JAUME Luc

Par Alain Prigent

Né le 23 novembre 1926 à Fougères (Ille-et-Vilaine), mort le 27 juillet 2015 à Guingamp (Côtes d’Armor) ; journaliste à Ouest-Matin puis employé ; résistant ; responsable de l’UJRF à Guingamp, militant du PCF à Bobigny (Seine-Saint-Denis) ; membre de la rédaction du mensuel de l’Union des sociétés bretonnes d’Île-de-France (USBIF).

Fils unique de Théo Jaume*, sabotier puis ouvrier de la chaussure, et de Marguerite Barry, ouvrière de la chaussure, il suivit sa scolarité primaire d’abord à Fougères, puis à Guingamp, où ses parents s’étaient installés, à l’école primaire dite des cantons où il obtint son certificat d’études primaires en 1939. Il fréquenta ensuite l’EPS de Guingamp (école primaire supérieure) où il obtint son brevet supérieur en 1943.

Son premier geste de résistance fut d’enterrer le revolver de son père, prisonnier de guerre en Allemagne, cette arme devenant l’une des premières du maquis de Grâces. Ne voulant pas poursuivre ses études, il travailla à partir de juillet 1943 avec son père, prisonnier de guerre libéré en 1942, marchand forain sur les marchés de la région de Guingamp. Il fut en contact avec Célestine Le Gall*, militante communiste qui tenait une ferme à Plouisy, une amie de son père. Il rédigea des papillons antinazis qu’il colla sur les poteaux de la région. Avec d’autres jeunes du quartier de Saint-Jean, en Grâces, il organisa la planque de résistants au moulin du cuivre. Blessé, il ne put suivre ses camarades au sein du maquis de Plésidy. Quelques semaines après la Libération de la ville, le 7 août 1944, il adhéra au groupe des jeunesses communistes. Il fut également membre de l’organisation légale du Front National dirigé par Jean Devienne* qui regroupait près de 30 000 adhérents dans le département des Côtes-du-Nord.

Il donna son adhésion à la section du PCF de Guingamp, puis participa à une école de formation du parti dirigée par Jean Le Paranthoën*. Jusqu’en 1948 il continua d’accompagner son père sur les marchés. Après avoir fait son service militaire d’avril 1948 à novembre 1949 à Constance en Allemagne occupée, il entra au journal progressiste Ouest-Matin dirigé par Henri Denis, professeur à la faculté de droit de Rennes, et soutenu par les fédérations du PCF de Bretagne. Après un stage de formation de 15 jours à Brest avec Louis Le Roux*, il fut nommé chef de la rédaction à Guingamp. Alors que ses confrères des journaux régionaux locaux bénéficiaient d’une automobile, Luc Jaume sillonnait la région à vélo. Le journal était tous les matins servi aux abonnés par portage. Il fut délégué de la section de Guingamp à la conférence fédérale du PCF des 25 et 26 novembre 1950. Il prit la parole au nom de l’union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) à plusieurs reprises lors des principales manifestations de masse organisées à Guingamp où comme lors des 1er mai 1950 et 1951.

Luc Jaume épousa en septembre 1953 Annick Caradec, une jeune ouvrière d’une entreprise de confection, militante de la JOC animée localement par l’abbé Cottin*, enseignant à l’institution Notre-Dame. Son frère aîné, Jean Caradec, fut tué par les Allemands lors de l’attaque contre le maquis de Plésidy le 27 juillet 1944. Le couple eut deux enfants.

En octobre 1956, au moment où le journal Ouest-Matin disparaissait, Luc Jaume chercha du travail dans la région parisienne. Après avoir travaillé à l’UFI (union française d’information) dirigé par Laurent Salini*, il fut embauché à l’Office parisien des papiers dont il fut l’un des gérants. Installé à Bobigny, il eut la responsabilité d’une cellule locale du PCF et fut membre du comité de section de la ville. Participant à toutes les manifestations pour la paix en Algérie, il fut blessé lors de la manifestation de février 1962 au métro Charonne. Adhérent à l’amicale des Bretons de Bobigny, il fut intégré à partir de 1981 à l’équipe de rédaction du Pays Breton, mensuel dirigé par Jean Le Lagadec*, publication qui prit en 1999 le nom de Bretagne Île-de-France. Il fournit chaque mois une critique appréciée des ouvrages les plus récents parus sur la Bretagne et ainsi que des articles entretenant la mémoire de la Résistance bretonne. Il était en 2009 secrétaire du comité de Bobigny et membre du comité directeur de l’ANACR de Seine-Saint-Denis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88298, notice JAUME Luc par Alain Prigent, version mise en ligne le 19 juin 2010, dernière modification le 25 mars 2019.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 1W13 (rapport sur le 1er mai 1951), 12W33 (rapport sur le 1er mai 1950), 12W47, notes des RG sur la CFTC et les organisations catholiques, 27 mai 1949. — Archives Marcel Alory, ancien secrétaire fédéral du PCF des Côtes-du-Nord. — Marcel Alory, L’Union de la Jeunesse patriotique républicaine de France dans les Côtes-du-Nord (1945-1956), monographie, s.d., 28 p. — Article de Douat, Regards, décembre 2008. — Entretien le 20 juillet 2009. — Témoignage de Luc et Annick Jaume lors d’une table ronde organisée le 31 mai 2012 aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis à Bobigny. — Notes de Tangui Perron, 2018.

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