Par André Balent
Né le 8 octobre 1895 à Alais [Alès en 1926] (Gard) ; mort exécuté sommaire le 11 juillet 1944 à Servas (Gard) par les Français de la division Brandenburg [« Brandebourgeois »] ; camionneur à Alès ; militant du Parti communiste ; résistant (Front national ; FTPF) d’Alès.
Gabriel Guiraud était le fils de Fernand, Alphonse et d’Annette Chanteloube. Il se maria avec Berthe Tribes, née à La Vernarède (Gard) le 8 décembre 1896. Le couple eut une fille, Georgette, née le 23 avril 1926.
Camionneur à Alès, il était domicilié dans cette ville 1 rue Julien-Trefflys.
Militant communiste d’Alès (Gard), Gabriel Guiraud fut élu conseiller municipal le 21 novembre 1926 (2e tour), en mai 1929 et en mai 1935. Il était membre du comité régional en 1928.
Sa participation à la résistance remonte à 1942, d’après une déposition de Roland Feras, responsable du Front national pour le Haut Gard, le 17 décembre 1951. De son côté, Léon Rousson ancien secrétaire du CDL du Gard attesta de son activité résistante dans le cadre du Front national. Le général Zeller, commandant de la région militaire de Montpellier et Raymond Chauliac de Montpellier (chef régional des FFI, un des plus importants cadres des MUR de la R3) attestèrent qu’il assurait depuis Alès le ravitaillement et l’armement des FTPF cévenols.
Il ravitaillait les maquis du Haut Gard et de la Basse Lozère. Il fut arrêté le 5 juillet 1944 vers 16 heures, avant (ou après ?) Barthélemy Ramier. L’arrestation, ainsi que celle de Barthélemy Ramier eut lieu 2 place Florian dans l’atelier de Marius Sage, entrepreneur en peintures, son voisin et, alors, son employeur. Les individus en civil qui l’arrêtèrent descendirent d’une Traction Citroën. Ils appartenaient à la Milice d’Alès ou étaient des « Brandebourgeois » [Français de la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandenburg, unité du Heer dépendant de l’Abwehr II, section des services secrets chargée des actions spéciales, connus communément comme étant des Waffen SS français] en civil qui sévissaient au Fort Vauban d’Alès. Ce fut René Roubaud, un agent double lié à la Milice, d’une part, et aux FTPF et au Front national, d’autre part, qui fut à l’origine de son arrestation. Sa femme fut aussi arrêtée le même jour et détenue au fort Vauban d’où elle fut relâchée, au plus tard le 15 juillet.
Il fut transféré au fort Vauban où il subit les interrogatoires et les tortures de Waffen SS français. Ces derniers le transférèrent ensuite au puits de la mine de lignite désaffectée de Célas à Servas (Gard). Il fut exécuté d’une balle dans la nuque et son corps fut précipité dans le puits.
Son décès fut constaté le 16 septembre 1944 et son décès fut confirmé par jugement du Tribunal civil de Première instance d’Alès le 24 octobre 1944 et transcrit à la mairie de Servas le 5 novembre 1944. Il fut inhumé au cimetière d’Alès dans le carré des victimes des « Brandebourgeois » précipités dans le puits de Célas.
Il obtint la mention "Mort pour la France" par lettre de l’état civil de Paris le 25 mai 1945. Son nom figure sur le monument aux morts d’Alès (plaque commémorative 1939-1945), place des martyrs de la Résistance (parmi quarante-trois nom)s, et à Célas au monument commémoratif du chevalet du puits de Celas. Le site MemorialGenWeb indique à tort qu’il mourut sur le territoire de la commune de Mons (Gard).
Le 3 août 1950, Gabriel Guiraud fut homologué lieutenant FFI à compter du 1er janvier 1943. Il reçut la Croix de guerre avec étoile de vermeil.
Par André Balent
SOURCES : SHD, AVCC Caen, 21 P 622256, dossier de Gabriel Guiraud ; 21 P 145532, dossier de René Roubaud. — Arch. Seine-Saint-Denis, fonds de l’ancien Institut Maurice Thorez, bobine 305. — Arch. com. Servas, état civil. — Jean-Claude Pouzet, Un type de gestion communale entre deux guerres, Alès 1925-1939, Mémoire de Maîtrise, Montpellier, 1978. — Claude Émerique, Laurent Pichon, Fabrice Sugier, Monique Vézilier, La Résistance dans le Gard, Paris, Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009, CDROM avec un livret de présentation, 36 p. — Site MemorialGenWeb consulté le 7 janvier 2018. — Notes de Jean-Pierre Besse et de Jean-Louis Ponnavoy.