GUILLOU Armand [cheminot]

Par Alain Prigent

Né le 24 septembre 1912 à Saint-Agathon (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 17 octobre 1993 à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ; cheminot ; capitaine FTP ; militant communiste.

Né à Saint-Agathon, près de Guingamp, très jeune il entra aux chemins de fer à Saint-Brieuc, où il devint conducteur d’autorail. Militant du PC clandestin, il fit partie du triangle de direction des cheminots dès février 1941. Il diffusa L’Humanité clandestine et transporta par valises des tracts chez Gustave Marzin* à Lannion. Il participa aux attentats contre le bureau d’embauche du STO, le siège du RNP, le siège du groupe collaboration, le siège de la LVF et la Feldgendarmerie. Le 14 juillet 1942, pour marquer la fête nationale, il incendia en garde Saint-Brieuc un wagon de paille appartenant à l’armée allemande. Dans la nuit du 9 mars 1943, alors qu’il allait placer une bombe au siège de l’organisation ennemie, avec trois autres camarades, ils furent arrêtés par une patrouille allemande. Sur le point d’être fouillé, Armand Guillou sortit son revolver et abattit deux feldgendarmes, mettant les trois autres en fuite. Cette exécution marqua un tournant dans le combat du PC clandestin contre l’occupant. Quelques jours plus tard, Marcel Brégeon*, responsable du PC clandestin, fut abattu par la police de Vichy à son domicile près de la gare. Armand Guillou était en contact direct avec lui. En août 1943, la police lança une vaste opération contre toutes les organisations clandestines du PCF. Une cinquantaine de militants furent arrêtés dans l’ensemble du département.

Armand Guillou échappa le 7 août à l’arrestation. Il réussit à s’enfuir après avoir rompu l’encerclement. Sa femme fut arrêtée et ses enfants confiés à l’Assistance Publique. Il entra alors dans la clandestinité. Condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Rennes en mai 1944, il participa à tous les combats de la Libération en particulier dans la région de Guingamp. Le 6 août 1944 c’est sur le premier char américain qu’il fit son entrée à Saint-Brieuc. Le 10 juin 1952, la Légion d’honneur lui fut attribuée. Il avait le grade de capitaine FTP. En juin 1946, il témoigna au procès Renard contre l’ancien responsable du PC clandestin qui par sa trahison fut responsable de l’arrestation de dizaines de militants dans les Côtes-du-Nord mais aussi dans les autres départements bretons. Après la Libération, Guillou continua de militer au syndicat des cheminots CGT du dépôt de Saint-Brieuc et à la section du PCF de la ville, sans responsabilité particulière. Édouard Quemper*, adjoint au maire de Saint-Brieuc et vice-président du conseil général des Côtes-d’Armor, prononça son éloge funèbre lors de ses obsèques civiles le 20 octobre 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88504, notice GUILLOU Armand [cheminot] par Alain Prigent, version mise en ligne le 23 juillet 2010, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 1043W32, activité du PCF (1940-1944). — Arch. Dép. Ille-et-Vilaine, 213W68, dossier de la Cour de Justice de Rennes, Procès Léon Renard, juin 1946. — Arch. de l’UD CGT des Côtes-d’Armor, syndicat des cheminots. — Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan Breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Alain Prigent, La SPAC contre le PCF clandestin, Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, N° 6/7, 1998.

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