GUINTARD Marcel, Louis, Jean, Alexandre

Marcel Guintard naquit dans un petit village situé entre la Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte marqué à la fois par l’ancrage d’un protestantisme paysan au moment de la Réforme au XVIe siècle et par la répression menée au nom des idéaux de la République contre la Vendée en 1793-1794. Son père Jean Guintard, protestant, épousa en 1924 Alice Pineau, très attachée à ses convictions catholiques. Le couple travailla comme gens de maison pour une riche famille d’armateurs de la Rochelle. Pendant son service militaire d’octobre 1920 à mars 1922, son père fréquenta les cercles socialistes de Paris. Sa mère décéda alors qu’il avait à peine deux ans. Le parrain de son père Jean David*, issu d’une famille protestantes et républicaine, adhéra à la section du Parti communiste créé en 1921 à Mouchamp (Vendée). En juin 1942, le jeune Marcel assista à son arrestation.

Après avoir été reçu au certificat d’études en juin 1948, il entra en qualité d’apprenti agricole au service de ses cousins à l’âge de quatorze ans. En 1953 après avoir obtenu son brevet d’enseignement agricole il devint valet de ferme à Saint-Vincent-Sterlanges (Vendée). En février 1954, il fut victime d’un grave accident du travail qui l’immobilisa pendant plusieurs semaines. Au printemps 1955 son premier engagement politique fut une distribution de tracts communistes pour la paix en Algérie. En 1956 il adhéra à la section du PCF de Chantonnay animée par André Merlet, artisan photographe, et André Billaud, membre de la Ligue des droits de l’homme le libre-penseur.

À son retour de service militaire, accompli à la base aérienne de Tours d’août 1956 à novembre 1958, il fut à l’initiative de la création d’une section de l’union de la jeunesse agricole de France (UJAF) en Vendée afin de limiter l’influence de la toute-puissante JAC. Ce mouvement regroupa rapidement en Vendée plus d’une centaine d’adhérents répartis en une dizaine de cercles. Il intégra alors le bureau de la fédération du PCF de Vendée de 1959 à 1961. En juillet 1960, il fut convoqué au siège du comité central par Waldeck Rochet* qui lui proposa de prendre la succession de Gaston Viens au poste de secrétaire national de l’UJAF. Élu secrétaire général de l’organisation en mars 1961, il s’installa dans la région parisienne. Il fit partie du secrétariat du mouvement de jeunesse communiste avec Paul Laurent* et Henri Martin* pour la jeunesse communiste, Hélène Luc* pour l’UJFF et Jean Piel* pour l’UEC. En mai 1961 il est délégué au XVIe congrès du PCF à Saint-Denis. Après avoir suivi une formation politique d’un mois en 1961, il fréquenta l’école centrale de quatre mois en 1962.

En octobre 1961, à la faveur d’une tournée dans le département de l’Allier, il rencontra Marie-Claude Charillat, secrétaire départementale de l’UJAF. Ils se marièrent à Vieure (Allier) le 21 avril 1962.

À la fin de l’été 1966, la direction du PCF lui proposa de seconder le secrétaire général de la fédération de Vendée Auguste Brunet et le moment venu de le remplacer. En novembre 1966 Marcel Guintard s’installa à la Roche-sur-Yon. Il dut attendre Pâques 1967 pour que son épouse Marie-Claude, postière à Arcueil, et les deux enfants Christine et Claude le rejoignent Vendée. Secrétariat fédéral en décembre 1966 jusqu’en 1969, permanent, il est élu premier secrétaire de la fédération en décembre 1971. Candidat dans la circonscription du haut-bocage vendéen, il obtint 7 % des suffrages exprimés le 5 mars 1967, score jamais atteint par un candidat communiste dans ce département. Marcel Guintard s’efforça d’implanter le PCF dans les usines du bocage en 1967 et 1968 (200 adhésions nouvelles et 20 cellules créées). En 1976 la fédération de Vendée compta 2 000 adhérents. Si en 1971, la division de la gauche aux élections municipales à la Roche-sur-Yon permit à la droite de conserver ses positions, en 1977 comme dans les très nombreuses villes de l’Ouest la France, la gauche unie enleva la municipalité. Marcel Guintard fut élu adjoint à l’urbanisme dans une équipe conduite par le maire socialiste Jacques Auxiette. Il assuma cette responsabilité pendant trois mandats jusqu’en 1995. Après avoir affirmé publiquement son opposition à la politique du PCF (rupture de l’union de la gauche, Pologne et Afghanistan) il quitta ses fonctions de secrétaire de la fédération en 1982. Au même moment dans un courrier adressé à Gaston Plissonnier* il constatait que le département était de plus en plus industriel et pensait qu’il fallait un premier secrétaire issu du monde ouvrier. Il indiquait que les communistes vendéens étaient « partie prenante de la gestion municipale à la Roche-sur-Yon, aux Sables d’Olonne, à Luçon, à Saint-Jean-de-Monts et d’une vingtaine de communes rurales » et que des communistes étaient à la tête de « grandes organisations de masse comme la CGT, la FEN, la FOL, le SNI, le SNES, la FCPE, l’UFF ». Il démissionna du comité central du PCF en 1982 puis quitta le PCF en avril 1986.

Devenu selon son expression « une sorte d’électron libre au PC », il fit partie du courant rénovateur avec Henri Fiszbin et quitta le parti en 1986. Il demeurait adjoint au maire (socialiste) de La Roche-sur-Yon, lui-même apparenté socialiste, jusqu’en 1995. Il se revendiquait comme un descendant des protestants du Désert et des Vendéens.