HUISSOUD Claude

Par Jean Limonet

Né le 10 septembre 1939 à Saint-Julien Molin-Mollette (Loire), mort le 07 février 2019 à Revel-Tourdan (Isère) ; ouvrier paysagiste, éducateur, maraîcher, infirmier ; permanent CFDT de l’UD du Rhône et de la région professionnelle « salariés agricoles » Rhône-Alpes (1966), secrétaire général adjoint de l’UD du Rhône (1968), membre du PSU (1968-1980).

Dernier enfant de Joseph Huissoud* et d’Yvonne Chapuis, Claude Huissoud trouva un emploi de paysagiste en 1957 chez Paquet à Meylan, la plus importante entreprise de ce type dans la région. En 1958, contrairement à la majorité des ouvriers viticoles du Beaujolais qui travaillaient chez les petits viticulteurs communistes et étaient syndiqués à la CGT, il adhéra au syndicat CFTC des ouvriers agricoles qui comptait très peu d’adhérents. Rapidement, il prit conscience des conditions très dures de travail dans les milieux salariés agricoles où l’on faisait 60 h payées au SMAG (salaire minimum agricole garanti). Après le service militaire, dont dix mois comme appelé en Algérie, il reprit son travail en 1962 et, militant toujours à la CFTC, il participa en tant que délégué de son syndicat au congrès confédéral de 1964. Il se prononça pour la déconfessionnalisation.

Dans la même période, des membres de la CFTC (puis CFDT) constituèrent un syndicat des techniciens agricoles où se retrouvèrent les salariés des banques agricoles et des coopératives agricoles et laitières. Ce nouveau syndicat travaillait en liaison avec celui des salariés agricoles. Claude Huissoud participa aux négociations des premières conventions collectives de la branche agricole dans les départements de l’Isère, la Loire, la Drôme, et à la renégociation de la convention du Rhône. Les signatures des conventions collectives permirent de créer de nombreuses implantations syndicales dans les entreprises. Le développement du nombre d’adhérents CFTC dans l’entreprise de Claude Huissoud, la création d’une section syndicale et son élection comme délégué du personnel puis membre du comité d’entreprise lui valurent d’être licencié au début de 1964. Il gagna le procès qu’il intenta et fut élu membre du conseil fédéral de la FGA (Fédération générale de l’agriculture) lors du congrès de février 1964. Il devint la même année secrétaire général adjoint pour la région.

En 1966, la FGA créa un poste de permanent à mi-temps dans la région Rhône-Alpes et demanda à Claude Huissoud de prendre cette responsabilité en complément d’un poste à mi-temps à l’Union départementale du Rhône. Assez vite, il se trouva en opposition avec sa fédération sur la conception du syndicalisme, notamment par rapport aux syndicats des techniciens. En 1967, il devint permanent de l’UD du Rhône à plein temps et, l’année suivante, secrétaire général adjoint de l’UD du Rhône, fonction qu’il allait assumer jusqu’en 1972. Il suivit de nombreux conflits, en particulier ceux de Rodiacéta, de Pennaroya, les négociations consécutives à l’explosion de Feyzin, etc.

Au congrès confédéral de novembre 1967, Claude Huissoud fut désigné comme membre suppléant du conseil confédéral dans le collège des 22 organisations les plus importantes, avec Madeleine Delessert*, titulaire sortante. Il participa activement au débat interne de la CFDT sur l’autogestion et développa l’idée de primauté de la section syndicale comme interlocuteur et décideur dans le suivi des conflits. Lorsque des divergences apparurent au sein du conseil de l’UD du Rhône, il se trouva en opposition avec la métallurgie, considérant celle-ci comme trop proche de la confédération.

En 1972, conformément à sa conception du syndicalisme, il retournera comme salarié à l’AEE (Association pour l’enseignement des étrangers) de la région Rhône-Alpes, association regroupant 1 200 salariés sur le plan national. Il y créa une section syndicale, suscita des conflits et occupa avec d’autres sections le siège parisien de l’association en 1977. La direction engagea un procès, qu’elle perdit, pour occupation illégale. D’autres négociations s’engagèrent sur les 36 heures hebdomadaires et l’intégration de 300 CDD (Contrats à durée déterminée) en CDI (Contrats à durée indéterminée). L’association fut dissoute par le gouvernement Barre en 1978.

Après un an de chômage, Claude Huissoud fut embauché comme éducateur au centre de rééducation aux Massues à Lyon. Puis, concrétisant un vieux rêve, il s’installa comme maraîcher bio à Limoux et créa en 1986 un syndicat d’exploitants bio dans l’Aude. Au début de 1988, il revint à Lyon où il fut formateur d’adultes au sein de l’association Léo Lagrange pour le secteur de Saint-Fons, mais quitta ses fonctions en 1992, en conflit avec la direction sur les orientations du mouvement et les conditions de travail. Il négocia son licenciement et rentra à l’hôpital de Vienne comme infirmier psychiatrique jusqu’à la retraite en 2001. Il devint bénévole à Médecins du Monde à partir de 2002.

En 2001, Claude Huissoud rendit sa carte d’adhérent CFDT, en désaccord avec les orientations confédérales sur la sécurité sociale. Il avait été membre du PSU de 1968 à 1980, mais ne s’était pas engagé pour respecter la clause de non cumul de mandat syndical et de parti politique.

Claude Huissoud est le frère de Bernard Huissoud.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88694, notice HUISSOUD Claude par Jean Limonet, version mise en ligne le 13 août 2010, dernière modification le 3 août 2020.

Par Jean Limonet

SOURCES : Archives confédérales et interfédérales de la CFDT. – Interview de Christophe Coupaud.

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