ANSTETT Eugène, Pierre, Joseph

Par Étienne Kagan, Léon Strauss, Pierre Schill

Né le 25 mars 1906 à Dabo (Lorraine annexée), mort le 8 août 1991 à Marange-Silvange (Moselle) ; ouvrier métallurgiste à Knutange (Moselle) ; militant communiste, dirigeant du PC à Hagondange (Moselle) et secrétaire fédéral du PC mosellan ; membre du suppléant comité central élu en 1937.

Fils de Eugène né en 1868 et de Catherine née Pett en 1872 ; marié le 7 octobre 1925 à Nilvange (Moselle) avec Antoinette née Scheil, ils eurent au moins un fils.

Ouvrier métallurgiste (conducteur de treuil), Eugène Anstett résida en Moselle, d’abord à Nilvange, puis à partir de décembre 1928 à Knutange. Il quitta cette commune pour Hagondange en novembre 1936.

D’après la préfecture de la Moselle, Eugène Anstett devait quitter la Moselle en juillet 1935 pour se rendre en compagnie de Charles Friedrich* au congrès mondial communiste qui devait se tenir à Moscou. Tous les deux avaient séjourné à Moscou pour suivre les formations de l’Internationale communiste, peut-être à l’École léniniste internationale mais nous n’en avons pas la preuve.

Le 12 janvier 1936 se tint à Metz (Moselle) un congrès du comité régional du PC mosellan : Eugène Anstett était alors secrétaire fédéral et s’occupait notamment des actions unitaires avec les socialistes.

Il se présenta aux élections législatives d’avril-mai 1936 dans la circonscription de Metz I face au député sortant, vice-président de la Chambre des députés, Édouard Moncelle, candidat de l’Union républicaine lorraine (URL). Léon Burger, qui se présentait avec l’étiquette d’« Indépendant de gauche », obtint au premier tour 3 135 voix sur 17 662 suffrages exprimés pour 18 114 votants et 21 457 électeurs inscrits. Il arrivait en quatrième position derrière Édouard Moncelle et le candidat communiste Eugène Anstett qui totalisaient respectivement 4 516 et 4 171 voix. Le candidat socialiste Edmond Psaume obtint quant à lui 864 voix. Léon Burger pensa d’abord retirer sa candidature, qu’il maintint finalement pour obtenir 3 420 voix sur 17 688 votants. Il contribua ainsi à la défaite du candidat communiste qui totalisa 6 632 voix alors que député sortant rassembla 7 422 voix.

Eugène Anstett dirigeait à cette période le rayon communiste d’Hagondange, l’un des deux plus actifs sur les sept rayons communistes de Moselle.

Délégué au VIIIe congrès du PCF (Villeurbanne, 22-25 janvier 1936), il fut candidat aux élections législatives de 1936 dans la 1re circonscription de Metz mais échoua au second tour. Il fut par contre élu conseiller général aux élections cantonales d’octobre 1937 à Metz-Campagne. En décembre, au congrès d’Arles, il fut élu membre suppléant du comité central.

En octobre 1936, il prit part aux réunions de soutien au Front populaire organisées en Moselle par le PC et la CGTU. Il anima notamment la réunion du 10 à Metz en tant que secrétaire régional du PC.

Les multiples querelles de personnes au sein du Parti communiste mosellan, les attaques portées contre lui dès 1936 aboutirent à son remplacement par P. Entzmann à la tête du secrétariat régional en mars 1939. Anstett fut défendu alors par Schwob et Friedrich, secrétaires du syndicat des métaux de la Moselle. L’affaire provoqua de nombreux remous au sein du PCF, mais aussi du syndicat CGT des Métaux et de l’Union départementale CGT de la Moselle qui suspendit Entzmann de sa commission exécutive. Eugène Anstett fut ensuite exclu le 23 avril 1939 du Parti communiste et accusé d’avoir « avoir perçu des fonds dont il se refusa à faire connaître l’origine », selon les termes employés par J. Duclos dans une lettre à L. Jouhaux le 26 mai 1939. Ces fonds lui auraient permis d’acheter un débit de tabac et de journaux alors qu’il ne percevait qu’un salaire mensuel de 1 400 francs et que ni lui ni sa famille ne disposaient d’autres sources de revenus (selon Cahiers d’Histoire, op. cit.). Il faut prendre ce type d’accusations, fréquentes dans les cas d’exclusion, avec prudence.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88376, notice ANSTETT Eugène, Pierre, Joseph par Étienne Kagan, Léon Strauss, Pierre Schill, version mise en ligne le 5 juillet 2010, dernière modification le 28 avril 2021.

Par Étienne Kagan, Léon Strauss, Pierre Schill

SOURCES : Arch. Nat. F7/13129, juillet 1932 et F7/13133, rapport du 9 janvier 1934. — Arch. Dép. Moselle, M Sûreté générale 53. — René Schwob, Réalités vécues au cours de 40 années d’activité syndicale, UD CGT-FO de la Moselle, s.d. (1966), 164 p. — L’Humanité d’Alsace-Lorraine, 21 mars, 25 avril, 7 mai 1939. — Le Populaire de l’Est. — Cahiers d’Histoire de l’Institut M. Thorez, 2e trimestre 1974, interview de V. Michaut par Cl. Willard. — J.-P. Rioux et alii, ( dir.), Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris, 1987, p. 369-387. — Aucun dossier le concernant ne figure dans les archives du Komintern, dossiers personnels (RGASPI). — Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 683. – Archives départementales de la Moselle : 301 M 78 et 79 ; 303 M 58 et 77. — E.L. Baudon, Les élections en Moselle, 1919-1956, Metz, 1956, 94p. — Didier Kompa, La formation du Front populaire en Moselle, 1934-1936, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Metz, 1985, 173p. — Christine Ciavarella, Les élections législatives de 1936 en Moselle, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de Jean-Claude Delbreil, Université de Metz, 1989, 220p. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157p. — État-civil de la commune de Dabo (Moselle). État-civil et fichier domiciliaire de la commune de Knutange (Moselle).

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