Par Léon Strauss
Né dans le Haut-Rhin, mort en 1997 ; chirurgien ; militant communiste ; gendre de Marcel Cachin, chirurgien à France–Navigation en 1939.
Fils d’Eugène Hertzog, maire catholique autonomiste de Colmar rallié au nazisme en 1940, Paul Hertzog fit des études de médecine. Interne des hôpitaux, il avait contracté une tuberculose guérie en 1934. Il épousa le 16 janvier 1936 Marcelle Cachin (1911-1998), médecin, fille de Marcel Cachin.
Au début de 1939, il participa à Cerbère (Pyrénées-Orientales), pour la Centrale sanitaire internationale, à l’accueil des Républicains espagnols vaincus. Le couple fut ensuite chargé du service médical sur le Winnipeg, un céréalier affrété par la compagnie communiste France-Navigation, transformé en transport de réfugiés, qui partit en juillet 1939 de Trompeloup (Gironde) avec 2 000 républicains espagnols à bord, à destination de Valparaiso (Chili). À l’arrivée, le bateau fut saisi et l’équipage, arrêté, fut rapatrié en décembre 1939 en France, alors que le Parti communiste était dissous depuis le 26 septembre 1939. Le 8 janvier 1940, Paul Hertzog fut arrêté à Lancerf (Côtes-du-Nord) et emprisonné, ainsi que son épouse et quarante membres de l’équipage, au fort de Hâ à Bordeaux (Gironde). Il était accusé d’avoir voulu livrer le navire aux Soviétiques. L’affaire se termina assez rapidement par un non-lieu. Le 5 septembre 1941, il fut arrêté en même temps que son beau-père par la Gestapo. Les deux hommes furent emprisonnés à Rennes (Ille-et-Vilaine), puis à La Santé à Paris. Ils furent relâchés par le SS-Sturmbannführer Karl Bömelburg, chef de la section IV de la Sipo-SD à Paris, le 20 et le 21 octobre 1941 (Marcel Cachin avait accepté de signer un texte désavouant les attentats individuels contre les militaires allemands. Selon une note des Renseignements généraux, Paul Hertzog avait signé la même déclaration). À la suite de son incarcération, la tuberculose reprit et il fut hospitalisé au sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet (Isère) où la police française tenta de l’arrêter comme « un terroriste dangereux en rapport par la Suisse avec le Komintern », mais le directeur refusa de le livrer.
Après la guerre, il fut un chirurgien en vogue dans « le gotha communiste soviétique ».
Son épouse fut députée communiste de la Seine en 1946. Le couple eut trois enfants dont Gilles Hertzog, journaliste, éditeur, romancier.
Par Léon Strauss
SOURCES : AN 447 AP (Fonds Cachin, et notamment 447AP/21 à 24 : archives de Marcelle Hertzog-Cachin). — Dominique Grisoni et Gilles Hertzog, Les brigades de la mer, Paris, 1979. — Marcelle Herzog-Cachin, Regards sur la vie de Marcel Cachin, Paris, 1980, p. 213–218, 228–236, 239, 252. — Marcel Cachin, Carnets, IV, 1935-1947, Paris, 1997 (index). — L’Humanité, 21 avril 1998. — Lire, mai 2004. — Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, fascicule n° 45, Strasbourg, 2006, p. 4679.