68, il s’impliqua dans l’Union départementale de Seine-Saint-Denis qui fut très sollicitée, y compris par le préfet, en raison des risques de dérapage d’équipes d’extrême gauche dans les entreprises. Au cours de la décennie 1970, l’URP eut à gérer, au sein de certains syndicats, des conflits dus à l’action de militants qui développaient des stratégies plus partisanes que syndicales ; elle eut aussi à soutenir les militants CFDT impliqués dans les comités de soldats.

Lors du congrès régional du 23 janvier 1971, Guy Gouyet fut élu secrétaire général de l’Union régionale parisienne, succédant à Robert Duvivier. Il exerça ce mandat jusqu’au congrès de décembre 1978 où Jean-Pierre Bobichon* le remplaça. À l’URP, il était de la majorité, menée par Roger Gillot, Robert Duvivier, Claude Bouret, majorité qui revendiqua l’indépendance du syndicat à l’égard des partis politiques et prôna un syndicalisme fort par le nombre des adhérents, actifs dans les entreprises et ouverts aux solidarités interprofessionnelles. Ils étaient porteurs d’un projet de société basée sur la justice et le respect de la personne. Comme porte-parole de l’URP, Guy Gouyet se retrouva souvent dans la minorité confédérale dont la stratégie apparaissait comme trop idéologique. Il appuya par contre la démarche de re-syndicalisation, dite « recentrage », rapportée par Jacques Moreau* au congrès de 1979.

Élu au comité national puis au conseil national confédéral de 1967 à 1979, Guy Gouyet siégea également au bureau national confédéral de 1972 à 1979, date à laquelle il quitta ses responsabilités régionales. Il devint alors secrétaire confédéral à l’action revendicative puis secrétaire de la commission exécutive avant de rejoindre le secteur économique/emploi jusqu’en 1985.

Guy Gouyet avait été appelé, au titre de l’URP ou par la confédération, à remplir diverses missions intersyndicales à l’étranger entre 1964 et 1983, à Dakar avec Frédo Krumnow, en Algérie avec l’Union générale des travailleurs algériens en 1971 ; en Chine avec Edmond Maire, Jacques Moreau, Marie-Jeanne Laffont*, suite à l’invitation de l’Association du peuple chinois pour l’amitié avec l’étranger en 1974 ; en RDA à plusieurs reprises entre 1974 et 1975 avec René Salanne*, et Jean Bourhis*, en 1976 avec la confédération pour travailler avec l’UGT et USO après la mort de Franco ; en 1983 en Pologne, pour rencontrer les responsables de Solidarnosc. Il avait adhéré à l’Union de la gauche socialiste (UGS) à Montreuil, sur l’objectif de la paix en Algérie, puis au PSU, et était passé au PS lors des Assises du socialisme en 1974.

Après 1979, Guy Gouyet fut mandaté par la confédération pour d’autres responsabilités, aux conseils d’administration de l’ANPE (1984-1985), de la CNAV, de l’UCANSS (1997-2001) et de la Croix Rouge (1998-2000). En 1981-1982, il représenta la CFDT à la session de l’Institut des hautes études de la Défense nationale.

Président du foyer de jeunes travailleurs Relais Accueil dans le XIIIe arrondissement de Paris et de l’Union des foyers de l’Ile-de-France, il fut administrateur de l’UFJT nationale de 1992 à 2000. Il fut aussi, de 1985 à 1998, conseiller au groupe CRI, chargé de formation sur l’épargne salariale et l’intéressement auprès des sections syndicales. Il participa au lancement du premier fonds commun de placement au profit des entreprises et associations d’insertion par l’économie.

En 2001, Guy Gouyet fut élu au bureau national du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) où il siégea jusqu’en 2006. Depuis 2007, il milite au sein de Garances, association départementale d’aide aux jeunes créateurs d’entreprise dans leurs démarches. Il en est vice-président depuis 2009.

Marié le 29 novembre 1958 à Paris avec Aline Bourdin, conseillère municipale PS de Pantin de 1993 à 2008, il eut deux enfants, Hervé, né le 1er mai 1962, président d’Électricien sans frontière, et Florence, née le 25 juin 1964, maire adjointe PS de Saint-Denis de 2000 à 2008.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88265, notice GOUYET Guy, René par André Caudron, Jean Limonet, version mise en ligne le 16 juin 2010, dernière modification le 21 juin 2011.

Par André Caudron, Jean Limonet

SOURCES : Archives UPSM, Région Ile-de-France, confédérales, presse syndicale. – Notes de Louisette Battais. – Entretien avec Guy Gouyet, 8 janvier 2010, 12 février 2010, mars et 7 juin 2010.

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