GODEFROY Fernand

Par Daniel Grason, Pierre Labate

Né le 7 novembre 1902 à Auvers-sur-Oise (Oise, Val-d’Oise), mort le 19 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; sympathisant communiste  ; volontaire en Espagne républicaine ; déporté.

Fernand Godefroy matricule 45612, Site Mémoire Vive
Fernand Godefroy matricule 45612, Site Mémoire Vive

Fils d’Octave Godefroy, vingt-six ans, ouvrier carrier et d’Anna Pegeon ou Pejon, dix-neuf ans, il épousa Hélène Pejon le 10 octobre 1925 à Auvers-sur-Oise. Le couple habita 50, boulevard Foch à Épinay (Seine, Seine-Saint-Denis).
Il se porta volontaire dans les Brigades internationales, il arriva en Espagne le 14 décembre 1936 et fut affecté à la 15e Brigade internationale Franco-Belge, Compagnie de mitrailleuses. Sympathisant du Parti communiste, il était apprécié comme étant discipliné et bon organisateur. Il fut blessé, perdant deux doigts. Lors de son rapatriement le 28 juillet 1938, il était dans un état de fatigue général, s’ajouta à cela des raisons familiales, sa femme sans travail étant sur le point d’être expulsée de son logement.
Le 24 décembre 1941, peu après 6 heures du matin, dans le cadre d’une vague d’arrestations organisées par la police française contre trente-trois anciens membres des brigades internationales (dont Voltaire Cossart, Maurice Fontès…), Fernand Godefroy a été arrêté à son domicile par des agents du commissariat d’Aubervilliers et interné administrativement à la caserne désaffectée des Tourelles, boulevard Mortier, Paris (XXe), “centre surveillé” dépendant de la préfecture de police de Paris. Enregistré sous le matricule n° 132, il est assigné à la chambre n° 13. En janvier 1942, il y reçoit la visite de son épouse et de sa mère, puis de son épouse et de son frère.
Le 24 mars suivant, le chef de l’état-major allemand de l’administration du commandant du département de la Seine écrivit au préfet de police : « Godefroy doit être détenu à la caserne des Tourelles. Je vous prie de me faire connaître les raisons pour lesquelles vous l’avez arrêté. Délai de réponse : jusqu’au 15 avril 1942. » Le 1er avril, les Renseignements généraux rédigent une note : « À la suite des attentats commis contre des membres de l’armée d’occupation, les enquêtes effectuées ont démontré que ces actes étaient l’œuvre d’anciens légionnaires ayant combattu dans les Brigades internationales d’Espagne. Par mesure de sécurité, plusieurs de ces derniers ont été internés administrativement, parmi lesquels figure Fernand Godefroy, militant communiste… »
Le 11 avril, Fernand Godefroy écrivit au préfet de police pour demander une « contre-enquête » : « Ayant été en Espagne par suite de dissentiments dans mon mariage […] Je déclare sur l’honneur n’avoir appartenu à aucun groupement politique, ni auparavant, ni depuis. Trouvant la politique de Monsieur le Maréchal Pétain conforme aux évènements actuels, je m’engage dorénavant à suivre ses directives. » (Il s’agissait avant tout d’obtenir sa libération, rien ne garantit le degré de sincérité d’une telle déclaration…) Faute de réponse, il renouvela une demande d’audience auprès du directeur des Tourelles : « Ma présence chez moi se trouvant de plus en plus indispensable, ma femme étant seule avec un bébé. »
Le 5 mai 1942, Fernand Godefroy fit partie des vingt-quatre internés des Tourelles, pour la plupart anciens Brigadistes, que viennent « prendre des gendarmes allemands » afin de les conduire à la gare du Nord prendre un train à destination du camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Le même jour, le préfet délégué du ministère de l’intérieur dans les territoires occupés envoie au préfet de police un formulaire pré-imprimé : « Mon attention a été attirée sur le nommé Godefroy Fernand […]. Je vous prie de me faire connaître, d’urgence, les raisons de la décision prise à l’encontre de l’intéressé, ainsi que votre avis sur l’opportunité d’une mesure de clémence à son égard. » Le 8 mai, le cabinet du préfet de police écrit au directeur des Renseignements généraux pour lui demander son avis. La réponse de la 1ère section du service tomba le 13 juin : « La libération de Godefroy ne paraît pas pouvoir être envisagée pour le moment. »
En décembre 1941, le rapport de la police indiquait : « A combattu en Espagne, dans les Brigades internationales ». Il fut déporté par le convoi qui partit de Compiègne le 6 juillet 1942 et arriva au camp de concentration d’Auschwitz (Pologne), le 8 juillet. Ce fut un convoi politique de mille cent soixante-quinze hommes, composé essentiellement de militants communistes ou considérés comme tels, de quelques socialistes et radicaux, de syndicalistes de la CGT, et de cinquante-six juifs. Parmi les déportés plusieurs anciens volontaires des Brigades internationales. Ce convoi fut particulièrement meurtrier, 90 % des déportés périrent. Fernand Godefroy, matricule 45612, mourut le 19 septembre 1942.
Fernand Godefroy a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88606, notice GODEFROY Fernand par Daniel Grason, Pierre Labate , version mise en ligne le 5 août 2010, dernière modification le 2 juin 2018.

Par Daniel Grason, Pierre Labate

Fernand Godefroy matricule 45612, Site Mémoire Vive
Fernand Godefroy matricule 45612, Site Mémoire Vive

SOURCES : Archives de Moscou RGASPI 545.31, BDIC mfm 880/1 bis ; RGASPI 545.3.494, BDIC mfm 880/43 ; RGASPI 545.2.68, BDIC mfm 880/46 ; RGASPI 545.2.112, BDIC mfm 880/47. – Arch. PPo BA 2113, 1 W 681-22711 – 77 W 160-118478. – Bureau Résistance GR 16 P 260748. – Claudine Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz : le convoi du 6 juillet 1942, dit des « 45 000 » Éd. Graphein, Paris, 1997 et 2000, de la même auteure, Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éd. Autrement, 2005. – Livre Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil.

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