GUERCHE Christian [ALBERO Agustin dit]

Par Roger Barralis, Gilles Morin

Né le 6 juin 1928 à San-Sébastien (Espagne), mort le 22 février 1993 ; journaliste ; directeur politique de Tribune Socialiste ; membre du bureau national du PSU de 1967 à 1969 et de 1971 à 1979.

Christian Guerche
Christian Guerche
Cliché fourni par Christiane Albero

Né dans le pays basque espagnol, Agustin Alberro arriva à Bayonne en 1937, son père, professeur de mathématiques et intellectuel républicain, ayant été obligé d’envoyer en France sa femme et ses six enfants devant l’avancée des troupes franquistes ; toute la famille se fixa ensuite à Paris, où Agustin Alberro mena ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly. Après le baccalauréat, il entama des études de droit, qu’il effectua en partie en sanatorium, d’abord à Neufmoutier-en-Brie, puis à Saint Hilaire-du-Touvet, car il fut tuberculeux.

Il adhèra alors au Parti communiste (ce qui lui valut des discussions familiales passionnées, car son père travailla avec le gouvernement basque en exil) mais le quitta dès 1956 à la suite du « "rapport Khrouchtchev »" et de l’insurrection hongroise. Il garda longtemps par contre des liens avec Santiago Carrillo et la direction du Parti communiste espagnol dont il suivait l’évolution "eurocommuniste" avec beaucoup d’intérêt, jusqu’à avoir un moment la double appartenance PSU/PCE (il fut également ami de Jorge Semprun).

Il se maria le 7 juillet 1956 avec Christiane Philippart, fille et petite-fille de journaliste, avec laquelle il eut trois filles ; il habita d’abord à Paris , puis se fixa à Vitry-sur-Seine dès 1964. Après avoir travaillé quelque temps dans la banque puis dans une troupe de ballets basques - dans laquelle il fut successivement secrétaire et chanteur - il se tourna rapidement vers le journalisme (où il fut syndiqué au SNJ), notamment au "Bulletin Quotidien", auquel il collabora durant deux périodes, de décembre 1962 à janvier 1966 et de janvier 1979 à octobre 1985 (il y côtoya Georges Bérard-Quélin, propriétaire du "BQ" et organisateur de dîners politiques très courus), séparées par sa longue présence dans les instances dirigeantes du PSU.

Militant du PSU à sa fondation, il devint membre du bureau de la fédération de Paris dès janvier 1961. Il eut un rôle de modérateur dans la crise interne de l’organisation après la guerre d’Algérie, en étant élu membre de la commission de neuf militants désignée par le conseil national du 23 juin 1963 pour préparer le 3e congrès (novembre 1963) en veillant à la régularité des débats. Il joua alors, aux côtés de Michel Rocard et Marc Heurgon, un rôle décisif dans l’émergence, d’abord dans la fédération de Paris, puis au niveau national, de la nouvelle majorité du PSU, qui stabilisa ce parti après sa crise de 1963.

En 1967, il fit partie des premiers signataires du texte d’orientation "esquisse d’une orientation pour le développement du PSU" présenté au 5éme congrès (juin 1967) et fut élu membre du comité politique national (CPN, dans lequel il siégeait depuis 1963) et du bureau national au titre de la résolution majoritaire au congrès ("le PSU dans la coalition de la gauche").

Sous le nom de Christian Guerche, il était collaborateur du journal du PSU Tribune Socialiste (TS) depuis 1962 ; il en devint directeur politique en 1967 après le 5e congrès. Il y signait aussi des articles dans la rubrique "lettres-arts-spectacle" sous le nom de Marc Echeverry .

Après 1968, en liaison avec la DATAR (époque Monod, avec lequel il eut des relations personnelles), il s’orienta vers les questions régionales, autonomistes et de décentralisation. Il entretint aussi des relations avec la gauche nationaliste et/ou autonomiste basque, et contribua à la réflexion du PSU sur les minorités nationales. L’importance qu’il accorda à ces questions joua un rôle essentiel dans son positionnement sur l’abstention pour le référendum du 27 avril 1969 car il considéra qu’il ne fallait pas laisser passer l’occasion d’une réforme institutionnelle.

En raison de la mise en minorité du BN sortant du PSU sur cette question du référendum, lors du congrès de Dijon de mars 1969, il fut l’un des trois membres du BN sortant (les deux autres étant Marc Heurgon et Jean-François Pertus) qui ne se représentèrent pas à la direction politique nationale (DPN, nouveau nom du CPN) élue à l’issue de ce congrès ; mais il joua un rôle majeur dans la réélection d’un bureau national conduit par Michel Rocard et, avec l’accord de ce dernier, jugea plus sage de rester en dehors de ce bureau avec le souci d’éviter qu’Heurgon ne déclenche contre lui une bataille immédiate (Christian Guerche était l’un des rares responsables du PSU qui exerçait une véritable influence sur Marc Heurgon).

Il rompit ensuite avec ce dernier (refus de créer en région parisienne un bastion anti-BN) et revint au bureau national du PSU dés le congrès suivant( Lille, en juin 1971) après lequel il reprit pour un temps la direction politique du journal Tribune Socialiste, jusqu’au congrès de Toulouse en décembre 1972.

Réélu au bureau national à ce congrès, dont le Manifeste reprenait sur la question régionale certaines de ses thèses, il approuva en 1974 la politique préconisée par Robert Chapuis et Michel Rocard de soutien à Mitterrand dès le premier tour de l’élection présidentielle, mais se sépara d’eux sur la question des "Assises du Socialisme" et du rapprochement avec le PS . Il participa alors, avec Barjonet et Dorival notamment, à un courant qui entra dans la nouvelle majorité élue au conseil national d’Orléans (octobre 1974), puis au congrès d’Amiens (décembre 1974) pour maintenir l’autonomie du PSU.

Réélu au congrès de Strasbourg (janvier 1977) au bureau national du PSU, il n’y fut pas candidat au congrès suivant (Saint-Étienne, janvier 1979), pour raisons de santé.
Intellectuel reconnu et journaliste de talent, Agustin Albero marqua l’histoire politique du PSU durant deux décennies.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88530, notice GUERCHE Christian [ALBERO Agustin dit] par Roger Barralis, Gilles Morin , version mise en ligne le 5 août 2010, dernière modification le 12 novembre 2017.

Par Roger Barralis, Gilles Morin

Christian Guerche
Christian Guerche
Cliché fourni par Christiane Albero

SOURCES : Tribune socialiste, 4 février 1961 et 29 juin 1963. — Fichiers adhérents du PSU. — Notes de François Prigent. — Témoignage de son épouse recueilli par Roger Barralis.

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