CORDIER André, Armand, Eugène, Auguste, dit Jacques

Par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

Né le 15 novembre 1926 à Saint-Cyr-l’École (Seine-et-Oise, Yvelines), fusillé, après condamnation par un tribunal allemand, le 11 avril 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; lycéen ; résistant FTPF.

André Cordier
André Cordier
Arch. préfecture de police.

Fils d’Auguste, adjudant, et d’Augustine, née Michaux, André Cordier vivait 14 bis rue Victorien-Sardou chez ses parents à Saint-Cyr-l’École. Étudiant, il était titulaire du brevet industriel. Il entra dans les FTP en juillet 1943 matricule 7055, il ignorait que l’organisation était liée au Parti communiste, mais s’en rendit rapidement compte.
Il devint chef de détachement en septembre, membre appointé 2000 francs par mois.
Il participa à plusieurs attentats, en juillet 1943 à l’incendie d’un hangar de paille, le 7 août au sectionnement de fils téléphoniques, deux actions menées sur le territoire de Saint-Cyr-l’École ; au grenadage du train Paris-Granville, près de Villepreux le 10 septembre ; au déraillement d’un train sur la ligne de Cherbourg près de Rosny le 28 septembre ; à un déraillement à La Verrière sur la ligne de Chartres le 25 octobre ; enfin au grenadage d’une plateforme de DCA du train de Dreux.
André Cordier a été interpellé par des policiers de la BS2 le 20 novembre 1943 à 9 heures rue Michel-Ange à Paris XVIe arrondissement sur le lieu du rendez-vous qu’il avait avec Paul Quillet, chef militaire des FTP de la Région P 7.
Fouillé André Cordier était porteur de quatre papiers et un calepin annoté, deux feuilles de novembre 1943 de viande, l’une portait le cachet de la mairie de Nogent-sur-Marne, l’autre sans indication. Une de diverses denrées de novembre 1943, portant le cachet de Pavilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).
Lors de la perquisition domiciliaire au 14 bis rue Victorien-Sardou à Saint-Cyr-l’École, les policiers saisissaient un pistolet automatique calibre 7,65 mm de marque Mauser n° 145638 avec une balle dans le canon et un chargeur contenant six balles, une balle de fusil de guerre ainsi qu’une cinquantaine de balles de calibre 7,65 m/m. Une carte d’identité en blanc qui portait une photographie et le cachet de Versailles. Un indicateur des chemins de fer banlieue de Paris et de la région ouest avec une annotation sur la couverture.
André Cordier était inconnu aux archives centrales des Renseignements généraux.
Il fut interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police. Le 23 mars 1944, il comparut devant un tribunal militaire allemand et fut condamné à mort pour activité de franc-tireur. Le 11 avril 1944 dix-huit FTP étaient fusillés dont André Cordier. Parmi les exécutés : Joseph Epstein (colonel Gilles), Jean Alezard, Maurice Corcuff et André Leclerc.
Inhumé dans le Carré des corps restitués à Saint-Cyr-l’École, il fut reconnu comme FTP à titre posthume. Son nom figure sur le monument aux morts de la commune. André Cordier a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Interné résistant.
Il avait sympathisé avec Andrée de Blasiis notamment dans le cadre d’un club de football. Andrée était fille d’un ancien militant anarchiste devenu communiste André de Blasiis dit De Blasus, elle était gagnée aux idées communistes. Dans ce sa dernière lettre il parle de "papa André et maman Rose" (les parents d’Andrée) et de "ma petite femme chérie", "ma Dédée chérie" qui est donc Andrée de Blasiis. La lettre fut réceptionnée par le père d’Andrée, celle-ci étant une résistante clandestine, et conservée durablement par elle, et c’est son fils qui nous en donna copie en 2019. Andrée de Blasiis fut exclue du Parti communiste en raison de conflits de résistance puis réhabilitée et réintégrée.

Texte de la dernière lettre.
 
Fresnes le 11 avril 1944]
Chers Parents [ce sont les parents d’Andrée] et petite femme chérie [Andrée],
Je viens d’apprendre que mon recours en grâce a été rejeté, et je vais être fusillé à 3 heures de l’après-midi. Je suis réunis avec Maurice [Corcuff] et Jean [Alezard], nous sommes tous très courageux soyez de même. Sachez chers parents combien je vous ai aimé, ne m’en veuillez pas, soulagez ma famille, je compte sur papa André et sur maman Rose.
Que ma Dédée chérie, sache combien je l’ai adorée et que je l’adorerai jusqu’au dernier moment. Dédée chérie ne m’oublie pas, Souviens toi de notre grand amour ma petite femme chérie. Vois-tu nous avons vécu ce que vivent les fleurs, l’espace d’un instant mais nous nous sommes aimés comme personne d’autre. Sois très courageuse, ta grande douleur avec le temps s’apaisera. Sache Dédée chérie que je mourrai en chantant. Je viens en vrai communiste, pour la bonne cause et je ne regrette rien de mon action. Donc Dédée adorée ne m’oublie pas pense à ton Dédé adoré qui aura su t’aimer, souffrir et même mourir en vrai communiste.
Chers Parents adorés, sachez que votre fille chérie était ma femme depuis deux ans, ne m’en veuillez pas.
Donc chers parents adorés je vais vous dire adieu, et vous embrasse bien tendrement.
Ma Dédée chérie, je l’envoi, mon dernier baiser d’amour, le plus long et le plus tendre, sois très courageuse. Pense à notre père Joseph [sans doute Joseph Staline]. Courage minou adoré.
Adieu !
Votre fils et Mari adoré.
 
A. Cordier
 
Minou adoré je compte sur toi pour aimez ma Maman chérie, soulage là, encourage là.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88701, notice CORDIER André, Armand, Eugène, Auguste, dit Jacques par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 15 août 2010, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

André Cordier
André Cordier
Arch. préfecture de police.
André Cordier et Andrée de Blasiis vers 1939.

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, PCF carton 8, PCF carton 15, activités communistes hebdomadaire pendant l’Occupation, GB 133, 77W 787. – Archives de la CCCP (Notes Jean-Pierre Ravery). – Bureau Résistance GR 16 P 142148. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Saint-Cyr-l’École.

ICONOGRAPHIE : Archives de la préfecture de police.

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