Par Marc Giovaninetti
Un des principaux délégués soviétiques à l’ICJ, au moins entre 1932 et 1936.
Au 12e plenum de l’ICJ, en décembre 1932, il était un des représentants soviétiques derrière Vassili Tchemodanov. Il intervint surtout sur l’Allemagne.
Pendant toute l’année 1934, il dirigea le « secrétariat des pays romans » de l’ICJ, avec une indéniable autorité, interrompant et questionnant sans ménagement les représentants belges, français, suisses, espagnols, italiens, portugais qui exposaient la situation des JC dans leurs pays. Par exemple le 17 janvier, il dénonçait les « fautes et faiblesses » des Jeunesses françaises en vue de leur congrès extraordinaire de février (où l’ICJ fut représentée par Michal Wolf) ; il fut ensuite désigné comme responsable pour la France du « plan de travail pour février-mars 1934 du secrétariat des pays romans ». Le 16 mars, le 17 avril, il rudoyait Mikka, le représentant belge. Il est encore cité dans des fonctions analogues pour les mois suivants, d’avril à novembre ; les 5 et 8 décembre, il intervint pendant la présentation du rapport de Guyot à la « commission française », le premier jour en présence de Manouilski et Thorez. Les deux Français étaient à Moscou pour soutenir le tournant en faveur du Front populaire, face à des Soviétiques encore réticents.
En septembre-octobre 1935, il assista au 6e congrès de l’ICJ, celui qui porta Raymond Guyot au Secrétariat général. Il y fut un des cinq soviétiques « élus » titulaires du Comité exécutif (plus trois « candidats »), mais ne figura pas au nombre de ses trois concitoyens nommés parmi les dix-sept membres du Présidium (Tchemodanov, Kossarev et Prokofiev).
En 1936, il participa à plusieurs réunions du secrétariat de l’ICJ, aux côtés des principaux dirigeants Vassili Tchemodanov et Raymond Guyot ; notamment le 16 juin, où Marco Ferri (Celeste Negarville) présenta un rapport sur l’Italie, et le 23 juin, où John Gollan fut mis sur la sellette pour l’Angleterre. Les 20 et 22 novembre, il était compté avec les huit membres du Présidium de l’ICJ, assistés de nombreux « travailleurs politiques », « représentants des partis » et « écoliers », qui écoutaient le rapport du secrétaire général Raymond Guyot sur « les tâches principales de l’ICJ dans la situation actuelle ».
Il ne semble plus mentionné par la suite, ce qui incite à penser que comme ses principaux camarades Tchemodanov et Kossarev, il fut victime des purges de 1937-1938. Cependant, Dimitrov, dans son Journal, nommait à plusieurs reprises un Krasnov désigné comme « responsable de la sécurité des immeubles du Komintern » en 1941-1942, renvoyé le 23 mai de cette dernière année avec quatre autres responsables pour n’avoir pas été « à la hauteur de leur tâche », et en 1943 un « jardinier à Kountsevo », la résidence des chefs du Komintern. Il doit cependant s’agir d’homonymes, car il est improbable qu’un cadre politique ait ensuite exercé une responsabilité militaire ou horticole…
Par Marc Giovaninetti
SOURCES : RGASPI, 533-2-241, 533-8-249 (en russe pour l’essentiel), 533-1-259, 533-4-264, 533-3-395. — Georgi Dimitrov, Journal 1933-1949, Belin, Paris, 2005.