MERY Hélène. Déclarée GRENIER par l’Assistance publique.

Enfant de l’Assistance publique, Hélène Grenier ne connut pas ses père et mère. Elevée à Melun, elle fréquenta l’école laïque et obtint le certificat d’études primaires à onze ans. Elle travailla comme vachère, comme bonne à tout faire « chez les bourgeois », puis comme cartonnière chez Beriot, à Melun. Mais son militantisme syndical la fit licencier et aucune entreprise de la ville ne voulut la reprendre. Le receveur du bureau d’enregistrement, un socialiste, l’employa comme femme de ménage. Elle jugea sévèrement le faible militantisme de ce militant.

Elle s’était mariée avec René Méry, employé des PTT, militant communiste et trésorier du SRI de Melun. C’est sous son influence, et sur recommandation d’Alexandre Chalon*, qu’elle adhéra au Parti communiste en 1923. « La société bourgeoise est tellement mauvaise pour les gosses de l’Assistance » qu’elle fut d’abord une « révoltée » puis une militante. Mais, en 1929, elle fut déçue par la cellule dont « les camarades responsables de notre cellule ne faisaient rien pour éduquer les camarades, du reste il était préférable de rester chez soi pour lire des livres de Lénine et de Karl Marx que d’assister aux réunions qui n’étaient que des discours de bateau lavoir ». Elle déclarait « J’ai beaucoup lu de livres et de brochures pour l’éduquer. J’ai suivi l’école Marxiste et les cours du SRI. »

Son rayon fut dissout par Pierre Semard et elle se consacra au SRI, action qui porta ses fruits car les effectifs passèrent de 10 à 70 en trois ans. Elle avait cessé de militer au PC de janvier 1929 à mars 1931. Est-ce en raison d’une situation locale difficile ou d’un caractère belliqueux ? Elle semble avoir été constamment en conflit au SRI comme au sein du parti. Elle affirmait dans son autobiographie datée du 6 juin 1933 : « J’ai peut-être été brutale avec les camarades mais vaut mieux être 10 et travailler que 20 et ne rien faire ». La commission des cadres qui la classa A (à maintenir dans les fonctions) notait, de la plume d’Albert Vassart : « Biographie développée assez bonne. Paraît très dévouée, mais pourquoi oppose-t-elle encore la qualité à la quantité ? ». La région ajoutait « Bonne camarade ». Elle se recommandait de René Arrachard, d’Emile Bureau et de Gabriel Citerne , tous deux du SRI.

La direction communiste affirma que la section du SRI (puis du Secours populaire) de Melun était tombée en 1937 « à cause du mauvais travail » d’Hélène Méry. Elle fut même exclue et « condamnée » pour vol de 10 000 F au détriment du SP. Il ne semble pas que la condamnation soit judiciaire car un rapport interne notait en mars 1938 : « Il apparaît que les provocations contre nos camarades tendent à les amener en justice pour discréditer l’organisation ». Les accusations financières sont toujours à prendre avec beaucoup de prudence. Un groupe de militants la défendit dans une lettre du 11 mars 1938 en refusant de reprendre leur carte du SP pour l’année 1938, mais ils furent qualifiés de militants anarchisants et amoraux qui voulaient préparer la création d’une section de la SIA (Solidarité internationale antifasciste, d’esprit libertaire) et ne furent pas convoqués à la réunion de réorganisation de la section du Secours populaire.