HESPEL Pierre, Charles, Albert

Par Gilles Morin

Né le 27 juin 1925 à Roubaix (Nord), mort le 26 juin 2003 à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) ; ouvrier du bâtiment ; résistant déporté ; militant socialiste, communiste puis des Nouvelles gauches du Nord puis de Paris ; membre du bureau national de l’UGS.

Pierre Hespel joua un rôle important dans la résistance dès l’âge de quinze ans. Maurice Cuvillon, ancien secrétaire des Jeunesses socialistes du Nord devenu cheville ouvrière de Libération-Sud le recruta avec d’autres jeunes socialistes de sa région pour renforcer les services de direction du mouvement. Avec une dizaine d’autres militants âgés généralement de vingt à vingt-trois ans, ils partirent pour Lyon, fin 1942. Hespel, alors baudet maçon, le plus jeune du groupe devint agent de liaison principal de la direction nationale du Mouvement de Libération Sud puis des MUR, agent personnel de Pascal Copeau depuis décembre 1942 jusqu’à son arrestation le 28 juillet 1943. « Fonceur, enthousiaste, ce militant ouvrier accompli rempli ses fonctions à la perfection » a pu écrire Laurent Douzou. Le groupe fut arrêté en juillet 1943, à l’exception de trois membres. Il fut interné à la prison Saint-Paul à Lyon, transféré ensuite à la prison centrale d’Eysses, où participa activement à la révolte du 19 février 1944 et fut déporté à Dachau dans le train du 18 juin suivant.

Pour son action, il se vit décerner la médaille militaire et la croix de guerre avec Palmes, le 12 octobre 1946.

Devenu communiste en détention, à son retour de Dachau, Pierre Hespel fut élu au comité national des Jeunesses communistes et responsable de l’Union des Jeunesse républicaine de France du département du Nord. Responsable de la première brigade de jeunes français qui, en 1946, participa à la construction de la voie ferrée Bako-Banovici en Yougoslavie, il fut exclu du PCF en 1949 pour avoir refusé de dénoncer le « titisme ». Redevenu maçon, il aurait alors subi plusieurs tentatives de meurtre sur des chantiers, selon Gabriel Enkiri. Embauché aux usines Renault en 1951, il fut licencié en 1952 pour fait de grève. En 1958, il était délégué CGT du personnel et du comité d’entreprise de son chantier à Vitry. Il y mena des campagnes contre la guerre d’Algérie.

Hespel participa ensuite à l’aventure des Nouvelles gauches. Dans Le Libérateur du 4 septembre 1955, il dénonça l’arrestation de Pierre Morain* (membre du CAGI). Il appartenait à la commission exécutive de la Nouvelle gauche en janvier 1957. Après la fusion de la Nouvelle gauche et du MLP, il fut désigné au bureau national de l’UGS en décembre 1957, jusqu’en mars 1959, étant chargé de l’action politique dans les entreprises. Il fut candidat de l’UGS à l’élection législative partielle du 16 mars 1958, dans le deuxième secteur de la Seine.

Militant PSU à partir de la formation de ce parti en avril 1960, animateur de la tendance “socialiste révolutionnaire” du PSU, Pierre Hespel fut arrêté en février 1961 et inculpé d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État. Il participa au mouvement Jeune résistance, dont il fut secrétaire, qui soutenait les déserteurs et les insoumis, à côté du réseau Jeanson. Arrêté en 1960 avec trois membres de ce réseau, jugé par un tribunal militaire en 1961, il fut acquitté. Il fut de nouveau candidat PSU, suppléant de Claude Bourdet dans la Seine en novembre 1962. Il évolua alors dans le sillage de l’extrême gauche non trotskyste en jouant volontiers de son appartenance au monde du bâtiment.

Très actif dans le mouvement de mai-juin 1968, il tenta de s’appuyer sur les comités d’action et les structures gauchistes non alignées sur les organisations pour présenter sa candidature aux élections présidentielle de 1969. Est-ce l’idée même de la participation à une élection présidentielle ou le profil ouvriériste, basiste, du candidat à la candidature ? Cette idée ne reçut pas un grand écho, au moment où la candidature d’Alain Krivine s’imposait dans le camp trotskyste. S’étant retiré de la vie politique, il vécu en ermite durant ses dernières années de vie.

Il décéda le 26 mars 2003 à l’âge de soixante-dix-sept ans et fut incinéré au Père-Lachaise. Il s’était marié le 31 mars 1960 à Paris (XVe arr.) avec Hanna Katzenstein avec laquelle il eut un fils, Olivier, né en 1964, et dont il divorça en 1970.

Anne Querrien (militante du 22 Mars) fut sa compagne et la mère de ses deux autres fils, David (1976) et Michael (1979).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88809, notice HESPEL Pierre, Charles, Albert par Gilles Morin, version mise en ligne le 22 août 2010, dernière modification le 26 novembre 2019.

Par Gilles Morin

SOURCES : Tribune du Peuple, 14 décembre 1957 et 1er mars 1958. — Directives, n° 2, 20 janvier 1958. — Profession de foi, élections législatives partielles de 1958. — Tribune socialiste, 4 février 1961. — Les élections législatives 1962, La documentation française. Notes de Michel Lequenne. — Fichiers adhérents du PSU. – Jean-Claude Einaudi, Franc-tireur ; Georges Mattéi, de la guerre d’Algérie à la guérilla, Paris, Ed. du sextant, 2004. — F. Marco et alii, Dictionnaire historique de la Résistance, Bouquins, 2006, Paris, notice de Laurent Douzou, p. 444. — Le Monde, 3 juillet 2003. — État civil. — Livrets de famille et notes de Anne Querrien.

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