HERBAUT Pierre, Marcel

Par Gilles Morin

Né le 6 juin 1922 à Lille (Nord), mort le 24 octobre 1970 à Paris (XIIe arr.) ; professeur ; membre de la commission exécutive de la fédération socialiste SFIO du Pas-de-Calais (1952-1969) ; membre du comité directeur (1954-1969) et secrétaire général adjoint de la SFIO (1956-1969), membre du comité directeur du Parti socialiste (1969-1970).

Fils d’un métreur, Pierre Herbaut se maria le 24 juin 1943 à Paris (XIVe arr.) avec Renée, France Lambert, veuve, professeur, née le 10 septembre 1915 à Gricourt (Aisne), fille d’instituteurs. Militant de la fédération socialiste SFIO du Pas-de-Calais et professeur de lettres classiques au collège d’Arras, il y fit la connaissance de Guy Mollet*. Celui-ci, comme pour Christian Caillieret*, en fit un responsable administratif de l’appareil du parti socialiste et il quitta l’enseignement pour assurer une carrière de permanent politique. Il fut chargé de mission par le président du Conseil, René Pleven du 19 novembre 1951 au 7 janvier 1952, puis par Edgar Faure, du 20 janvier au 29 février 1952. Il entra tout d’abord à la direction de la fédération socialiste, avant d’être associé à la direction nationale. Membre de la commission exécutive de la fédération SFIO du Pas-de-Calais en 1952-1969 et délégué adulte des Jeunesses socialistes (JS) en 1953, il entra au comité directeur national du parti en 1954 et y demeura jusqu’à son décès. Il collabora tout d’abord à l’agence de presse interne du parti, qui fournissait la copie à la presse socialiste de province : rédacteur à l’Agence de presse de la Liberté en 1954, il en devint directeur en 1956, après le départ de Georges Brutelle* en Algérie. Également membre du conseil d’administration du Populaire en 1954-1958, il fut chargé de la direction politique du quotidien socialiste en 1959-1963 et de celle de l’hebdomadaire, Le Populaire Dimanche. Durant plus de quinze années, le journaliste « P. H. », comme tous le surnommait et, comme il signait souvent ses papiers, marqua par ses écrits et ses conférences multiples la ligne politique du parti. Il donnait aussi une collaboration à La Revue socialiste.

Herbaut devint par ailleurs le principal contrôleur des Jeunesses socialistes, étant nommé secrétaire général adulte des JS en 1955. Il était, parmi les adultes, le collaborateur le plus régulier du journal des JS, Luttes. Jacques Fleury* le décrivait ainsi dans son ouvrage Cité Malesherbes (p. 45) : « Pipe au bec, profil caractérisé par un nez puissant […] intelligent et cultivé, Herbaut est doté d’un humour féroce et caustique […] Nous l’aimons bien, parce qu’il nous est facilement accessible, par sa fonction de tuteur des JS, mais aussi par tempérament ». Il joua un rôle important lors des différentes crises et exclusions qui marquèrent la vie de l’organisation au temps de la guerre d’Algérie où il veillait à maintenir la ligne favorable à Guy Mollet. En 1957, il fut ainsi chargé de reconstituer avec Maurice Deixonne* la Fédération nationale des Étudiants socialistes (FNES), dissoute pour indiscipline. En 1963, il cessa d’exercer cette fonction, Pierre Mauroy lui succédant à sa demande.

Lorsque Guy Mollet avait accédé à la fonction de président du Conseil en février 1956, Herbaut avait placé à la tête du parti Pierre Commin* comme secrétaire général par intérim. Il remplaça alors ce dernier comme secrétaire général adjoint de la SFIO, chargé de la presse et de la propagande. Brutelle étant en Algérie et Guy Mollet au gouvernement, il géra pratiquement la SFIO avec Commin. Avec ce dernier, il participa en outre à une mission secrète de contact avec des membres du Front de Libération nationale à Belgrade, en juillet 1957. Après avoir été l’un des trois premiers signataires de la motion majoritaire pour le congrès de Toulouse en 1957, avec Commin et Brutelle, contrairement à eux, il soutint, en mai 1958 la position de Guy Mollet favorable au retour au pouvoir du général de Gaulle. Il avait perdu ses fonctions dans le secrétariat général à la suite du retour de Guy Mollet à la tête du parti en 1957, mais les retrouva après la mort de Pierre Commin en juin 1958. Toujours fidèle à Guy Mollet, il fut candidat aux élections législatives de novembre 1958, comme suppléant de celui-ci dans la 1re circonscription du Pas-de-Calais.

Membre de la commission des Affaires internationales de la SFIO en 1959, Herbaut fut rapporteur de la motion sur l’Algérie au conseil national du 11 avril 1960. Après la fin de la guerre d’indépendance de l’Algérie, il participa au groupe de travail animé par Roger Quilliot sur l’évolution du communisme à partir d’octobre 1963. Alors que la gauche cherchait à se recomposer en ces années, il représenta la SFIO dans nombre de réunions et d’instances communes. Il était ainsi membre suppléant du comité exécutif de la FGDS au titre de la SFIO en 1968.

Herbaut occupa moins de responsabilités dans le nouveau Parti socialiste. Membre du comité directeur, il restait chargé de l’Agence de Presse de la Liberté et donnait régulièrement des conférences doctrinales. Il participa par ailleurs à la naissance de l’OURS et reprit son métier d’enseignant. Malade, rongé insidieusement durant plusieurs années par le mal qui le terrassa quadragénaire, il s’éteint à l’hôpital.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88387, notice HERBAUT Pierre, Marcel par Gilles Morin, version mise en ligne le 7 juillet 2010, dernière modification le 16 août 2010.

Par Gilles Morin

ŒUVRE : « Le socialisme est-il un humanisme ? », conférence donnée le 11 mars 1963, supp. à la Documentation socialiste, n° 152, juillet 1964, 40 p. — « L’Internationale socialiste », conférence donnée le 14 décembre 1964, supp. à la Documentation socialiste, n° 158, juin 1965, 40 p. — « Le rôle des moyens de diffusion dans la démocratie (presse, radio, télévision) », conférence donnée le 26 janvier 1966, supp. à la Documentation socialiste, n° 165, juin 1966, 49 p.
Herbaut écrivit par ailleurs de nombreuses chansons, dont une seule fut publiée.

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/562. — Arch. de l’OURS, dossier personnel. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 108. — Rapports des congrès de la fédération SFIO du Pas-de-Calais, 1945-1967. — Agence de Presse de la Liberté, 27 octobre 1970.

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