JÉVODAN Pierre, Robert

Par Jeanne Siwek-Pouydesseau

Né le 8 février 1929 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; inspecteur des Douanes ; secrétaire de la section parisienne du syndicat des douanes « sédentaires » CGT (1956-1964), membre du bureau du Syndicat national des Douanes CGT à partir de 1961, élu au bureau de la Fédération des Finances CGT en 1965 et secrétaire général de cette fédération (1975-1980), membre de la commission exécutive de la CGT (1978-1982), adhérent du Parti communiste (1947-1980).

Fils d’un douanier originaire des Hautes-Alpes, Robert Jévodan passa son enfance à la caserne des Douanes de Marseille, où existait une forte activité politique et syndicale.

À quinze ans, en 1944, au lycée de Briançon, Robert Jévodan s’engagea dans l’Union des jeunesses républicaines de France (UJRF) proche du Parti communiste français. Il fréquentait le milieu résistant, très actif dans cette région.

Après son baccalauréat en 1947, il s’inscrivit en faculté de Droit et, pour payer ses études, devint surveillant d’internat dans un centre d’apprentissage à Toulon (Var). Il adhéra au syndicat CGT des centres d’apprentissage de 1947 à 1952. Il participa activement aux grèves de l’automne 1947, et militait également au PCF. De 1948 à 1952, il fut délégué des surveillants pour l’Académie de Marseille au syndicat CGT des centres d’apprentissage.

En 1951-1952, il fit son service militaire qu’il finit comme sous-lieutenant.

De novembre 1952 à juin 1955, il fut inspecteur-élève des Douanes à Paris, où il finit sa licence en Droit. Il n’avait alors aucune activité syndicale ou politique. Il fut affecté, en 1955, au bureau des Douanes de Paris-La Chapelle, où il organisa la première grève comme délégué CGT de son bureau, qui comptait 150 douaniers. De 1956 à 1964, Robert Jévodan fut secrétaire de la section parisienne du Syndicat national des douanes « sédentaires » (services des opérations commerciales) où la CGT était très minoritaire, avec 200 membres sur environ 4 000 agents. Il travaillait en liaison avec le syndicat CGT des douanes « actives » (c’est-à-dire les brigades en uniforme) qui rassemblait 80 % du personnel, face au syndicat FO des douanes sédentaires très majoritaire. Le seul permanent du syndicat national des douanes sédentaires CGT était alors François Paoli*, qui venait de la CFTC.

Robert Jévodan fut aussi membre du bureau de la section du PCF Chapelle-Goutte d’Or jusqu’en 1960, date à laquelle il fut muté au bureau de Paris-Gare du Nord. En 1957, il fut délégué au Festival de la jeunesse à Moscou, au titre des fonctionnaires CGT. L’année suivante, il participa avec des cheminots à la création du Comité de défense de la République en gare de Paris-La Chapelle.

En 1961, les deux syndicats CGT des douanes fusionnèrent et Robert Jévodan devint membre non permanent du bureau du Syndicat national des douanes. Puis, en juin 1964, il fut « mis à disposition » comme permanent du syndicat national, en gardant son traitement de fonctionnaire. Il resta membre du PCF, avec une activité politique réduite, mais passa toutefois un mois à l’école centrale du parti, en 1967.

De 1965 à 1968, Robert Jévodan fut aussi membre du bureau de la Fédération CGT des Finances, dont le seul permanent était René Bidouze. En mai-juin 1968, élu permanent fédéral, il participa aux négociations avec M. Debré, M. Couve de Murville et J. Chirac, ainsi qu’avec la direction du personnel du ministère. Lorsque René Bidouze devint secrétaire général de l’Union générale des fédérations de Fonctionnaires (UGFF) en 1970, il fut remplacé comme secrétaire général de la Fédération des Finances par Michel Bonicel, qui devait démissionner en 1975 pour raisons de santé. En décembre 1975, Robert Jévodan devint alors secrétaire général de la Fédération des Finances. Les divergences entre l’UGFF et la Fédération des Finances étaient quasi « congénitales », la première revendiquant une direction cohérente de l’ensemble des fonctionnaires et la seconde souhaitant conserver une large autonomie, considérant l’UGFF comme une structure surajoutée à la structure statutaire en fédérations. Ces luttes de pouvoirs furent une constante dans l’histoire syndicale de la fonction publique, quelles que soient les confédérations…

En 1978, Robert Jévodan fut élu à la commission exécutive confédérale du 40e congrès et, l’année suivante, il fit partie d’une délégation syndicale à Moscou et en Géorgie, au titre de l’UGFF, avec Thérèse Hirszberg. Après l’entrée de l’Armée rouge en Afghanistan, Robert Jévodan ne reprit pas sa carte du PCF en 1980.

Au printemps 1980, il abandonna ses fonctions de secrétaire général de la Fédération des Finances et revint dans les services de l’administration, mais il demeura membre de la commission exécutive confédérale jusqu’en 1982. Ses positions contestataires avec une dizaine d’élus minoritaires sur 80, notamment sur les événements en Pologne et en Afghanistan, étaient conformes à celles du bureau fédéral et correspondaient à la volonté d’ouverture du 40e congrès confédéral – orientation qui sera confirmée par la suite, selon Robert Jévodan.

Nommé inspecteur principal à Paris de 1982 à 1986, il continua de militer au Syndicat national des douanes. Il fut nommé receveur à Reims de 1986 à 1990 et, après sa retraite comme directeur adjoint des douanes, il resta membre de la commission des retraités de son syndicat et de sa fédération.

Robert Jévodan était chevalier de la Légion d’honneur, à titre syndical.

Il s’était marié le 21 février 1952 à Marseille avec Pauline Napoleoni.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88769, notice JÉVODAN Pierre, Robert par Jeanne Siwek-Pouydesseau , version mise en ligne le 20 août 2010, dernière modification le 8 septembre 2010.

Par Jeanne Siwek-Pouydesseau

SOURCES : Document biographique de R. Jévodan, daté de 1995, et témoignage de l’intéressé en 2009. — Dominique Labbé et Jacques Derville, La syndicalisation en France depuis 1945, Annexe : Entretiens avec…, Cerat, Grenoble, 1995. — État civil.

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