JAUME Théo

Par Alain Prigent

Né le 12 juillet 1897 à Pont-Aven (Finistère), mort le 24 décembre 1966 à Guingamp (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; sabotier puis marchand forain ; résistant ; militant communiste des Côtes-du-Nord ; maire de Grâces (1944-1947).

Son père, sabotier itinérant, travaillait dans les forêts du Finistère Sud vivant dans des huttes. La famille était composée de 10 enfants, installée à Pont-Aven. Théo Jaume, sabotier comme son père, quitta le Finistère pour la région de Fougères en 1913. Il se maria dans les années 20 avec Marguerite Barry, née à Fougères en 1900, ouvrière de la chaussure. Ils eurent un enfant Luc Jaume*, né en 1926.

Abandonnant son métier, il devint ouvrier des industries de la chaussure. Adhérent de la CGT dès 1916, il fut un des militants très en vue de la CGTU pendant les grèves de 1932. Il adhéra au PC en 1929 et participa aux travaux de la conférence bretonne le 14 février 1932 avec la participation de Vassart, délégué de la direction nationale à un moment où le parti, très affaibli par les trahisons de Carré* et de Géry*, avait de grandes difficultés à appliquer la stratégie « classe contre classe », ne regroupait que 80 adhérent dans les départements d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord. A cette conférence il rencontra Jean Le Hénaff* et Yves Flouriot*, délégués des Côtes-du-Nord. Inquiété par la police il fut obligé de quitter la région de Fougères.

Il s’installa alors comme marchand forain à Guingamp vendant des couteaux sur les marchés utilisant d’abord un side-car puis un camion. Il fut un militant très actif du rayon de Guingamp avec Jean Le Hénaff* et Francis Marzin* participant aux luttes initiées par la CGPT contre les ventes-saisies dans le Trégor et le pays de Guingamp en 1933 et 1934.

Il fut présenté par le PCF aux élections cantonales à Bourbriac le 10 octobre 1937, où il obtint 66 voix, soit 3,1 % des suffrages exprimés. Le conseiller général sortant radical indépendant Gilles Tréogat fut réélu dès le premier tour avec 1 352 voix soit 62,9 %. Le candidat URD Yves Colleter obtint 727 voix soit 33,8 %. En 1945, le canton fut gagné par le PCF avec Yves Le Couster*.

Militant du Secours Rouge puis du Secours Populaire, il a accueilli chez lui pendant plusieurs années un jeune réfugié espagnol.

Mobilisé à Vannes, il participa aux combats dans le Nord, puis se replia à Vannes où il fut prisonnier. Interné au Stalag 12 A, il fut libéré en juin 1942 pour des raisons de santé. Il reprit alors contact avec les militants communistes de la région de Guingamp et participa à constituer le groupe de résistance qui donna naissance au maquis de Grâces en juillet 1944. Il servit essentiellement d’agent de liaison avec Léon Ollivier*, ancien militant CGT des usines Tanvez, et Geffroy, instituteur.

En août 1944, à la Libération du département, il fut nommé maire de la commune par le Comité cantonal de Libération à la place de Pierre Le Guyon, maire élu dès 1925, qui s’accommoda de la présence des troupes d’occupation. Théo Jaume fut élu avec l’ensemble -de sa liste aux élections municipales de mai 1945. Dans un contexte politique totalement différent, sur fond de désunion à gauche, il fut battu en 1947 par Lancien* (SFIO).

Il se concentra alors à la responsabilité du syndicat professionnel des commerçants non sédentaires de l’arrondissement de Guingamp. Lors de ses obsèques civiles le 27 décembre 1966, le commandant André Bardoux, maire de Grâces et François Leizour*, conseiller général communiste de Guingamp, firent son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88299, notice JAUME Théo par Alain Prigent, version mise en ligne le 19 juin 2010, dernière modification le 19 juin 2010.

Par Alain Prigent

SOURCES : Bibliothèque marxiste de Paris, bobine 73, cote 492, rapport de Vassart, 14 février 1932. — Arch. Dép. Côtes d’Armor, 3M150 (élections cantonales à Bourbriac en 1937) ; 2W130, rapport des RG, 30 décembre 1940 et 1er juin 1942. — Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche, n° 959, 8 janvier 1967. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000, 287 p. — Entretien avec son fils Luc Jaume le 20 juillet 2009. — Notes de François Prigent.

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