GIRONÈS Robert

Par Francoise Olivier-Utard

Né le 16 juin 1942 à Nîmes (Gard), mort le 10 décembre 2000 à Paris ; comédien, metteur en scène, directeur de la troupe théâtrale La Reprise, directeur du Centre dramatique de Lyon,(Rhône) directeur du Centre dramatique de Poitiers(Vienne).

Son père, Albert, avait abandonné après la guerre son métier d’ouvrier textile à Nîmes pour devenir saxophoniste dans un orchestre à Paris. Sa mère s’apelait Marcelle Fajon.

Robert Gironès ne manifesta aucun goût pour les études secondaires et quitta même le collège technique avant sans avoir passe de diplôme. Il fut appelé au service militaire en 1961, au bataillon de Joinville d’abord puis en Algérie. À son retour, en 1962, il gagna sa vie en travaillant à la librairie Colin puis au magasin Inno. Le soir, il jouait de la guitare et chantait dans les cabarets. Il rencontra Paul Thorez à cette époque. Intéresse par le théâtre, il fonda une troupe amateur à Antony, les Trois Masques.

En 1964, il décida de préparer le concours d’entrée de l’école du Centre Dramatique de l’Est. Il fut reçu et s’installa à Strasbourg avec Claudine Goussin (née le 30 mars 1940 au Mans, Sarthe), qu’il avait épousée le 9 avril 1965 et dont il eut un fils. La jeune femme avait fait des études supérieures de commerce et travaillait dans une centrale d’achats. Elle allait assurer pendant une quinzaine d’années la logistique des entreprises théâtrales de Robert Gironès. Les études a l’école durèrent trois ans. Robert Gironès appartenait au groupe X de la section Jeu. Une discipline physique et intellectuelle s’imposait : travail de la voix, du corps, jeu dramatique, lecture. Robert renoua avec la culture et s’intéressa dès lors aux textes.

Les événements de Mai 68 empêchèrent que le travail de sortie du groupe X soit vu par des professionnels. Cette année-là, personne ne fut embauche. Hubert Gignoux, du théâtre National de Strasbourg TNS, nom nouveau de la Comédie de l’Est, et Gaston Jung, du théâtre des Drapiers, à Strasbourg, lui proposèrent de travailler avec eux, ce qu’il fit pendant trois ans comme comédien d’abord puis comme metteur en scène. Il passa en effet a la mise en scène avec un spectacle intitule De-composition, conçu par Serge Marzolff. Gaston Jung avait prêté la salle des Drapiers. Le texte s’inspirait en partie de l’œuvre de Georges Pérec, Les choses. La société de consommation était dénoncée. Le décor fut réalisé par des artistes peintres, François Martin, Jean Haas et Henri Cueco. Le choc esthétique fut considérable. La scène avait été remplie d’objets modernes, tels que baignoires, lavabos, bidets sur lesquels avait été coule du plâtre. De grands mannequins pendaient du plafond. La musique était celle des Rolling Stones. L’année suivante, en 1971, Robert Gironès joua dans une pièce montée par Gaston Jung à partir de documents cubains relatant la tentative américaine de débarquement : La Baie des Cochons. Il décida de reprendre le thème en le traitant différemment. Le nouveau spectacle, Playa Giron, fut accueilli au premier festival off d’Avignon. Hubert Gignoux avait mis à sa disposition les ressources matérielles et techniques du théâtre national de Strasbourg, gradins, décors, camion, plateau, sans lesquels rien ne pouvait se faire. La pièce fut très bien accueillie.

Fort de ce succès, Robert Gironès décida de créer sa propre troupe, la Reprise, poussé par l’idée que le théâtre reprend toujours des textes et des formes. Il quitta Strasbourg pour Paris et se consacra définitivement à la mise en scène de textes d’auteurs contemporains. Il passa commande à Bernard Chartreux, qui écrivit pour lui Le château dans les champs, pièce présentée au théâtre ouvert, dirigé par Lucien Attoun à Avignon. Puaux lui proposa de la jouer aux Carmes au festival suivant. Denis Guenoun réécrivit pour la Reprise le texte de Marlow sur Édouard II, qu’il intitula Le règne blanc. Puis la pièce Scènes de chasse en Bavière, de Martin Spirr, fut créée au TNS. Tout de suite après il se lança dans une mise en scène de Brecht : Tambours dans la nuit.

De 1976 à 1980, Robert Gironès assura la direction du Centre dramatique de Lyon. Il continua à faire connaître des auteurs contemporains, tels que Jean Magnan, Italo Svevo, sans négliger pour autant le répertoire classique, comme Marivaux, Goldoni ou même Brecht lorsqu’il pouvait s’en servir pour aborder des questions d’actualité. Il forma aussi de jeunes metteurs en scène, comme Anne Torres.

En 1981 il créa, avec l’aide de Denis Garnier et Jean-Louis Hourdin, le Centre dramatique de Poitiers. Il y resta jusqu’en 1995. Bernard Sobel l’accueillit chez lui à plusieurs reprises. Puis Robert Gironès reprit ensuite sa compagnie, mais sa santé était très détériorée.

Robert Gironès fut un découvreur de textes. Sur le plan esthétique, il privilégiait aussi la nouveauté et l’audace contre l’ordre et la morale. Il en faisait une forme d’engagement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88538, notice GIRONÈS Robert par Francoise Olivier-Utard , version mise en ligne le 27 juillet 2010, dernière modification le 29 septembre 2010.

Par Francoise Olivier-Utard

SOURCES : Entretien avec Claudine Gironès. — État civil de Nîmes, pas de mention marginale de décès selon un courrier du 2 août 2010 (le décès de décembre 2000 à Paris n’aurait pas été reporté).

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