Par Françoise Olivier-Utard
Né le 7 octobre 1926 à Wittenheim (Haut-Rhin), mort le 26 janvier 1983 à Mulhouse (Haut-Rhin) ; incorporé de force dans l’armée allemande, déserteur interné dans le camp soviétique de Tambov ; mineur de potasse (1946-1977) ; syndicaliste CGT et militant communiste depuis 1948, membre des instances fédérales du Parti communiste du Haut-Rhin (1952-1962).
Son père, Aloïs Haby (né en 1895, mort en 1965), était mineur de fond au puits de potasse Théodore de Wittenheim. Sa mère, Anne Lach (née en 1901, morte en 1973), ménagère, eut 10 enfants, dont trois moururent en bas âge. La famille était catholique pratiquante.
Marcel Haby fit un apprentissage de jardinier chez Becker à Mulhouse d’août 1940 à août 1943 et y fut embauché. Il fut contraint au travail obligatoire du Reich (RAD), du 2 octobre 1943 au 4 janvier 1944. Il reprit son travail le 12 janvier 1944 et, un mois plus tard, le 19 février, il fut incorporé de force dans la Wehrmacht. Il fit ses classes du 13 mars au 29 juillet 1944, puis fut envoyé, comme la plupart des Alsaciens, sur le front de l’Est. Il vécut l’insurrection de Varsovie du côté allemand. Il perdit la foi devant les atrocités commises par les nazis. Il déserta le 25 août 1944 à Radzynin (Pologne) en ne regagnant pas son unité et en se cachant dans un trou d’obus après une attaque. Il parvint à faire comprendre aux Soviétiques sa situation d’Alsacien incorporé de force. Il fut alors conduit au camp de prisonniers de Tambov, où étaient regroupés entre autres les Alsaciens-Lorrains. Dans ce camp situé au cœur d’une zone précédemment dévastée par les nazis et manquant de tout, les chefs alsaciens du camp placèrent ce compagnon d’infortune qui n’avait pas dix-huit ans à l’évacuation des morts parce que ce travail pénible était compensé par une ration supplémentaire de nourriture. Il fut libéré dans le quatrième détachement de prisonniers et démobilisé le 3 septembre 1945, à Chalon-sur-Saône, centre de triage des Alsaciens-Lorrains. Il eut droit à une cure de convalescence du 6 au 15 septembre 1945 à Chalon.
Revenu à Mulhouse, il reprit pendant quelques mois son travail chez son ancien patron jardinier, du 23 octobre 1945 au 20 avril 1946. Il le quitta pour devenir mineur de fond comme son père, au puits de potasse Théodore. Il adhéra à la CGT, entraîné par Eugène Haffner. Il devint secrétaire de la section locale du syndicat des mineurs et fut élu délégué au CE des mines en 1961. Atteint par le cancer, il choisit d’être mis en préretraite en 1977.
Son adhésion au Parti communiste se fit en 1948. Il devint secrétaire à la propagande de la section de Wittenheim. De 1952 à 1956, il fut membre du secrétariat fédéral. Il passa au comité fédéral de 1956 à 1959, revint au secrétariat fédéral en 1961 et au comité fédéral en 1962, date à laquelle il ne prit plus de responsabilités départementales. Ce fut un militant toujours disponible.
Il fit un voyage en URSS en 1950, un autre à Berlin-Est et un troisième en Tchécoslovaquie.
Il s’était marié civilement en mai 1954 avec Marie-Reine Seiler (née le 27 janvier 1931 à Réguisheim, Haut-Rhin, décédée le 28 décembre 1966 à Mulhouse), ménagère, militante UFF aux côtés de Rose Haffner et catholique. Le couple eut deux filles. Il acheta une maison dans un lotissement qui n’appartenait pas aux mines, cité Sainte Barbe à Wittenheim. Marcel Haby eut des obsèques civiles, comme il l’avait souhaité.
Par Françoise Olivier-Utard
SOURCES : Arch. comité national du PCF, section Montée des cadres — Entretien avec sa fille le 11 mars 2010.