ARNIAUD Max, Auguste, Alphonse

Par Julien Cahon

Né le 21 avril 1922 à Oresmaux (Somme) , mort le 29 novembre 2010 à Amiens (Somme) ; enseignant, universitaire ; militant JEC, socialiste SFIO puis PS et associatif ; responsable de la section JEC de l’ESC d’Amiens ; trésorier fédéral de la SFIO (1967-1968), secrétaire à la propagande de la section socialiste d’Amiens (1969-1970), candidat aux élections législatives (1967 et 1968), cantonales (1970), et sénatoriales (1977) ; président-fondateur de l’union régionale Léo-Lagrange de Picardie (1968-1982) ; vice-président (1973-1983 puis 1986-1993) et président du CESR de Picardie (1983-1986) ; secrétaire du haut comité du loisir social, de l’éducation populaire et des activités de pleine nature (ministère de la jeunesse et des sports) de 1982 ou 1984 à 1987.

Max Arniaud en 1967
Max Arniaud en 1967
Max Arniaud (à gauche) en réunion électorale à Amiens, le 7 février 1967, avec Georges Brutelle* (au centre), candidat aux législatives, dont il était le suppléant, et Gaston Defferre* (à droite), archives Max Arniaud

Fils de commerçants (son père, mécanicien, avait un magasin-atelier de vélos et cyclomoteurs à Amiens), Victor Arniaud et Marguerite Arniaud, née Leclercq, Max Arniaud, reçut une éducation chrétienne. Après l’école communale d’Oresmaux, il poursuivit sa scolarité à l’école primaire supérieur d’Amiens, puis à Paris, à l’école Violet (école d’électricité et mécanique industriel). Diplômé technicien supérieur de l’EEMI à sa sortie de cette école, il effectua plusieurs stages professionnels dans de grandes firmes industrielles de la région parisienne : centrale électrique de Vitry, soudure autogène française et usine Athos. Max Arniaud passa ensuite par l’école française de radio. En 1939, il s’engagea comme combattant volontaire dans l’armée de l’Air. Il garda de cette période une véritable passion pour l’aviation.

Le 26 septembre 1942, il épousa Marie-Louise Téoullier à Paris (XVe arr.) ; de cette union naquirent trois enfants. La même année, son père l’inscrivit d’autorité à l’école supérieure de commerce d’Amiens, alors nouvellement créée, pour échapper au STO, et pour avoir une couverture permettant d’obtenir les ausweiss nécessaires pour circuler. Réfractaire au STO, muni d’une fausse carte de travail, il était aussi membre du comité amiénois de la Croix rouge française et responsable d’une équipe de secouristes à partir de 1942. En 1945, il était directeur adjoint des équipes de secourisme de la Somme et s’investit à la CRF jusqu’en 1952.

Diplômé de la première promotion de l’ESC d’Amiens, il devint le secrétaire général de cet établissement en 1944, et ce, jusqu’en 1963. En même temps, il prit la responsabilité du secrétariat général de l’institut d’études juridiques et de l’école de notariat d’Amiens, puis de celui de l’institut d’études littéraires dès sa création, en 1958. Egalement à cette époque, secrétaire du centre départemental d’éducation ouvrière, il fut professeur à l’école de commerce d’Amiens (1945-1965) où il enseigna l’organisation, la documentation et la publicité, et président de la commission de placement des anciens élèves de l’école supérieure de commerce d’Amiens. Max Arniaud fit ainsi carrière dans l’enseignement supérieur, en cumulant toujours des fonctions enseignantes avec des fonctions d’animation et de gestion d’établissements. Max Arniaud fut de ceux qui travaillèrent à la transformation des collèges universitaires en facultés et à la création d’une université en Picardie. Secrétaire général de la faculté des lettres et sciences humaines et de la faculté de droit et de sciences économiques (1963-1971), il devint secrétaire général de l’université de Picardie à partir de 1971, tandis que Dominique Taddei* en était élu président. Secrétaire de l’institut régional d’éducation ouvrière et du centre universitaire de perfectionnement et d’éducation permanente de 1972 à 1983, Max Arniaud était aussi conseiller administratif de l’école de notariat d’Amiens, chargé de cours à l’IUT d’Amiens (1970-1983), attaché principal d’administration universitaire et conseiller administratif des services universitaires. Inspecteur général de 1983 à 1987, nommé secrétaire du haut comité du loisir social, de l’éducation populaire et des activités de pleine nature, il fut détaché auprès du ministère de la jeunesse et des sports de 1982 ou 1984 à 1987.

Parallèlement à cette importante carrière, Max Arniaud militait sur les plans politique et syndical, et avait une intense activité dans le tissu associatif amiénois. Il adhéra très tôt à des mouvements de jeunesse : scoutisme, JEC, JIC, et JOC. Responsable de la section JEC de l’école supérieure de commerce d’Amiens de 1942 à 1944, Max Arniaud fut adhérent du RPF de juin 1947 à 1950. Candidat aux élections des conseils d’administration des caisses de sécurité social, le 24 avril 1947, sur la liste des sociétés de secours mutuels de la mutualité française, il était membre de la caisse chirurgicale de la fédération des sociétés de secours mutuels du département de la Somme.

En 1955 ou 1958, il adhéra à la SFIO. Max Arniaud apparaissait, pour la première fois, dans les instances fédérales en 1963, suite au cinquante-cinquième congrès fédéral administratif de mai : il était alors membre de la commission fédérale de vérification des comptes du Cri du peuple, l’hebdomadaire fédéral, avec Gérard Hazard* et Robert Régnier. Il fut désigné, en décembre 1966, par les quatre sections socialistes d’Amiens, candidat suppléant de Georges Brutelle* pour les législatives de mars 1967, dans la première circonscription d’Amiens, où fut réélu René Lamps*. En juin 1968, quand fut créée une section FGDS à Amiens, Max Arniaud appartenait au comité provisoire de douze membres, parmi lesquels on retrouvait Gabriel Grenot* qui, comme Max Arniaud, siègeait au nom du CEDEP, Camille Goret*, Georges Brutelle* et Jean-Claude Dessein* pour la SFIO, ainsi que le radical-socialiste Richard Mazaudet*, et l’ex-PSU Pierre Scalabre*, adhérent direct à la FGDS. Il fut aussi membre du comité départemental exécutif de la FGDS ; il y représentait également le CEDEP, dont l’effectif était de 53 membres dans la Somme. Alors que le nom de Georges Brutelle* fut à nouveau évoqué dans la presse locale pour les législatives de 1968, Max Arniaud fut candidat titulaire, avec comme suppléant Jean-Claude Picard. Représentant de la FGDS, il recueillit 3738 voix (sur 61 266 suffrages exprimés) loin derrière le communiste René Lamps* (22 512 voix), le candidat UDR Fred Moore (17 308 voix) et le maire d’Amiens, Maurice Vast* , ex-SFIO qui se présentait avec l’étiquette « centre-gauche » (16 142 voix), tandis qu’Edith Kawer* (PSU) arrivait en dernière position avec 1566 voix.

Devenu, lors congrès fédéral du 3 septembre 1967, trésorier du parti dans la Somme aux côtés de Louis Bouthors, il fut délégué au congrès national de Clichy en novembre 1968 (avec Max Lejeune* et Jean-Claude Picard) et au congrès national de Puteaux en décembre 1968 (avec Max Lejeune*, Léon Tellier*, Jean-Claude Dessein*, Georges Brutelle*, Marius Gardès*). Le 2 mars 1969, Max Arniaud présida les états généraux du socialisme à Amiens, avec la venue de Pierre Mauroy* et Jean Poperen*, au nom du collectif paritaire provisoire chargé de la mise en place de la section amiénoise du nouveau PS, suite à la fusion SFIO-CIR-clubs. L’assemblée générale constitutive de la section d’Amiens du NPS, réunie une semaine après ces états généraux, désigna Jean-Claude Dessein* comme secrétaire, Pierre Angedin* et Daniel Laurent comme secrétaires adjoints, Max Arniaud comme secrétaire à la propagande et Françoise Carle* comme secrétaire administrative – trésorière. Elu membre de la commission administrative fédérale du parti, en décembre 1969, il fut de ceux, avec Jean-Pierre Cot*, Jean-Claude Dessein* et Dominique Taddei* qui ravirent la fédération à Max Lejeune*. Selon Jean-Pierre Cot*, le rôle et les réseaux de Max Arniaud furent déterminants pour la constitution du PS amiénois : « le secrétaire général de la Faculté, Max Arniaud, très introduit dans la société amiénoise, nous a beaucoup aidé en cette période charnière, d’autant que Taddei et moi-même n’étions pas du coin. Il avait une sympathie politique et personnelle évidente pour nous et nous a permis ainsi de prendre des contacts précieux. » (témoignage de Jean-Pierre Cot à Julien Cahon, mai 2009). Max Arniaud ne figurait plus parmi les dirigeants de la section d’Amiens après 1971, mais participait toujours aux réunions régulières et assemblées générales de la section.

Candidat socialiste avec soutien radical aux élections cantonales de mars 1970 dans le canton d’Amiens nord-est, tenu par le PCF depuis 1945 et par Léon Dupontreué* depuis 1951, Max Arniaud recueillit 1469 voix, sur 10 293 suffrages exprimés. Il était devancé par Bernard Lequien* (2320 voix) et le conseiller général communiste sortant était réélu dès le premier tour avec 5374 voix. Délégué départemental de François Mitterand*, à la demande du député de la Nièvre, pour l’élection présidentielle de 1974, Max Arniaud représenta le PS aux élections sénatoriales du 25 septembre 1977, avec comme suppléant, François Roche, agriculteur exploitant et maire Lesboeufs. Lors du congrès de Metz (1979), il a soutenu la motion B (Pierre Mauroy) et fut candidat, non élu, à la CEF. Il démissionna du Parti socialiste en janvier 1986. Max Arniaud milita également à FO.

Sur le plan associatif, des années cinquante aux années quatre-vingt, il milita et exerça diverses responsabilités dans de multiples associations, locales et nationales, à vocation culturelle ou citoyenne : Association picarde pour le recyclage des déchets et sous-produits urbains, industriels et agricoles (APIREC) – dont il fut élu président en juillet 1986, Association pour le développement culturel en Picardie (ADCP) – dont il assura la vice-présidence de 1977 à 1992 (au moins), troupe du Carquois (théâtre), ciné-club Jean Delance – dont il était vice-président dans les années soixante, foyers Léo-Lagrange, Amiens demain, Bel Amiens (patrimoine), Aéro-club de Picardie, Association nationale des pilotes instructeurs (élu président en 1968), Société des amis de l’art – pour laquelle il était conseiller technique, Fédération nationale du cinéma éducatif (délégué), Mouvement national pour la protection civile, cercle amiénois de la Ligue française de l’enseignement. Ce fut au sein des foyers Léo-Lagrange et de l’Aéro-club de Picardie qu’il se montra le plus actif. Président-fondateur, en 1968, de l’Union régionale Léo-Lagrange, il assura cette responsabilité pendant les années soixante-dix et jusqu’en mars 1982, aux côtés de Gabriel Grenot*, dont il était proche. En tant que président de l’Union régionale des foyers Léo-Lagrange, il appartenait à la délégation amiénoise de six membres aux états généraux de la culture d’avril 1964, délégation conduite par Léon Tellier*, membre de la FNCCC (Fédération nationale des centres culturels communaux) et premier adjoint au maire d’Amiens. Il participa également à l’assemblée constitutive du CRAJEP (Conférence régionale des associations de jeunesse et d’éducation populaire), en décembre 1973 à Chauny (Aisne). Max Arniaud fut porté à la présidence d’honneur de la nouvelle fédération régionale Léo-Lagrange, qui vit le jour officiellement à Roye le samedi 25 mars 1982, suite à la disparition de l’union régionale. Jacques Fleury* devint le président de la fédération Léo-Lagrange de Picardie.

Passionné d’aviation, Max Arniaud fut, à partir de 1948 ou 1954, secrétaire général de l’Aéro-club de Picardie. Chef pilote des clubs d’Amiens et d’Albert, devenu moniteur de pilotage après un stage au centre national de Challes-les-Eaux, il dirigea notamment, de 1948 à 1962, l’instruction technique de l’Aéroclub de Picardie, où il fut moniteur pendant trente ans. Ancien élève des centres nationaux de Challes et Saint-Yan, titulaire d’une qualification d’instructeur, il publia, en 1958, un memento de pilotage fondé sur la connaissance rationnelle et non plus empirique des réactions de l’appareil en vol et conçue avec le souci primordial de la sécurité, cette méthode prenant le pas sur la méthode traditionnel de l’enseignement. Ardent propagandiste de cette méthode, il la vulgarisa grâce à cet ouvrage, qui a reçu les félicitations de Claude Tardy, chef pilote du centre national de Saint-Yan, et qui fut tiré à 10 000 exemplaires en 1963. Il était aussi l’auteur d’une chronique sur la sécurité du pilotage. En sa qualité de membre de la société française de droit aérien, il a rédigé les statuts de cette association, et fut désigné comme rapporteur de la charte des pilotes instructeurs de France, en vue de l’établissement d’un statut professionnel. En 1964, Max Arniaud se vit confier la réorganisation de l’école de l’aéro-club de Picardie. Président d’honneur de l’Aéro-club de Picardie en 1993, il avait été, d’autre part, pilote de réserve de l’aviation légère de l’armée de terre.

Membre du comité régional d’expansion économique dans les années soixante, il a appartenu à la commission productivité après avoir été le rapporteur de la commission enseignement. Membre du Conseil économique et social régional de Picardie dès sa création, en 1972, il accéda à la vice-présidence l’année suivante et conserva cette fonction jusqu’en 1983, date à laquelle il fut élu président du CESR. Après trois ans à la présidence, il revint à la vice-présidence de cet organisme, à partir de 1986 (jusqu’en 1992-1993 au moins). Premier vice-président du CESR de Picardie, il fut aussi vice-président du SMACOPI (Syndicat mixte d’aménagement de la côte picarde), membre de droit du conseil supérieur du tourisme, et membre du conseil national de l’information statistique.

Animateur, homme de dialogue et dynamique, passionné de la Picardie, humaniste et altruiste, plus pragmatique que théoricien, Max Arniaud s’était retiré de bon nombre de ses engagements au milieu des années 1990. En janvier 1992, son nom apparaissait dans la liste des 50 personnalités amiénoises qui soutenaient l’opération « l’idée républicaine, une idée toujours neuve. 50 mots de fraternité contre 50 mesures d’exclusion ». Egalement amateur de musique, il fut vice-président (en 1998 au moins) puis président (1999-2006) de l’Orchestre de Picardie. En 2000, il était aussi administrateur du CRIJ (Centre régional information jeunesse) et président de l’Association des anciens du CESR.
Chevalier (juillet 1966), officier (juillet 1973) puis commandeur (octobre 1981) des palmes académiques, décoré de la médaille d’honneur (juillet 1961), médaille d’argent (juillet 1975) puis médaille d’or (juillet 1983) de la jeunesse et des sports, chevalier dans l’ordre national du mérite (mai 1978), chevalier de la légion d’honneur (juillet 1984), il était inspecteur général honoraire de l’éducation nationale.
En 2010, il résidait toujours à Amiens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88470, notice ARNIAUD Max, Auguste, Alphonse par Julien Cahon, version mise en ligne le 22 juillet 2010, dernière modification le 14 décembre 2021.

Par Julien Cahon

Max Arniaud en 1967
Max Arniaud en 1967
Max Arniaud (à gauche) en réunion électorale à Amiens, le 7 février 1967, avec Georges Brutelle* (au centre), candidat aux législatives, dont il était le suppléant, et Gaston Defferre* (à droite), archives Max Arniaud
Max Arniaud en 1977
Max Arniaud en 1977
Archives Max Arniaud

SOURCES : Arch. Dép. Somme, série W. — Arch. OURS, dossier Somme et 2APO7 — Arch. FJJ, fonds Françoise Carle.— Arch. privées Max Arniaud. — Entretiens de Julien Cahon avec Max Arniaud, avril-mai 2009. — Le Courrier picard. — Le Cri du peuple.

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