GREUSARD René, François, Maurice

Par Gilles Morin, Claude Pennetier, Marcel Rivollier, Charles Sowerwine

Né le 4 mai 1908 à Coligny (Ain), mort le 8 novembre 1974 à Bourg-en-Bresse (Ain) ; employé des PTT puis de la radio-diffusion et imprimeur ; résistant ; syndicaliste et militant socialiste, membre du conseil national de la Nouvelle gauche, secrétaire fédéral de l’UGS (1958), membre fondateur du PSU de l’Ain (1960).

Fils d’un « gendarme à cheval », Maurice Greusard, et d’une mère sans profession, Marie Chanel, René Greusard avait un père de la "Petite Vendée" du Haut-Doubs, très catholique mais "violemment anticlérical. Marié le 19 mars 1931, René Greusard fit ses études primaires à Coligny, à Treffoy (Ain) et à Moissey (Jura), enfin à l’École primaire supérieure de Dole (Jura). Entré au travail en 1926 comme surnuméraire des PTT (1926-1928), il fut ensuite commis des PTT (1930-1936). Il s’orienta vers le service de la radiodiffusion au sein des PTT (1936-1939) la Radiodiffusion nationale (1936-1946), la RTF et l’ORTF comme inspecteur départemental de la Redevance (1946-1974).

Marié avec une secrétaire aux Assurances sociales, René Greusard partagea avc elle ses engagements militants.

Il fut élu en décembre 1935, secrétaire de la section de l’Ain du Syndicat national des Agents des PTT, adhérent à la Fédération générale des Fonctionnaires. Le syndicat comptait à cette époque 150 membres. Greusard, ainsi que le trésorier Georges Maisonhaute*, étaient classés par la police comme « ex-confédérés ».

Ayant réussi un concours d’entrée à la Radio-diffusion nationale, il quitta les PTT et devint délégué de la Radio-diffusion nationale, pour le département de l’Ain. Sympathisant socialiste de 1930 à 1938, il fut jusqu’à la guerre un actif militant de la SFIO. Secrétaire de la section CGT des PTT de 1935 à 1938, il fut le trésorier de l’UD-CGT de l’Ain de 1938 à août 1940. Il était aussi responsable de l’Harmonie ouvrière en 1939.

Mobilisé aux transmissions de l’État major du 1er Groupe armé, il fut évacué à Dunkerque en juin 1940 puis démobilisé en juillet. Le mois suivant, il s’opposa à la fusion des syndicats dans le Comité de coordination créé par Vichy, et fut écarté de son syndicat CGT lorsqu’il préconisa l’organisation d’une Union départementale clandestine. Il s’inscrivit dans la mouvance du Mouvement Ouvrier Français. Durant l’Occupation, René Greusard devint un des chefs de la Résistance dans l’Ain avec le réseau Carte puis Libération et Armée secrète, et enfin président du directoire départemental des MUR, sous le pseudonyme de « Duplex ». À la Libération, il était vice-président du comité départemental de Libération et vice-président du conseil départemental de la Résistance au sein duquel il représenta le MLN dont il fut le principal animateur. S’étant opposé au colonel Romans-Petit (qui aurait tenté de le faire arrêter et fusiller), il fut évincé de cette instance. Son conflit avec le colonel portait sur : la primauté du politique sur le militaire ; l’indépendance vis-à-vis des alliés ; la nécessité de l’armement des FTP. Considéré comme le secrétaire fédéral SFIO de l’Ain jusqu’en décembre 1944, il fut directeur du Travailleur de l’Ain.

René Greusard créa et dirigea Le Libérateur, titre existant de 1944 à 1962, d’abord hebdomadaire départemental du MLN. Le journal devint, avec la participation de Charles Béraudier, un quotidien sous le nom de La Dépêche de l’Ain de novembre 1946 à janvier 1947. Le Libérateur reprit alors du service et se rapprocha de la mouvance favorable à un vaste parti travailliste rassemblant la gauche et la renouvellant. Il devint l’organe nationale du CAGI de janvier 1954 à décembre 1955. Greusard fit partie du conseil d’administration et de surveillance de La Nouvelle République, organe officiel du Comité départemental de Libération et en fut, de 1955 à 1962, le directeur.

René Greusard monta une imprimerie dont sa femme fut directrice, tout en assurant son travail à la Radio-diffusion. Éditeur de trois oeuvres (Le passage de la ligne, 1949, Le discours de la dernière chance, 1953) de Paul Rassinier dont le Mensonge d’Ulysse en 1950 considéré comme le premier livre négationniste, il fut condamné pour cette publication bien qu’il n’ait agi au départ que comme imprimeur, sans connaissance des thèses de Rassinier, mais en partageant son pacifisme. Cependant, il continua à publier en feuilleton Le discours de la dernière chance à partir de mars 1953 et ne l’interrompit qu’en décembre à la demande de Claude Bourdet.

Le bouillant animateur de presse entra en conflit avec la fédération SFIO en 1951, celle-ci estimant qu’il utilisait le parti et ne le servait pas et elle s’efforça de lui reprendre l’Imprimerie bressane. Aussi, il fut exclu par la commission fédérale des conflits de l’Ain, le 16 mars 1952, sanction confirmée par la commission nationale des conflits le 10 juillet 1952. Fondateur du CAGI et de la Nouvelle Gauche en 1953, il accepta que le Libérateur devienne l’organe national de la Nouvelle gauche avant que ce mouvement ne se donne un hebdomadaire éponyme. .

Greusard participa à toute l’aventure des Nouvelles gauches et il fut successivement responsable départemental de la Nouvelle gauche en juillet 1955, membre du conseil national de la Nouvelle gauche élu au congrès de novembre 1955, secrétaire fédéral de l’UGS en février 1958, puis il fut un des membres fondateurs du PSU dans l’Ain, le 8 mai 1960. Il en assura le secrétariat fédéral adjoint avec Marcel Imbert. Il était alors syndiqué à un syndicat autonome.

Il était chevalier de la Légion d’honneur et médaillé de la Résistance française.

Il mourut le 8 novembre 1974 des suites d’un accident de circulation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88515, notice GREUSARD René, François, Maurice par Gilles Morin, Claude Pennetier, Marcel Rivollier, Charles Sowerwine, version mise en ligne le 24 juillet 2010, dernière modification le 10 janvier 2013.

Par Gilles Morin, Claude Pennetier, Marcel Rivollier, Charles Sowerwine

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3240. — Archives de l’OURS, dossiers Ain. — Arch. Risacher. — Patrick Veyret, Histoire de la Résistance armée dans l’Ain, Ed. La Taillanderie, 1999. —Bulletin intérieur de la SFIO, n° 64. — Le Libérateur, n° 1, 41. — Tribune du Peuple, 1er février 1958. — Fichiers adhérents du PSU. — Arch. Dép. Ain M 1353, rapp. du 3 janvier 1936. — Témoignage d’A. Bechet et de sa famille. — Le Progrès de l’Ain, 9 mai 1960. — État civil de Bourg-en-Bresse.

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