FIANCETTE Eugène

Par Justinien Raymond

Né le 21 octobre 1881 à La Courtine (Creuse), mort le 7 juin 1949 à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne) ; cocher de fiacre ; militant syndicaliste et socialiste ; élu de Paris et du département de la Seine.

Eugène Fiancette
Eugène Fiancette

Comme beaucoup de ses compatriotes creusois d’humble condition, Eugène Fiancette, fils d’un tuilier, vint jeune à Paris où il exerça le métier de cocher de fiacre. Il fut l’organisateur du syndicat de sa profession et il en devint le secrétaire. Il le représenta au XVIIe congrès national corporatif — 11e de la CGT — tenu à Toulouse (Haute-Garonne) du 3 au 10 octobre 1910. Il en fut de même au XVIIIe congrès, au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), en septembre 1912. Pour la petite histoire, disons que c’est Eugène Fiancette qui, peu après les incidents de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) en juillet 1908, transporta Pierre Monatte menacé d’arrestation, à la gare de Laroche dans l’Yonne où il prit le rapide pour la Suisse.

Eugène Fiancette avait rejoint le Parti socialiste SFIO lors de l’unité. Habile, actif, non dépourvu d’ambition, il fit du quartier du Combat (XIXe arr.), le tremplin d’une longue carrière politique. Candidat au conseil municipal en 1908, il y obtint 2 538 voix sur 10 716 inscrits et 8 321 votants. En 1912, il ne recueillit que 1 965 suffrages, mais en 1913, à l’occasion d’une élection partielle, il groupa 2 171 électeurs au premier tour de scrutin et l’emporta au second tour par 2 718 voix contre 2 364 à son principal adversaire sur 9 805 inscrits et 6 220 votants. Il fut réélu en 1919 par 5 418 sur 12 742 et 8 358. À l’Hôtel de Ville, il fut longtemps le rapporteur général du budget de la capitale et, en 1914, il dirigea les services de son ravitaillement.

Membre suppléant de la CAP en 1915-1916, Eugène Fiancette fut délégué par la Fédération de la Seine au congrès de Tours (décembre 1920) pour la motion Blum-Paoli mais il ne participa pas au congrès. De 1924 à 1928, il siégea à la commission administrative du Populaire.

Tout en continuant à occuper son siège de conseiller municipal de Paris et de conseiller général de la Seine, Eugène Fiancette fut élu député de la 1re circonscription du XIXe arr. en 1928, au premier tour de scrutin, par 10 805 voix contre 6 069 à son adversaire communiste sur 19 590 votants. Il fut réélu aussi aisément en 1932 par 10 661 suffrages sur 23 025 électeurs inscrits et 20 178 votants contre un communiste et un républicain indépendant. Au Parlement, comme au conseil municipal et au conseil général, il s’attachait aux questions pratiques intéressant son quartier et ses électeurs. Son action l’éloigna de plus en plus d’un socialisme d’opposition. À la fin de l’année 1933, il enfreignit les prescriptions du congrès de la Fédération
socialiste de la Seine du 8 mai, en acceptant le budget de la police. Le secrétaire fédéral Émile Farinet l’informa qu’il s’était ainsi mis hors de la SFIO (26 janvier 1934).

Eugène Fiancette en prit aisément son parti et, en 1935, figura sur la liste de Pierre Laval pour les élections sénatoriales de la Seine et fut élu. Le 10 juillet 1940, à l’Assemblée nationale de Vichy, il vota l’octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, ce qui lui valut d’être déclaré inéligible quand, en 1945, il fut réélu conseiller municipal de Paris. Il cessa dès lors toute activité politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88394, notice FIANCETTE Eugène par Justinien Raymond, version mise en ligne le 28 juillet 2010, dernière modification le 25 septembre 2022.

Par Justinien Raymond

Eugène Fiancette (1912)
Eugène Fiancette (1912)
cc Agence Rol
Eugène Fiancette
Eugène Fiancette

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. mun. La Courtine. — L’Humanité, 2 mai 1908 et
20 octobre 1913. — La République libre, n° 31, 17 juin 1949. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, III, op. cit.Le Populaire, 3 mars 1934. — F. Brupbacher, Socialisme et liberté, préface de P. Monatte, Neuchâtel, 1954, p. 12-13. — Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris
1914-1919
, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995. — État civil de La Courtine, mai 1984.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 228.

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