RAVET Robert. Pseudonyme : Armand, le constructeur

Par Claude Coussement

Né le 19 juillet 1910 à Musson (Province de Luxembourg), mort à Arlon (Province de Luxembourg) en 1961 ; militant du PCB, radio télégraphiste du Komintern en Belgique en 1939-1943.

Le père de Robert Ravet, Honoré, était conseiller provincial socialiste (province de Luxembourg) depuis 1932 et rejoignit le PCB en 1938. Sa mère s’appelait Marie Kléber, son frère, Guido. Après des études à l’Athénée royal de Virton, il suivit les cours de l’Institut industriel des Aciéries de Longwy et en sortit en 1927 avec un Certificat d’aptitude professionnelle en électricité.

Passionné par la radio, il s’inscrivit aux cours de l’Institut national de radio et ciné ( INRACI) à Bruxelles. Après avoir travaillé en aciérie puis en centrale électrique jusqu’en 1935, il fut engagé jusqu’en 1940 comme chef de fabrication dans une entreprise bruxelloise de radio-électricité. Membre du parti communiste, il fut sollicité par Xavier Relecom (secrétaire général) et Joseph Leemans(responsable national des cadres) en 1939, pour « effectuer un travail pour le parti, » pour lequel il abandonna son activité professionnelle. Cela correspondait au repli en Belgique d’une partie de la direction du Parti communiste français, avec Maurice Thorez, Jacques Duclos, Arthur Ramette, Emile Dutilleul puis Maurice Tréand démobilisé pour raisons de santé. Il lui fut demandé de mettre en place un centre radio-télégraphique chez les époux Henri et Marie Erlich-Bocca, militants du PCB, à Ixelles (Bruxelles.) Le poste était opérationnel à la fin du mois de décembre. Faisaient partie du groupe, sous la direction de Maurice Tréand, chapeauté lui-même par Eugen Fried arrivé en Belgique au mois d’août, la chiffreuse Angèle Sallerette et la radio-télégraphiste Louise Chef arrivée de Paris. Le 10 mai 1940, jour de l’invasion de la Belgique, le risque devint grand d’être considéré comme espion en détenant ce genre d’appareils. L’équipement fut enlevé. Un mois après, sur les pas de l’armée allemande, Maurice Tréand et les deux techniciennes se retrouvèrent à Paris. Elles reçurent, entre autres, le long message en trois parties envoyé par le Komintern le 15 juillet 1940, qui servira de modèle définitif à la confection de l’Appel aux Français du 19 juillet, signé par Maurice Thorez (alors à Moscou) et par Jacques Duclos. Le 20 septembre 1940, Maurice Tréand fit savoir que Robert Ravet qui avait quitté Bruxelles sans en aviser Fried, reviendra. Puis, en désaccord avec lui, il proposa le 27 de s’en séparer ainsi que de Louise Chef. Fried ne tiendra pas compte de cette recommandation. Lorsqu’il mit Robert Ravet en disponibilité pour trois mois en septembre 1941 en raison de la dangerosité du moment, celui-ci retrouva son amie à Paris.

Il revint à Bruxelles en décembre 1941, bientôt suivi par Louise Chef entrée elle aussi en conflit avec Maurice Tréand et que Fried avait fait rappeler. Il leur fit confectionner un nouveau poste dont le couple se servit, travaillant en alternance avec le radio-télégraphiste Claude Gaudier, puis devenant les seuls à émettre et recevoir. Sa liaison hebdomadaire avec Fried était assurée par Madeleine Delnest, épouse d’un sculpteur communiste belge. L’arrestation de Claude Gaudier le 17 août 1943, suivie le même jour par l’assassinat de Fried par la Sicherheitspolizei fit cesser leur activité. Un dernier télégramme inquiet envoyé au Komintern par Robert Ravet ne reçut pas de réponse. Le 10 octobre, Jacques Duclos, persuadé de son implication dans la chute de Fried, demanda sa liquidation. Le 6 décembre, une unité spéciale des Partisans armés l’assaillit chez lui mais ne réussit pas à l’abattre. Il sera blanchi après la guerre et fut proposé par Andor Berei pour devenir permanent du PC dans la province de Namur. Désirant cesser toute activité militante, il reprit son métier et se maria avec Louise Chef.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88337, notice RAVET Robert. Pseudonyme : Armand, le constructeur par Claude Coussement, version mise en ligne le 1er juillet 2010, dernière modification le 13 août 2010.

Par Claude Coussement

SOURCES : Entretien de l’auteur avec Louise Chef et Madeleine Delnest. — CARCOB, papiers Lucette Bouffioux et dossier CCP de Ravet. — RGASPI, télégramme de Jacques Duclos au Komintern du 4 novembre 1943. — Archives de police de la Ville de Bruxelles, 793.87 III.

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