WEILER Marinette

Par Claude Coussement

Née le 5 novembre 1915 à Bezons (Seine-et-Oise, Val d’Oise), morte à Bruxelles, le 14 février 1999 ; dactylographe au CC du PCF ; sténographe à l’IC à Moscou ; puis auprès du Parti communiste de Belgique à Bruxelles ; agent de liaison d’Eugen Fried ; secrétaire dans l’appareil de presse et d’autres organisations auprès du PCB après guerre.

Née dans un ménage ouvrier dont tous les membres étaient affiliés au parti communiste français, c’est le député de sa région, Gabriel Péri, qui la fit adhérer en 1932. Elle travailla chez Michelin, puis chez Goodrich à Colombes d’où elle fut licenciée la même année pour distribution de tracts. Elle fut alors engagée au siège central du Parti communiste Français, 120, rue Lafayette à Paris, après avoir suivi des cours de sténo-dactylographie.

De janvier 1933 à 1935, elle fut employée comme sténographe à l’internationale communiste à Moscou, puis à nouveau au PCF comme secrétaire de Jacques Duclos. En 1937, elle se maria au Belge Henri Laurent qu’elle avait rencontré à Moscou et fut employée à la direction du Parti belge jusqu’en 1939, légalement d’abord illégalement ensuite jusqu’en 1941.

Lorsque le PCF fut dissout par décret le 26 septembre 1939, et qu’une partie de sa direction migra en Belgique dans les premiers jours d’octobre, le responsable des Cadres Maurice Tréand, démobilisé pour des raisons de santé, rejoignit Bruxelles à la demande de Fried. Il y prit contact fin septembre avec Marinette Weiler vers le 20 septembre 1939, pour en faire son agent liaison.

Elle rencontra Maurice Tréand, Jacques Duclos, Emile Dutilleul, Arthur Ramette dans des parcs publics, pour recevoir et livrer des documents, des messages, servir d’intermédiaire pour les impressions de tracts destinés à la France, faire corriger des épreuves par Jacques Duclos, dont celles des Cahiers du bolchevisme. Elle vit la dernière fois Maurice Thorez en octobre avant son départ pour l’URSS, dans un petit restaurant de la Chaussée d’Ixelles à Bruxelles. Connaissant Eugen Fried dont elle se souvenait des « contacts très humains » à Moscou, elle n’eut cependant pas de contacts directs avec lui à Bruxelles. De même qu’elle ne vit qu’une ou deux fois Mounette Dutilleul qui faisait la liaison avec Paris.

En congé comme député à la fin janvier 1940, pour assister à la rentrée des Chambres, Raymond Guyot ne réintégra pas son régiment et fut réputé déserteur le 26 février 1940, date à laquelle il a déjà gagné la Belgique. Le mardi 9 avril, son visa ayant été apposé par le Consulat soviétique en même temps que celui de Marinette Weiler, ils s’apprêtaient à se rendre ensemble URSS via Stockholm par avion. Mais le lendemain Marinette Weiler se fit arrêter par la police au domicile de son beau-père, rue Edith Cavel, en compagnie de Alia Ramette, épouse du député français, et de Martha Desrumaux, qui s’y étaient réfugiées dans l’urgence, suite à une alerte donnée par Maurice Tréand.

Si la police avait filé plus longuement Marinette Weiler, elle aurait appréhendé Maurice Tréand et Raymond Guyot avec qui elle avait rendez-vous en soirée.

Dans un rapport rédigé le 9 septembre 1940 pour le Komintern, Giulio Cerreti indiqua que la perte par Marinette Weiler de sa liste d’adresses avait été à l’origine des arrestations. Un avis qui n’était probablement pas exact. Le père Laurent faisait partie du personnel belge de la Légation soviétique, et à ce titre ses mouvements et son domicile avaient certainement été surveillés à son insu. L’hébergement, même momentané en ce lieu, avait été une imprudence.

Incarcérées, les inculpées reçurent la visite des avocats Jean Bastien, Rosy Holender et de leur juge d’instruction (communiste sous-marin) Henri Buch. Défendues le 23 mai par l’avocat Jean Fonteyne alors que la Belgique était envahie, le tribunal fut assez sensible au sort des trois détenues dans cette circonstance particulière pour ne les condamner qu’à 43 jours d’emprisonnement (leur détention préventive), afin qu’elles puissent être libérées aussitôt.

Avec son mari Henri Laurent, démobilisé, Marinette Weiler fit parvenir aux frontières les nombreux lots du Procès des 44 qu’avait rédigé Jean Fonteyne, un des défenseurs des députés communistes arrêtés. Surpris par l’invasion de l’Union soviétique, le couple se cacha du 22 juin au 30 juillet 1941 chez Emile et Marie Hannon à Rixensart, dans le Brabant wallon, puis Marinette gagna son propre logement clandestin jusqu’à l’accouchement de son fils, le 6 août 1941.

Elle disait avoir vu pour la dernière fois Jacques Duclos en planque dans un pavillon de la chaussée d’Alsemberg à Linkebeek, dans la banlieue bruxelloise, une semaine avant cette date.
Son activité se limita alors à taper des documents pour le parti belge clandestin. Lorsque Henri Laurent et une série de militants de l’appareil de la Jeunesse furent arrêtés sur dénonciation par la SIPO-SD, le 19 avril 1943, Marinette Weiler échappa à la rafle.

Son mari survécut à la déportation en Allemagne. Jusqu’en 1954, Marinette Weiler travailla comme employée au Drapeau Rouge, organe du PCB où son mari était journaliste. Elle fut active à Solidarité, au Syndicat des employés, à l’Union Belge pour la défense de la Paix, au Rassemblement des Femmes pour la paix. Suite à des critiques de la direction, ses activités se limitèrent ensuite aux Amitiés belgo-soviétiques que dirigeait son mari.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88391, notice WEILER Marinette par Claude Coussement, version mise en ligne le 8 juillet 2010, dernière modification le 7 février 2012.

Par Claude Coussement

SOURCES : RGASPI, 495 270 2062, 495 270 8372. — CARCOB., dossier CCP. — Entretiens et échanges de courrier de l’auteur avec Marinette Weiler, Henri Laurent, Antoine Laurent, Emile Hannon, Mounette Dutilleul. — Alain Guérin, La Résistance , p.53 .

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