TAILHADES Auguste

Par Robert Debant et Jean Maitron

Né le 28 septembre 1894 à La Salvetat-sur-Agout (Hérault), mort le 21 août 1953 à Coursan (Aude) ; cheminot puis ouvrier agricole ; syndicaliste ; secrétaire du rayon communiste de Narbonne (1932).

Fils d’un cultivateur, Auguste Tailhades travailla comme employé à la Compagnie des chemins de fer du Midi à Narbonne mais fut révoqué à la suite des grèves de mai 1920. Il s’établit alors à Coursan en qualité d’ouvrier agricole. Membre du comité de rayon communiste de Narbonne en 1930, il devint secrétaire du rayon à partir du 1er janvier 1932. Il était assisté de Élie Carrière, secrétaire adjoint, François Martin*, trésorier. En juin 1932, Pierre Sempère étant redevenu secrétaire du rayon, Tailhades fut chargé des questions agraires comme simple membre du bureau mais, en juillet, il reprit le poste de secrétaire politique. La cellule de Coursan, qui groupait dix-sept adhérents, avait pour secrétaire Tailhades et pour trésorier Guillaume Piquemal*.
En 1931, Auguste Tailhades s’était présenté aux élections cantonales à Coursan, ne recueillant que 121 voix contre le docteur Carrière, radical-socialiste, qui l’avait emporté par 1 646 voix, Léon Blum*, qui en avait réuni 1 524, essuyant un assez dur échec local.
Au cours des années 1932-1933, chargé en particulier de la propagande dans les milieux paysans et viticoles de la région, Auguste Tailhades anima les longues grèves des ouvriers agricoles qui se déroulèrent dans sa bourgade de novembre 1932 à mars 1933. Après avoir été condamné une première fois à un mois de prison par le tribunal de Narbonne, en janvier 1932, pour outrage à agent de la force publique, il fut à nouveau incarcéré en avril, à titre préventif, pour port d’armes et menaces de mort (deux mois de prison devaient lui être infligés le 26 avril) lorsque le parti le désigna comme candidat aux élections législatives dans la circonscription de Narbonne face à Léon Blum. La campagne menée par les amis de Tailhades se déroula dans un calme relatif, à l’exception d’une rixe assez violente qui les opposa aux socialistes dans le gros village de Cuxac-d’Aude : l’incident les conduisit à placarder un appel invitant la population à se prononcer « contre Tardieu qui emprisonne et contre Blum qui fait matraquer les ouvriers communistes ». Leur candidat n’obtint que 492 voix sur 14 054 inscrits, Léon Blum étant réélu aisément dès le premier tour, avec 6 226 voix.
Cette année-là, Auguste Tailhades fut désigné par le Secours rouge international pour participer au congrès tenu en novembre à Moscou sous la présidence d’André Marty. Le préfet de l’Aude ayant refusé de délivrer son passeport, il s’y rendit clandestinement.
Avec Achille Roussel* et Élie Sermet*, secrétaire de la Bourse du Travail de Narbonne, Auguste Tailhades devait tenir un rôle de premier plan au cours des grèves déclenchées en septembre 1935 par les ouvriers agricoles du Narbonnais ainsi qu’à l’occasion des principaux mouvements de 1936. Le 7 mars 1935, jour du conseil de révision, il prit la tête d’un rassemblement de protestation contre la loi de deux ans à Coursan : plusieurs gendarmes ayant été molestés, le tribunal de Narbonne le condamna à sept mois de prison, peine portée à huit mois par la cour de Montpellier.
Aux élections législatives de 1936, Auguste Tailhades, devenu membre du comité régional du PC, affronta une seconde fois le leader socialiste. Au cours des réunions, des discours enregistrés sur disques de Jacques Duclos et Maurice Thorez furent diffusés. Il recueillit 986 voix sur 14 419 inscrits, progrès acquis sans doute au détriment des socialistes.
Auguste Tailhades fut interné par l’administration de Vichy au camp du Vernet (Ariège) du 14 août 1941 au 3 avril 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8855, notice TAILHADES Auguste par Robert Debant et Jean Maitron, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 8 mars 2012.

Par Robert Debant et Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat. F7/13124 et 13130. — Arch. Dép. Aude, 2 M 78 et 5 M. — B. Allaux, Les Élections législatives dans l’Aude au XXe siècle, Th., doctorat en droit, Toulouse, 1969.

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