KUNART Karl ; orthographe très variable, Kunert, Kounart, Kuhnart, et même Counart ; autres éléments d’identité inconnus, sauf la nationalité, allemande.

Par Marc Giovaninetti

En dépit de la faiblesse des renseignements précis trouvés sur lui, Karl Kunart, militant originaire d’Allemagne, fut pendant une longue durée un cadre actif et important du KIM, l’organisation de jeunesse de l’IC.

Kunart apparaît comme un des principaux personnages de second plan du 6e Congrès de l’Internationale communiste des Jeunes, en septembre-octobre 1935, celui qui consacra la nouvelle tactique unitaire des organisations communistes et porta le Français Raymond Guyot à sa tête. Il s’y exprima dès le jour de l’ouverture, le 25 septembre, après les principales vedettes, Guyot et Dimitrov en personne, présida certaines séances, et figurait sur la liste des 57 membres du Comité exécutif proclamée le 11 octobre. Quatre autres Allemands l’y accompagnaient (dont un, Arthur Becker, était déjà présent en 1929, ce qui n’était pas le cas de Kunart), une forte diminution comparée aux dix élus de la liste sortante, ce qui faisait passer leur pays victime de la victoire nazie derrière la France. Mais des cinq, Kunart était le leader incontesté, puisqu’à la première réunion du CE, le 13 octobre, il fut nommé au Présidium, seul Allemand ainsi distingué, et même au Secrétariat, comme troisième suppléant, ce qui le plaçait au huitième rang de la stricte hiérarchie de l’organisation.

En 1936, il semblait résider régulièrement en URSS, assistant à plusieurs réunions des instances dirigeantes, notamment celles où étaient étudiées les projets de fusions des organisations de jeunesses socialistes et communistes, espagnoles, belges, françaises, britanniques. Il intervint aussi au 10e Congrès des komsomols soviétiques, en avril, avec les autres hiérarques de la jeunesse communiste, Kossarev, leur secrétaire général, Guyot, Wolf ou Tchemodanov, les principaux dirigeants de l’ICJ. Plus heureux que certains autres de ses compatriotes réfugiés à Moscou, il échappa aux grandes purges des années 1937 et 1938 qui décimèrent les locataires de l’Hôtel Lux.

Le 17 septembre 1938, il signait un article sans grande portée dans le n° 48 de l’austère revue Correspondance internationale, organe en français de l’IC. Il y expliquait que les 24e Journées internationales de la Jeunesse, une manifestation en plein déclin traditionnellement célébrée au mois de septembre, se confondraient cette année-là en URSS avec le 20e anniversaire de la fondation des Jeunesses communistes-léninistes du pays ; de leurs deux leaders, Tchemodanov avait déjà disparu l’année précédente, englouti par la machine répressive, et Kossarev n’avait plus qu’un sursis de deux mois.

Les dernières traces de Kunart se suivent en France. Une longue lettre-rapport d’un cadre américain de l’ICJ envoyée à Michal Wolof le 31 mai 1939 le cite parmi une liste de camarades de tous pays rencontrés à Paris, Guyot, Carrillo, Ferri/Negarville, Betty Shields-Collins… Il se préparait dans la capitale française une Conférence européenne des Jeunesses communistes au cours de laquelle, sans grand espoir, on devait tenter de sauver ce qui pouvait l’être encore des avancées unitaires. Enfin, le 5 novembre 1940, Guyot, rentré en URSS avant la débâcle française de juin 40, transmettait à Dimitrov une lettre de « Genossen Karl Kunert » et sa femme. Le couple informait de la précarité de son sort, ; auf freien Fuss, in Toulouse, en zone « libre », donc, et cherchait à se faire rapatrier à Moscou par « une organisation de masse ». Là s’arrête sa piste…

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88669, notice KUNART Karl ; orthographe très variable, Kunert, Kounart, Kuhnart, et même Counart ; autres éléments d'identité inconnus, sauf la nationalité, allemande. par Marc Giovaninetti, version mise en ligne le 9 août 2010, dernière modification le 22 août 2010.

Par Marc Giovaninetti

SOURCES : RGASPI, 533-1-234, 237, 256, 259 (6e Congrès de l’ICJ), 533-3-395 (Présidium de l’ICJ), 533-10-2606 (10e Congrès des Komsomols), 533-9-76, 112 (correspondances). — Correspondance internationale, n° 48, 17 septembre 1938.

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